...

lundi 3 novembre 2014
Après un hiver très sec, les nappes phréatiques sont au plus bas au Liban. Faute d’une quantité suffisante d’eau distribuée par l’État, les Libanais creusent leurs propres puits.

Selon l’ONU, les réserves en eau douce de la région devraient diminuer de 50 % d’ici à 2050.

« L’hiver dernier, il n’a pas plu une goutte sur le Liban. Si bien que depuis février, je fais remplir ma cuve d’eau au moins une fois par semaine, déplore Gloria, une Beyrouthine obligée d’avoir recours aux compagnies privées. L’État ne distribue de l’eau que trop rarement. Nous sommes cinq à la maison, comment faire autrement ? »

Depuis le printemps, les rues de la capitale libanaise sont le théâtre de l’étrange ballet de camions-citernes. Une cuve de mille litres (qui dure quelques jours) revient à 10,30 €, alors que la facture annuelle du réseau public s’élève à 150 €.

LA NAPPE PHRÉATIQUE DU LIBAN, UN TRÉSOR PILLÉ QUOTIDIENNEMENT

Depuis les Ottomans, le Liban a la réputation d’être le château d’eau du Proche-Orient. Une réputation justifiée, mais qui pourrait bientôt faire partie du passé. Selon la FAO (Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture), les réserves en eau douce de la région devraient diminuer de 50 % d’ici à 2050.

Le phénomène n’est pas nouveau et ne fait que s’accélérer depuis 1990. Selon le CNRS libanais, les précipitations ont chuté de 16 % depuis 1960, tandis que le débit des rivières libanaises a été divisé par deux sur la même période.

L’hiver 2013 a donc été très sec. « Je suis inquiet car en météo, il est très rare qu’une année anormalement sèche soit suivie d’une année abondante, explique Roland Riachi, chercheur et professeur d’écologie politique de l’eau à la faculté d’agronomie de l’Université américaine de Beyrouth. Habituellement, nous observons des cycles de trois à cinq ans. La nappe phréatique du pays – notre trésor – ne s’est pas rechargée, et sa surexploitation est hallucinante. »

80 % DES PUITS DE PARTICULIERS SONT ILLÉGAUX

Selon Roland Riachi, 500 millions de mètres cubes d’eau alimentent la nappe phréatique annuellement alors que le Liban en consomme 750 millions.

« Personne ne semble s’intéresser à ce problème vital, regrette le chercheur. Et ce n’est pas le seul. Aujourd’hui, environ 80 % des postes à pourvoir dans la gestion de l’eau (ingénieurs, techniciens…) ne sont pas renouvelés. Sans compter la vétusté du réseau de distribution qui occasionne 50 % de pertes. Au Liban, la gestion de l’eau a été confisquée au profit des petites concessions privées. Ce qui ne peut aboutir à terme qu’à une privatisation du secteur de l’eau. »

Le plus grand symbole de ce phénomène est donc le développement de compagnies privées de distribution, et l’augmentation exponentielle du nombre de puits privés. Il existe 647 puits gérés par l’État, et… 50 000 par des particuliers (dont 80 % sont illégaux).

« NOUS SUREXPLOITONS NOTRE NAPPE POUR SATISFAIRE DES MARCHÉS EXTÉRIEURS »

Au quotidien, cela devient compliqué à la fois pour les particuliers et pour les professionnels, surtout dans le domaine de l’agriculture (60 % de la consommation totale). Dans la plaine de la Bekaa, la situation devient catastrophique.

Sébastien Khoury, vigneron et propriétaire du Domaine de Baal, tire la sonnette d’alarme. « La nappe phréatique a énormément baissé, mais aucune mesure n’a été prise. Au contraire, la seule solution proposée par l’État est de délivrer des licences pour creuser de nouveaux puits – jusqu’à 300 ou 400 m, là où l’on pompait habituellement à 20 m de profondeur – ce qui ne fera que baisser davantage le niveau de la nappe. »

La gestion de l’eau destinée à l’irrigation et le choix des cultures laissent les professionnels également perplexes. « Il faut revoir la politique de subvention des grands propriétaires terriens ainsi que les priorités données par la Banque mondiale aux projets pharaoniques des barrages, souligne Riachi. Ce sont surtout les gros producteurs de fruits qui en profitent alors que ce sont les tout petits propriétaires qui devraient être privilégiés. Dans la réalité, notre eau part dans les pays du Golfe sous forme de fruits et légumes. Le Liban, par exemple, produit trois fois ses besoins en laitue. En cinquante ans, la surface de terres irriguées a triplé (de 40 à 120 000 hectares). Nous surexploitons notre nappe pour satisfaire des marchés extérieurs. À long terme, c’est une question de vie ou de mort. »

Source © La Croix

0 commentaires:

Rejoignez Nous

Recevez nos articles par mail

...

Activité solaire/champ magnetique

Solar X-rays:

Geomagnetic Field:
>
Status
Status
 

Derniéres Actualités

ARTICLES LES PLUS RÉCENTS :

Rechercher dans ce blog

Membres

Annonces

annonces

Libellés/Tags

Alerte (4887) pollution (1059) inondation (541) Oceans (507) Hecatombes animales (474) Rechauffement (440) seisme (374) Insolite (348) rivieres (348) legislation (337) biodiversité (332) air (268) maree noire (260) eau (250) climat (237) Santé (233) deforestation (210) Extinction (201) volcan (197) intemperie (190) incendie (188) Mysteres (184) nucleaire (174) Eruption (172) Bilan (161) agriculture (159) justice (159) Mobilisation (157) La honte (155) Tempete (153) Pesticide (147) ce qu'on vous dit pas (147) gaz de schiste (146) bonnes nouvelles (145) conservation (128) secheresse (122) Tornade (109) accident (107) manifestation (102) Coup de chapeau (100) OGM (100) glissement de terrain (99) invasion (95) Typhon (90) evacuation (90) CO2 (89) coup de gueule (87) meteo (76) virus (72) Alergie (71) surpeche (65) catastrophe (62) sante (59) cyclone (54) economie (54) lac etang (53) famine (52) Evenement (51) chimique (50) contamination (50) Coup de coeur (49) record (48) vague de froid (47) cause animale (46) canicule (45) corruption (42) construction (40) Ouragan (38) appel (36) appel a l'aide (35) neige (35) surconsommation (35) Urgence (34) lac étang (34) sols (33) Intoxication (32) braconnage (31) epidemie (31) abeilles (30) alimentation (30) soleil (29) grippe aviaire (28) penurie (28) Orage (26) consommation (24) protection (24) pollution hertzienne (23) No comment (22) Scandale (22) pénurie (22) algues vertes (21) incroyable (21) vague de chaleur (21) acidification (20) Nitrate (19) PCB (19) science (19) biocarburant (18) decouverte (18) Tsunami (17) eutrophisation (16) algues rouges (15) censure (15) chikungunya (15) pollution sonore (15) Agenda (14) dechets nucleaires (14) energie renouvelable (14) sables bitumineux (14) ebola (13) elevage (13) gaspillage (12) ozone (12) clin d'oeil (11) mousson (11) petitions (11) politique (10) avalanche (9) Etat d urgence (8) grêle (8) incident (8) restriction (8) sauvegarde (8) Trombe (7) radiation (7) Chasse (6) Décontamination (6) Methane (6) industrie (6) crime (5) herbicides (5) hommage (5) mal-bouffe (5) plateforme (5) pollution plastique (5) techniques nouvelles (5) alimenation (4) dechets (4) disparus (4) geoingenierie (4) magnetisme terrestre (4) perturbateur endocrinien (4) proces (4) animal (3) cop21 (3) espoir (3) glaciers (3) journée mondiale (3) silence (3) verglas (3) Eureka (2) Géopolitique environnementale (2) Nouvelles technologies (2) ah bon... (2) amiante (2) conflis (2) crue (2) cyanobacteries (2) dengue (2) eclipse (2) espace (2) gag (2) malbouffe (2) poisson (2) projet de loi (2) pétrole (2) recolte (2) sinkhole (2) violence (2) zad (2) Elevage intensif (1) Finance (1) ONG (1) Recherche (1) Tempête (1) Toxique (1) Tristesse (1) commerce (1) consultation public (1) contribution (1) effet d annonce (1) extrane(l)us (1) fuite (1) greenwashing (1) infraction (1) initiative (1) inovation (1) intempérie (1) maree (1) massacre (1) météo (1) naufrage (1) peche (1) police (1) pollution interieur (1) pollution lumineuse (1) prétexte (1) requin (1) saisi (1) sanitaire (1) securite (1) semences (1) semences paysannes (1) séisme (1) trafic (1) victoire (1) zika (1)
Fourni par Blogger.