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lundi 7 juillet 2014
Au Royaume-Uni, les campagnes d’abattage massif des blaireaux n’ont qu’un effet très limité sur la propagation de la tuberculose bovine. Selon une étude de modélisation publiée mercredi 2 juillet dans la revue Nature, il faut avant tout se concentrer sur les élevages, quitte à les sacrifier dans leur intégralité au moindre cas détecté.

Dans un pays réputé pour son amour des bêtes, l’abattage de blaireaux mené en 2013 dans les comtés du Gloucester et du Somerset (sud-ouest de l’Angleterre), bien que sous forme d’expériences «pilotes», a  fait assez peu d’heureux. Rendu public en avril, un bilan de ces campagnes, qui visait à tuer 70% des individus, s’est avéré négatif, avec des doutes aussi bien sur l’efficacité que sur l’absence de souffrance animale. Si bien que le gouvernement a pour l’instant renoncé à étendre l’expérience.

Objectif affiché de ces battues: lutter contre la tuberculose bovine, maladie réapparue en force au Royaume-Uni au début des années 2000. Car si d’autres animaux sauvages, tels le sanglier, le cerf, le chevreuil et le renard, peuvent véhiculer la maladie, le blaireau est celui chez qui la prévalence de la maladie est la plus élevée.

Face aux 26.000 bovins abattus en 2013, pour un coût de 100 millions de livres (soit 126 millions d’euros), la peau du mustélidé ne pèse pas lourd au Royaume-Uni. Or l’étude publiée dans Nature jette un sérieux doute quant à l’efficacité de cette tuerie.

Les blaireaux, un facteur assez marginal

Menée par Ellen Brooks-Pollock, de l’université de Cambridge, et ses collègues, cette modélisation mathématique révèle que 84% des cas de tuberculose s’expliquent par les échanges de bovins entre élevages. Au fond, rien de bien étonnant: 30.000 de ces bêtes sillonnent quotidiennement les routes britanniques. De plus, le test de dépistage actuellement employé, dit «test à la tuberculine», est peu sensible et laisse échapper de nombreux faux-négatifs.

Selon les chercheurs, la propagation à l’ensemble d’un élevage s’explique par trois principaux facteurs: l’arrivée dans un élevage d’une bête infectée, une transmission par l’environnement (que ce soit par la faune sauvage ou par les fermes environnantes), l’échec du test à dépister un animal infecté.
Or éliminer un seul de ces facteurs n’aurait que peu d’impact préventif: éviter toute transmission par l’environnement, donc par la faune sauvage, ne réduirait ainsi que de 15% le nombre d’élevages infectés. Et limiter la transmission locale de 50%, ce qui est l’effet attendu d’une campagne d’abattage des blaireaux, n’aurait même aucun effet significatif. Voilà qui met sérieusement en doute la stratégie du gouvernement.

Selon les chercheurs, la seule mesure qui vaille consisterait à porter toute l’attention sur les élevages, en abattant immédiatement ceux où un individu est dépisté positif. Il n’est pas certain que la mesure enchante plus les défenseurs des animaux. Encore moins les éleveurs: une mesure aussi drastique équivaudrait à abattre 20 fois plus de bêtes la première année –ce qui demeure bien en-deçà des 6,2 millions de bêtes sacrifiées lors de l’épidémie de fièvre aphteuse de 2001.

En charge du département de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (DEFRA), George Eustice a déclaré au Guardian «ne pas accepter les conclusions du papier, car il n’explore pas toutes l’ensemble des voies par lesquelles la tuberculose se répand» . Selon lui, les propositions des auteurs «entraîneraient la fin de l’élevage et de l’industrie laitière de ce pays».

«La tuberculose bovine dévaste déjà les fermes: en plus du dépistage, du retrait des animaux infectés, des mesures de biosécurité, de la vaccination, du contrôle des échanges entre élevages, l’abattage de blaireaux permettra de reprendre le contrôle de cette maladie», espère le ministre.

En France, un nettoyage ciblé

A la différence du Royaume-Uni, la France demeure «officiellement indemne» de la tuberculose bovine. Obtenu en 2001, ce statut signifie que moins de 0,1% de ses élevages sont touchés chaque année. Mais il n’est pas impossible qu’elle le perde, notamment en raison de quelques départements aux tendances inquiétantes.

Un réseau de surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage a été mis en place en 2011, Sylvatub. Son objectif: surveiller la prévalence de tuberculose bovine chez plusieurs espèces (sangliers, cerfs, blaireaux), de manière plus ou moins serrée selon que le département se situe au niveau 1, 2 ou 3. Selon une liste réactualisée en janvier par la direction générale de l’alimentation (DGAL), les principales zones à risque demeurent la Côte d’Or, le sud-ouest, les Ardennes et la Marne, l’Eure et la Seine-Maritime.

Bien moins touchée que le Royaume-Uni, la France n’en est pas à décréter le massacre de blaireaux sur des régions entières. Mais des piégeages y ont bien lieu: dans les départements de niveau 2, il est ainsi prévu de piéger et d’analyser 15 blaireaux à proximité immédiate des élevages infectés.

Dans les départements de niveau 3, la zone de surveillance va jusqu’à 2 km autour des élevages infectés, avec une centaine d’individus à piéger et analyser. La DGAL y prévoit même «la suppression des familles de blaireaux en milieu infecté afin de prévenir le risque de diffusion de la tuberculose dans cette espèce et de constitution d'un réservoir».

En mars dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiait les résultats d’une étude confirmant une corrélation entre infections du sanglier et foyers de la maladie dans les élevages bovins.

«D’après les résultats d’autres études (…), la faune sauvage (sangliers, cerfs, blaireaux) pourrait être un réservoir de tuberculose bovine en France. Cependant, il n’a pas été démontré aujourd’hui qu'il s'agit du facteur d’émergence de la maladie dans la faune domestique», indiquait l’Anses. A ce jour, aucun animal sauvage infecté n’a été découvert dans un département sans élevage bovin touché.

Les auteurs n’ont en effet pas étudié l’impact particulier des blaireaux, mais le facteur environnement, qui comprend le rôle de la faune sauvage.

Source © Romain Loury / journal de l'environnement

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