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mardi 25 novembre 2014
Les microalgues dont se nourrissent les coquilles Saint-Jacques sont infectées par intermittence. Les pêcheurs de Brest et de Douarnenez restent à quai. Après deux ans difficiles la Basse Normandie s’estime épargnée.

Y aura-t-il assez de coquilles Saint-Jacques à Noël? 

Les menaces sur les huîtres sont connues, moins celles touchant les coquilles, mais l’inquiétude se fait sentir sur les pontons bretons et haut-normands. La capture par dragage de la Manche à l’Atlantique a démarré en octobre pour certaines zones et s’effectue à partir de décembre pour d’autres. 

Depuis des siècles elle se concentre sur les mois en «r» et, pour préserver la ressource au fil des ans, les professionnels ont appris à gérer les quantités pêchées en découpant leur territoire en de multiples zones. 

Mais, depuis quelques années, la présence par intermittence d’une toxine dans les micro-algues (Pseudo-nitzschia) dont se nourrissent les coquilles perturbe le travail des pêcheurs. Les coquilles deviennent impropres à la consommation et donnent des troubles intestinaux.

La Bretagne touchée

L’Ifremer a effectué une série de prélèvements à Brest, «la pêche dans la rade y est actuellement interdite, la période de décontamination pourrait prendre plusieurs semestres», indique Claude Le Bec, responsable de la station de Concarneau. La baie de Douarnenez est également touchée. 

Au large de l’île de Glénan, les prélèvements sont meilleurs, l’ouverture est probable la semaine prochaine. 

Pour Brest, une cinquantaine de bateaux sont privés de capture. «Le manque à gagner est important, puisque la pêche par saison est de l’ordre de 350 tonnes», indique Joël Le Gall, du Comité des pêches du Finistère. Les bateaux sortent quand même, ils se rabattent sur la pêche aux pétoncles noires et aux praires.

Un programme de recherche nommé Comanche associe l’Ifremer à l’université de Caen et son homologue de Bretagne occidentale. La Phytochip, une biopuce à ADN, a été développée pour permettre de détecter les microalgues. Le réchauffement de l’eau et «l’enrichissement du milieu» par l’intensification urbaine sont les premiers accusés.

Un problème d’autant plus complexe que la production est de l’ordre de 17.000 tonnes par an, «quand nous étions à plus de 20.000-25.000 tonnes il y a une vingtaine d’années», insiste Spyros Fifas, le «monsieur Coquille-Saint-Jacques» de l’Ifremer. Résultat, les prix sont en hausse. 

«Dans la baie de Saint-Brieuc, dit à son tour, Alain Coudray, le président du comité départemental des pêches des Côtes-d’Armor, le kilo est actuellement vendu 2,63 euros sous criée contre 2,20 euros l’an passé.» Le professionnel est satisfait, car les 208 bateaux qui possèdent une licence vont pouvoir se partager cette année 3.550 tonnes de coquilles contre 3.000 tonnes l’an passé. «Nous effectuons un suivi scientifique de la ressource depuis près de quarante ans, nous sommes les seuls en Europe à réaliser cette évaluation qui pérennise notre activité », continue Alain Coudray. Les temps de pêche sont très réglementés par séquences journalières de seulement quarante-cinq minutes, et gare aux contrevenants, car les Affaires maritimes veillent par mer et par air

Coquilles plus chères en Basse Normandie

Toutes les côtes ne sont pas égales face à la crise de la coquille. Au large du Calvados et de la Manche, la pêche bat son plein depuis le 1er octobre. «On ne manquera pas de coquilles à Noël», promet Dominique Lamort, spécialiste de la qualité au sein de Normandie Fraîcheur Mer (NFM), le groupement qualité des marins pêcheurs, criées et mareyeurs de Basse-Normandie. 

«Il y a moins de coquilles, nous sommes dans une année moyennement basse, mais ce n’est pas la pénurie» explique-t-il. Selon l’Ifremer, les ressources, c’est-à-dire les coquilles présentes au fond pour la seule baie de Seine, entre Le Havre et Cherbourg, dont l’ouverture aura lieu le 1er décembre, estimées l’an dernier à 17.000 tonnes, ne seraient que de 6.000 tonnes pour cette saison.

Au large des côtes normandes (60% des volumes pêchés en France, soit traditionnellement plus de 10.000 tonnes), la pêche à la coquille Saint-Jacques est organisée avec trois ouvertures décalées. Elle représente un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. «La coquille est belle, de grosse taille, mais avec des prix plus importants que l’an passé», poursuit le spécialiste. Les premiers prix se situent entre 3,50 et 3,80 euros le kilo, atteignant même les 4,50 euros le kilo sous criée. Soit de 1 euro à 1,50 euro de plus par rapport à l’an dernier.

Touchée en début de campagne par la toxine DSP, moins dangereuse que l’ASP, la coquille bas-normande semble échapper à la contagion. «L’épisode de l’ASP, qui a touché notre région ces deux dernières années, est fort heureusement derrière nous. Pour la toxine DSP, une seule petite zone est encore concernée sur les 17 zones que comprend notre périmètre de pêche», ajoute Arnauld Manner, directeur de NFM. 

Le 1er décembre prochain s’ouvrira la troisième et dernière zone de pêche, celle en baie de Seine, c’est-à-dire au plus près des côtes normandes. Zone très protégée et très réglementée, c’est là que, dit-on, se pêchent les plus belles coquilles Saint-Jacques. Les coquilles ne peuvent pas être produites n’importe où en mer. Elles réclament des fonds marins sablonneux ou formés de vase. 

Pour aider au repeuplement des zones, l’Ecloserie du Tinduff, basée à Plougastel-Daoulas dans le Finistère, outil unique en Europe, produit chaque année 10 millions de naissains.

Pas de pêche à la coquille Saint Jacques en Charente-Maritime

Pas de coquilles Saint-Jacques charentaises dans les assiettes pour Noël. Le mois dernier le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins a annulé la campagne en raison d’une faiblesse de la ressource. 

«Les campagnes de prospection ont montré qu’il n’y avait pas assez de coquilles et qu’elles étaient trop petites. Il fallait être raisonnable», explique Michel Crochet, le président du comité.

Au port de La Rochelle cette activité concerne 85 bateaux, sans compter la trentaine de navires des Sables-d’Olonne pour un chiffre d’affaires d’environ 3 millions d’euros. Chacun emploie 3 personnes et pour certains «la coquille Saint-Jacques représente un quart de l’activité», estime Michel Crochet. Quant à la substitution d’autres activités à la coquille Saint-Jacques, comme la sole, elle se heurte à l’obstacle des quotas de pêche. 

La coquille Saint-Jacques pourrait être victime d’une bactérie qui a déjà touché en début d’année les moules cultivées dans la baie de l’Aiguillon. «Il y a de fortes présomptions pour que l’on ait une conjonction de différents facteurs comme une dessalure de l’eau de mer, liée aux fortes pluies, rendant la coquille soudain vulnérable à cette bactérie, par ailleurs présente dans l’environnement», explique Cédric Hennache, chargé d’études halieutiques au centre régional d’expérimentation et d’application aquacole.

Les pêcheurs ciblent d’abord la pollution et demandent des indemnités à l’Etat. 

Le Conseil régional de Poitou-Charentes propose de reconduire le dispositif de prêt garanti, déjà mis en place pour les mytiliculteurs et permettant d’attendre le versement des indemnités liées au statut de calamité naturelle. «Il s’agit d’une logique d’accompagnement entrepreneuriale qui peut être mise en place immédiatement», explique Jean-François Macaire, le président du conseil régional. Les pêcheurs veulent davantage et notamment le financement par les pouvoirs publics de la future campagne de réensemencement, qui va consister à déverser 1 million de coquilles juvéniles. 


Source © FRANK NIEDERCORN / Les echos

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