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jeudi 18 mars 2021

 

Près d’un mois d’enneigement a été perdu dans l’ensemble des Alpes en basse et moyenne altitude depuis un demi-siècle, affirme une étude publiée jeudi, la première à évaluer le massif européen dans son ensemble.

Entre 1971 et 2019, la période durant laquelle il y a de la neige au sol chaque hiver s’est réduite en moyenne de 22 à 34 jours dans les Alpes, en-dessous de 2.000 mètres d’altitude, estiment une trentaine de chercheurs signataires de l’article dans la revue The Cryosphere.

Cette étude permet de « donner une vision d’ensemble des tendances climatiques de l’enneigement », explique Samuel Morin, cosignataire et directeur du Centre national de recherches météorologiques (Météo France/CNRS).

La baisse constatée de la neige en montagne est une « tendance de fond, qui vient confirmer les études précédentes », réalisées à des niveaux locaux ou nationaux. « On dispose vraiment d’une analyse globale de l’enneigement à l’échelle de l’ensemble des Alpes », résume ce chercheur.

Pour calculer ces estimations, les scientifiques ont rassemblé et uniformisé des données d’observation très disparates, venues de 2.000 stations météo de six pays (Italie, France, Allemagne, Autriche, Slovénie, Suisse), pour constituer une base de données homogène.

– C’est « le réchauffement qui joue » –

Leur constat est clair : l’enneigement se réduit dans les Alpes. Le nombre de jours entre les premières neiges de novembre-décembre et la fonte du printemps ne cesse de s’amenuiser, d’environ 5 jours par décennie en dessous de 2.000 mètres d’altitude.

Et, quand il y a de la neige, il y en a moins: sur l’ensemble de la saison, la hauteur de neige moyenne entre 1.000 et 2.000 mètres d’altitude dans le nord des Alpes a baissé de 2,8 cm par décennie.

Cette baisse est plus marquée dans le sud de l’arc alpin : les chercheurs y estiment la baisse à 4,1 cm par décennie.

Cette lente érosion peut s’expliquer par un effet ciseau : d’un côté, des mêmes précipitations hivernales apportent plus de pluie que de neige qu’auparavant, ce qui réduit la constitution du manteau neigeux ; de l’autre, ce dernier fond plus rapidement.

« Tout porte à croire » que cette dynamique de long terme – qui gomme de fortes variations d’une année sur l’autre – est causée par le réchauffement climatique, même si la recherche des causes n’est pas l’objet de l’étude.

C’est « avant tout le réchauffement qui joue », estime Samuel Morin, ancien directeur du Centre d’étude de la neige de Météo France. Cette tendance est beaucoup moins nette pour les hautes altitudes, où il fait plus froid, précise-t-il.

« Quoi qu’on fasse en termes d’émission de gaz à effet de serre, on aura une réduction de l’enneigement à basse et moyenne altitude qui sera comprise entre 10% et 40% » d’ici à 2050, assure-t-il.

© AFP

mardi 16 mars 2021

 

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Geoscience, depuis 2015, les récentes sécheresses estivales en Europe sont bien plus sévères que toutes celles qui se sont produites depuis plus de 2 000 ans.

Une équipe internationale, dirigée par l'Université de Cambridge, a étudié les empreintes chimiques des chênes européens pour reconstruire le climat estival sur 2 110 années. Ils ont constaté que les sécheresses depuis 2015 se sont soudainement intensifiées.

Les récentes sécheresses estivales et les vagues de chaleur en Europe ont eu des conséquences écologiques et économiques dévastatrices. Elles vont continuer de s'aggraver à mesure que le climat mondial augmentera.

"Nous sommes tous conscients des étés exceptionnellement chauds et secs que nous avons subit ces dernières années, mais nous avions besoin d'analyses précises des conditions historiques pour mesurer ces changements en les comparant aux années précédentes", a déclaré le professeur Ulf. Büntgen du département de géographie de Cambridge, également affilié au CzechGlobe Center de Brno, en République tchèque. 

"Nos résultats montrent que ces cinq derniers étés secs sont anormales pour l'Europe centrale, en termes de sécheresse consécutive."

La plupart des études tentant de reconstruire les climats passés se limitaient à observer et analyser l'augmentation de la température, mais les isotopes stables dans les anneaux des arbres peuvent fournir des informations précises sur les changements hydroclimatiques sur de longues périodes.

L'équipe de chercheurs a étudié plus de 27 000 mesures de rapports isotopiques de carbone et d'oxygène de 147 chênes européens vivants ou déjà morts, échantillonnés sur une période de 2 110 ans; Les échantillons provenaient de vestiges archéologiques, de matériaux fossiles, de constructions historiques et d'arbres vivants de l'actuelle République tchèque et de certaines parties du sud-est de la Bavière.

Pour chaque anneau de croissance de chaque arbre, les chercheurs ont extrait et analysé indépendamment les isotopes de carbone et de l'oxygène, ce qui leur a permis de créer un ensemble de données très détaillé sur les conditions hydroclimatiques estivales en Europe centrale, de l'époque romaine à nos jours. 

"Ces isotopes stables des cernes nous procure une archive beaucoup plus précise pour reconstruire les conditions hydroclimatiques dans les zones tempérées", a déclaré le co-auteur, le professeur Jan Esper de l'Université de Mayence, en Allemagne.

"Dans les anneaux des arbres, les valeurs de carbone dépendent de l'activité photosynthétique, les valeurs d'oxygène sont affectées par l'eau . Ensemble, elles sont étroitement corrélées aux conditions des saisons de croissance", a déclaré le co-auteur, le professeur Paolo Cherubini de l'Institut fédéral de recherche WSL à Birmensdorf, en Suisse. .

Au cours des dernières 2110 années passées, les données sur les isotopes des cernes ont montré qu'il y eu des étés très humides, tels que 200, 720 et 1100 CE, et des étés très secs, tels que 40, 590, 950 et 1510 CE. Malgré ces «années hors du commun», les résultats montrent que depuis deux millénaires, l'Europe se dessèche lentement.

Cependant, les échantillons de 2015-2018 montrent que les conditions de sécheresse des étés récents dépassent de loin tout ce que les arbres ont subit depuis 2110 années: "Le dépérissement sans précédent de forêts dans une grande partie de l'Europe centrale corrobore nos résultats."

Les chercheurs affirment que les cinq derniers étés anormalement secs, sont probablement le résultat du réchauffement climatique anthropique; Nous pouvons affirmer que les conditions météorologiques extrêmes deviendront plus fréquentes, ce qui pourrait être dévastateur pour l'agriculture, les écosystèmes et les sociétés de l'Europe dans leur ensemble", a déclaré Büntgen.

© Nature Alerte




dimanche 22 novembre 2015
On estime que 1,7 million de personnes pourraient être touchées par les inondations en raison de fortes pluies qui s'abattent dans les pays de la région de l'Afrique de l'est cette année, a averti jeudi le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Le Kenya et la Somalie seront les plus touchés.

L'excès des pluies pourrait entraîner des déplacements et une incidence accrue des maladies transmissibles, a affirmé l'OCHA de la région de l'Afrique de l'est dans son dernier bulletin humanitaire publié à Nairobi.

Selon les données météorologiques, de grandes parties de la région de l'Afrique de l'est ont une chance de voir des précipitations au-dessus de la moyenne de 60% au cours des prochains mois.

Au cours des cinq derniers événements El Nino dans la région, soit une moyenne d'un million de personnes ont été touchées par des inondations.

"Avec le présent événement El Nino prévu d'être le plus puissant de l'histoire, il y a des graves préoccupations sur les inondations dans la région. A ce jour, quelques 90.000 personnes ont été touchées par les inondations uniquement en Somalie", a précisé l'agence de l'ONU.

L'agence onusienne a estimé précédemment que 32,1 millions de personnes en Afrique de l'est auraient besoin d'aide alimentaire d'ici début 2016, car le phénomène El Nino qui vient avec de fortes pluies ne ferait qu'aggraver la sécurité alimentaire dans les mois à venir dans la région.

Les gouvernements et les partenaires en Afrique de l'est sont en train de se battre fortement pour se préparer à atténuer l'impact des inondations. Des fournitures humanitaires et des bateaux sont pré-positionnés dans les zones inondables.

Les partenaires humanitaires travaillent avec les autorités locales et les dirigeants de la communauté pour renforcer la capacité de réponse locale, renforcer les digues fluviales et sensibiliser les masses.

Au Kenya, un groupe de travail national d'El Nino a été créé pour opérationnaliser le plan national d'urgence et activer un plan national de communication de masse.

Le phénomène climatique El Nino, caractérisé par un réchauffement dans l'océan Pacifique, est prévu de s'étendre au cours des mois à venir et va persister jusqu'à 2016. Lorsqu'El Nino se produit, le régime des précipitations se déplace, ce qui augmente le risque d'événements météorologiques extrêmes.

Par rapport aux inondations, la sécheresse a persisté dans des pays tels que le Soudan du Sud, le Soudan, l'Erythrée, Djibouti et surtout l'Ethiopie, où le nombre de personnes souffrant de l'insécurité alimentaire augmenterait de 2,9 millions de personnes au début de 2015 à une prévision de 15 millions de personnes au début de 2016, selon l'ONU.

La semaine dernière, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) a averti que 11 millions d'enfants sont à risque de la faim, des maladies et d'un manque d'eau en Afrique orientale et méridionale uniquement car El Nino exacerbe une sécheresse prolongée.




dimanche 15 novembre 2015
Il perdrait cinq milliards de tonnes par an. Un vaste glacier du nord-est du Groenland connaît une fonte accélérée ces dernières années sous l’effet du réchauffement climatique. Il risque ainsi de déstabiliser une autre grande calotte glaciaire voisine, révèle une étude jeudi.

Ce glacier, le Zachariae Isstrom, était stable jusqu’au début des années 2000 mais sa fonte, depuis, entraîne une disparition de sa partie qui flotte sur l’océan. Et le rythme de cette disparition a triplé depuis 2012, précisent les scientifiques, dont la recherche paraît dans la revue américaine Science.

« Avec de la chance, cela prendra plusieurs siècles »

Ainsi de 2002 à 2014, la plateforme flottante du glacier s’est réduite de 95 %. Ce recul rapide menace aussi de déstabiliser un autre grand glacier plus au nord, le Nioghalvfjerdsfjorden, encore protégé par une colline. « C’est la première fois qu’on voit un énorme glacier dans le nord du Groenland, une région froide qui jusque-là ne montrait pas de changement, qui se met à perdre de sa masse de manière accélérée », souligne Jérémie Mouginot, chercheur au département de géophysique de l’université de Californie à Irvine, principal auteur de cette étude.

« Le glacier a perdu 40 milliards de tonnes de glace depuis 2003 à raison de cinq milliards de tonnes par an et il pourrait doubler cette perte, voire davantage », estime ce scientifique, précisant que 40 milliards de tonnes équivaut déjà à une montée du niveau de la mer de 0,1 millimètre. Mais, « si les deux glaciers étudiés dans cette étude, qui représentent ensemble 12 % des glaces du Groenland, fondaient complètement, cela ferait monter les océans d’un mètre. Avec de la chance, cela prendra plusieurs siècles », ajoute le glaciologue.

« Le réchauffement de l’océan a probablement joué un rôle majeur »

Utilisant des mesures obtenues avec des observations aériennes et par satellites fournies par plusieurs agences spatiales dont la Nasa, ces chercheurs ont pu déterminer que le socle du glacier Zachariae Isstrom s’érode rapidement au contact des eaux plus chaudes de l’océan. La température de l’eau a augmenté de plus d’un degré Celsius entre 1997 et 2010.

« Le réchauffement de l’océan a probablement joué un rôle majeur pour déclencher le recul de ce glacier », pointe Jérémie Mouginot. Toutefois, « nous avons besoin de davantage d’observations et de mesures océanographiques dans ces zones sensibles du Groenland pour pouvoir faire des projections », estime-t-il.

Comme le montre cette nouvelle étude, le changement climatique érode de plus en plus des glaciers situés près du pôle Nord où il fait le plus froid, relève Jérémie Mouginot. « Si les températures du globe continuent à grimper, il y a un risque que des régions encore plus froides comme l’Antarctique de l’est se mettent aussi à fondre », craint-il.

Source © Le Monde














lundi 9 novembre 2015
Le record, datant pour certains de 1995 et pour d'autres de l'année dernière, vient d'être battu. Clermont a atteint 24.4°C samedi après-midi. 

On vous annonçait des températures au-dessus de saison. Selon l'observatoire français des tornades et vents violents (Keraunos), nous avons atteint samedi le record de chaleur en passant à 24.4°C samedi après-midi.

Si selon Keraunos le précédent record datait de l'an dernier (24.3°C), il était, selon Météo France, en réalité bien plus vieux (1955 !).



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Shanghai, Bombay, ou Hong Kong: sous l'effet du dérèglement climatique, de grandes villes sont vouées, à long terme, à partiellement disparaître sous les eaux, même si le monde parvient à limiter le réchauffement planétaire à 2°C, soulignent des chercheurs américains dans un rapport publié dimanche.

À + 2°C, le niveau des mers continuera à s'élever, pour couvrir des territoires aujourd'hui peuplés de 280 millions de personnes, pointe l'étude de l'institut de recherche Climate Central, publiée à trois semaines de la conférence sur le climat de Paris. Mais à +4°C, le phénomène concernerait plus de 600 millions d'habitants.

«Un réchauffement de +2°C représente une menace pour l'existence à long terme de nombreuses grandes villes et régions côtières», souligne Ben Strauss, un des auteurs.

Mais les mesures prises pour réduire rapidement et drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, qui dérèglent le climat et persistent dans l'atmosphère, feront malgré tout une différence: «nous avons encore devant nous un vaste éventail de choix», ajoute le chercheur.

Deux cents ans (ce qui est peu probable) ou 2000, il est difficile d'estimer la vitesse à laquelle la mer va monter, souligne l'étude.

En tout cas, si les émissions continuent sur leur lancée, entraînant un réchauffement de +4°C, le niveau des océans gagnera 8,9 m (chiffre médian), avance le rapport.

Avec un réchauffement à +3°C, qui est la trajectoire tracée par les promesses actuelles des États pour freiner les émissions, les mers monteraient de 6,4 m, couvrant des zones de plus de 400 millions d'habitants aujourd'hui.

À +2°C, la mer gagne 4,7 m (3 à 6,3 m), et on passe à environ deux fois moins de personnes affectées. A +1,5°C maximum, objectif réclamé par les pays les plus vulnérables comme les petits États insulaires, l'élévation reste à 2,9 m et encore moitié moins de population concernée (137 millions).

L'Asie en première ligne 

En terme de population, la Chine serait en première ligne: à +4°C, la montée des eaux concernerait un territoire aujourd'hui peuplé de 145 millions de personnes, un chiffre divisé par deux à +2°C, selon cette étude, qui ne tient compte ni de l'évolution démographique ni de la construction d'infrastructures comme des digues.

Parmi les autres pays particulièrement affectés: Inde, Bangladesh, Vietnam, Indonésie, Japon, États-Unis, Philippines, Égypte, Brésil, Thaïlande, Birmanie, Pays-Bas... Parmi les villes principales, Hong Kong, Calcutta, Dacca, Jakarta, Shanghai, Bombay, Hanoi, Rio, Buenos Aires, New York ou Tokyo.

Un lien sur le site de Climate Central permet de visualiser les impacts, par grande ville côtière.

Un premier diagnostic sur les États-Unis, paru en octobre dans les Comptes-rendus de la revue Académie américaine des sciences, promettait l'engloutissement de Miami et la Nouvelle-Orléans.

Les projections prennent en compte la dilatation de l'océan quand il se réchauffe, la fonte des glaciers mais aussi la dégradation des calottes du Groenland et de l'Antarctique, irréversible au-delà d'un certain seuil.

D'une région à l'autre, cette élévation ne sera pas égale: «Dans la plupart des cas, elle peut se traduire en centimètres par siècle, mais les deltas et les zones urbaines» sont plus vulnérables, notamment parce qu'ils sont moins protégés par les sédiments.

L'étude se base notamment sur des données satellitaires sur les niveaux océaniques.

Plusieurs chercheurs contactés par l'AFP ont souligné sa validité.

«Il y a quelques erreurs par endroits, mais c'est le mieux qu'on puisse faire avec les données disponibles publiquement», estime Steven Nerem, de l'université du Colorado, qui a analysé la méthodologie de l'étude.

Jean-Pascal van Ypersele, du groupe international d'experts sur le climat (GIEC), évoque pour l'AFP «une étude solide».

Pour l'océanographe Ben Marzeion de l'université de Brême (Allemagne), l'étude montre que «le report de mesures peut faire peser un incroyable fardeau sur de très nombreuses générations à venir».

Depuis la Révolution industrielle, le monde a gagné 0,8°, un rythme inédit généré par les gaz issus pour l'essentiel des énergies fossiles. La communauté internationale s'est fixé l'objectif de rester sous les +2°C au total, et doit se retrouver le 30 novembre à Paris pour tenter de sceller un pacte universel permettant d'y arriver.

Ben Strauss, co-auteur de l'étude, veut croire qu'il sera «possible de changer, l'économie comme la politique»: «Certaines réunions historiques ont dessiné des frontières territoriales. La COP de Paris affectera la frontière globale entre terre et mer».

Source © AFP





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Alors que la COP21 se rapproche à grands pas (début le 30 novembre à Paris), un nouveau rapport alarmant pointe du doigt les risques que représente à court terme le changement climatique. 

Selon l'institution internationale, ce sont près de 100 millions de personnes dans le monde qui passeraient sous le seuil de pauvreté, d'ici 2030. 

"Les événements liés au climat, à la météo, sont déjà des obstacles à la réduction de la pauvreté et cela va empirer" explique ainsi le rapport. Les impacts sont divers mais les catastrophes naturelles, de plus en plus fréquentes, détruisent les récoltes et transmettent plus facilement des maladies, comme par exemple la typhoïde, portée par les inondations.

Evidemment, ce sont les populations les plus précaires qui sont concernées."Leur patrimoine, qui n’est pas placé sur un compte bancaire mais se résume souvent à du bétail ou à leur logement, est beaucoup plus vulnérable et peut être complètement détruit lors d’un choc", insiste le rapport. 

Pour répondre à cette urgence, la Banque mondiale propose de renforcer considérablement les systèmes de protection sociale dans les pays pauvres."En cas de choc, il est plus facile d’étendre ou de renforcer un système de protection sociale préexistant pour accompagner les populations les plus affectées, que de créer un système de toutes pièces."

Surtout, il s'agit de lutter activement contre les émissions de CO2. "Des mesures immédiates de réduction des émissions sont nécessaires pour stabiliser le changement climatique et réduire la menace qu’il représente pour l’éradication de la pauvreté à long terme. Car si on n’agit pas dès à présent, les effets après 2030 seront beaucoup importants", souligne le rapport. Les chefs d'Etat du monde entier auront l'occasion de changer ce cercle vicieux au mois de décembre, pour la COP21.

Source © AFP
mardi 3 novembre 2015
Les grands glaciers de l'Ouest de l'Antarctique s'effondreraient si ceux du bassin Amundsen, plus petits, étaient totalement déstabilisés sous l'effet du réchauffement, un scénario qui verrait le niveau des océans augmenter de trois mètres sur plusieurs siècles.

Une étude des scientifiques de l'Institut Potsdam sur la recherche climatique publiée lundi dans les Comptes-rendus de l'académie américaine des sciences (PNAS) souligne que les glaciers de l'Amundsen perdent déjà de leur stabilité. Ils seraient le premier «verrou» à sauter dans le système climatique de l'Antarctique, expliquent-ils.

Cette étude montre pour la première fois les conséquences inévitables d'un tel effondrement, selon ces climatologues.

Les simulations effectuées par ordinateur révèlent que la fonte des glaces pendant quelques décennies de réchauffement des océans peut déclencher un mouvement de fonte qui se poursuit ensuite pendant des siècles, voire des millénaires, soulignent-ils.

«Une fois que les glaciers sont perturbés, ce qui est le cas aujourd'hui, ils répondent de manière non-linéaire. Ainsi, leur effondrement se produit relativement soudainement après une longue période de stabilité apparente durant laquelle peu de changements sont observés», explique Johannes Feldmann, le principal auteur.

La même dynamique existe par exemple dans la forêt amazonienne ou le système de la mousson en Inde.

Dans plusieurs parties de l'Antarctique, le flot naturel de la glace glissant dans l'océan devrait augmenter de façon importante et permanente, prédisent ces scientifiques.

Alors que les océans se réchauffent, les eaux plus chaudes font lentement fondre les plaques de glace se trouvant sous la surface et qui sont la prolongation des glaciers terrestres. Ceux-ci s'en trouvent ainsi déstabilisés.

«Selon nos simulations, 60 ans de fonte des glaces au rythme actuellement observé dans l'Antarctique sont suffisants pour déclencher un processus irréversible qui perdurera pendant des centaines ou des milliers d'années. Cela entraînera une montée du niveau des océans de trois mètres environ», explique Johannes Feldmann, notant qu'il s'agit «d'un processus long».

Mais, a-t-il insisté «ce processus a déjà probablement commencé».

«Jusqu'à présent nous ne disposons pas d'assez d'indications pour dire si la déstabilisation des glaciers d'Amundsen est actuellement due aux émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement du climat qui en résulte», a toutefois relevé Anders Levermann, également chercheur à l'Institut Potsdam et co-auteur de la recherche.

«Mais il ne fait aucun doute qu'une augmentation de ces émissions ne peut qu'accroître le risque d'un effondrement des glaciers de l'Antarctique occidental et d'une montée irréversible du niveau des océans», selon lui.

L'épaisseur des glaces flottant autour de l'Antarctique, qui agissent comme un rempart contre l'effondrement des glaciers permanents recouvrant ce continent, s'est réduite de près de 20% à certains endroits ces deux dernières décennies et ce phénomène s'accélère, selon une autre recherche publiée en mars dernier dans la revue Science.

Source © AFP




La morue du golfe du Maine, principale source de revenue de l'industrie de la pêche dans le nord-est des États-Unis, est menacée de disparition par un réchauffement régional de l'océan beaucoup plus rapide que partout ailleurs sur la planète, conclut une étude jeudi.

Les stocks de morues stagnent et sont aujourd'hui au bord de l'effondrement, selon les travaux de ces chercheurs publiés dans la revue américaine Science.

Ils ont déterminé que ces stocks se situent actuellement à 3 ou 4 % au-dessus de la limite des niveaux permettant à ces poissons de maintenir durablement leurs populations dans cette région.

Même des réductions dans les prises de pêche n'ont pas pu freiner le déclin rapide des bancs de morues, surprenant pêcheurs et responsables des pêcheries.

Face à une importante diminution des populations, les autorités avaient institué en 2010, un ensemble de restrictions sur les prises de pêche, mais sans que ces mesures contribuent à un rebond des stocks.

«Les responsables de la gestion des pêcheries ont continué à réduire les quotas de pêche, mais les populations de morues continuaient à diminuer», explique Andrew Pershing, le responsable scientifique de l'Institut de recherche du golfe du Maine (GMRI) et principal auteur de l'étude.

«Il s'est avéré que le réchauffement des eaux dans le golfe du Maine est moins hospitalier pour les morues - un poisson d'eau froide - et les réponses des autorités de la pêche ont été trop lentes pour répondre à ce changement drastique de l'environnement», juge-t-il.

Les analyses de températures effectuées par ces scientifiques, dont l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA), montrent que la diminution des stocks de morues résulte en grande partie du réchauffement accéléré de l'océan dans le golfe du Maine, qui est 99 % plus rapide que partout ailleurs sur la planète.

Ce phénomène s'explique par le changement de position du Gulf Stream, un courant chaud qui prend sa source dans les Caraïbes ainsi que par les oscillations du climat dans les océans Atlantique et Pacifique. Ces facteurs viennent amplifier le réchauffement continu du globe.

Les chercheurs ont constaté que ce réchauffement de l'eau perturbait la ponte des morues femelles, réduisant le nombre des progénitures.

De plus, ces températures plus chaudes provoquent une plus grande mortalité parmi les jeunes morues et donc une réduction de la population adulte.

Les modèles historiques utilisés par les autorités régionales de la pêche au cours de la dernière décennie ne prenaient pas en compte l'impact de la montée rapide et relativement récente des températures de l'eau. De ce fait, les quotas étaient trop élevés, soulignent les auteurs.

Les morues sont des poissons d'eau froide et le golfe du Maine est à la limite géographique de leur habitat, notent-ils.

Alors que l'océan dans cette région se réchauffe rapidement, les populations de morue seront réduites même avec des quotas de pêche plus stricts ce qui va conduire à une plus petite industrie de la pêche en Nouvelle-Angleterre, prédit l'étude.

Une étude publiée le 27 octobre au Canada conforte ces conclusions sur le rôle du réchauffement régional, en constatant des signes de rebond des populations de morues de l'Atlantique Nord au large de Terre-Neuve et du Labrador, où les eaux sont beaucoup plus froides.

Considérée comme l'une des plus abondantes populations mondiales de morues avant un déclin désastreux dans les années 90 à cause de la surpêche industrielle, les stocks de morues se reconstituent depuis dix ans grâce à la mise en place d'un moratoire sur la pêche de ce poisson en 1992 par le gouvernement canadien.

Ainsi les stocks de morues sont passés en une décennie de quelques dizaines de milliers de tonnes à des centaines de milliers de tonnes, selon cette recherche publiée dans le Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences.

Source © AFP


Les saumons Chinook étaient déjà une espèce en voie de disparition du fleuve Sacramento, en Californie. La sécheresse record qui se prolonge dans cet État de l'Ouest américain les menace aujourd'hui d'extinction pure et simple.

«L'an dernier a été une année très difficile pour ces poissons du fleuve Sacramento à cause de la sécheresse et de la chaleur, et nous pensons que 95 % des jeunes poissons n'ont pas survécu», a indiqué à l'AFP vendredi Michael Milstein, porte-parole de l'Administration américaine des Océans et de l'Atmosphère.

«Nous craignons que cette année soit pire encore, car nos chiffres préliminaires font état de -22 % de jeunes têtards sortis de leurs oeufs comparativement à l'an dernier», ajoute-t-il.

La population de ces saumons s'est effondrée de façon spectaculaire ces dernières années: il y avait 4,4 millions de jeunes saumons Chinook parvenus en aval du fleuve en 2009 et seulement 411 000 l'an dernier.

Seuls 217 000 sont arrivés à ce stade cette année jusqu'alors, contre 280 000 l'an dernier à la même période.

Les saumons Chinook ont besoin d'eau très froide pour que leurs oeufs puissent se développer normalement.

Ils remontaient traditionnellement le fleuve jusqu'aux montagnes pour trouver de l'eau glacée. Depuis la construction du barrage de Shasta, ils se retrouvent bloqués plus bas dans le fleuve, où l'eau est plus chaude.

Jusqu'à il y a quelques années, les autorités relâchaient de l'eau du barrage pour faire tomber la température du fleuve et permettre aux Chinook de se reproduire.

Mais avec le manque de pluie qui dure depuis quatre ans, l'eau disponible en Californie est de plus en plus rare et disputée, notamment par l'industrie agricole. La chaleur fait par ailleurs monter la température des fleuves.

Les Chinooks sont particulièrement vulnérables et d'autres espèces de poissons du fleuve Sacramento, notamment les esturgeons, s'adaptent mieux au réchauffement de la température de l'eau.

Certains poissons souffrent aussi de la sécheresse ailleurs sur la côte ouest, notamment «les saumons Sockeye du fleuve Columbia dans l'Oregon et l'État de Washington», a précisé M. Milstein.

«C'est le genre de phénomène que nous prévoyons de voir plus souvent dorénavant à cause du réchauffement climatique», a-t-il conclu.

La sécheresse et le réchauffement des Océans, qui risquent de s'accentuer avec l'arrivée sur la côte ouest du phénomène climatique El Nino, perturbent la faune. Des lions de mer et autres morses se sont déjà échoués sur des plages d'Alaska ou de Californie ces derniers mois parce que leur habitat est perturbé.


Source © AFP


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mardi 27 octobre 2015
La population des lézards les plus courants en Europe pourrait nettement diminuer dans certaines régions au cours des prochaines décennies à cause du changement climatique, met en garde une étude publiée lundi.

Selon une étude publiée dans la revue scientifique américaine PLOS Biology, la hausse des températures affecte l'habitat et la reproduction du lézard zootoca vivipara. 

En conséquence, jusqu'à 30 % de ces petits reptiles pourraient disparaître, surtout dans les régions les plus méridionales d'Europe.

«Nous ne prévoyons pas une extinction de cette espèce de reptiles, mais nous suggérons que les populations vivant au sud du continent pourraient particulièrement souffrir du réchauffement», a expliqué Julien Cote, biologiste du Laboratoire Évolution et Diversité Biologique à l'Université française de Toulouse.

Les chercheurs ont placé 18 groupes de lézards dans des enclos semi-naturels soumis à deux environnements différents: l'un similaire au climat actuel, et l'autre de deux degrés Celsius plus chaud ce qui correspond à la hausse moyenne prévue d'ici la fin du siècle sur Terre par le scénario le plus favorable.

Les scientifiques les ont surveillés pendant un an pour évaluer l'impact de la température sur leur croissance démographique, leur taux de reproduction et leur survie.

«Un réchauffement de deux degrés a paru initialement bénéfique, favorisant une croissance plus rapide des jeunes lézards qui ont pu ainsi se reproduire plus précocement, mais ces deux degrés de plus ont aussi écourté la vie des lézards adultes», a expliqué Elvire Bestion, chercheuse à l'Université britannique d'Exeter.

Selon la modélisation de ces données, «la mortalité accrue des lézards adultes pourrait entraîner une diminution du taux de croissance de la population finissant par provoquer une extinction de ces reptiles dans une vingtaine d'années».

Mais les scientifiques ont néanmoins écarté un scénario aussi dramatique, faisant valoir que la manière dont ces lézards s'adapteront à l'environnement naturel est plus complexe.

Notamment, les femelles ont eu un deuxième cycle annuel de reproduction dans le climat plus chaud pendant l'été.

«On peut se demander si cette évolution de la reproduction sous l'effet du réchauffement pourrait permettre aux lézards de s'adapter au cours du temps», a relevé Elvire Bestion.

Mais la comparaison entre les deux environnements montre toutefois qu'une hausse de deux degrés pourrait entraîner une diminution de 14 à 30 % de la population de lézards européens, en fonction du scénario de réchauffement envisagé.

Source © AFP







mercredi 21 octobre 2015
Alors que les négociations internationales en matière de climat entrent dans leur dernière ligne droite avec la session qui démarre cette semaine à Bonn, de nombreux Maires et élus locaux européens, parmi lesquels Johanna ROLLAND, Maire de Nantes, Patrick KLUGMAN, Adjoint au Maire de Paris, ont souhaité, avec le soutien de la Commission européenne, réaffirmer leur volonté d'agir en participant à la cérémonie de lancement de la nouvelle convention des Maires le 15 octobre dernier au Parlement européen à Bruxelles.

Cette nouvelle convention intitulée la Convention des Maires pour le climat et l'énergie est le fruit de la fusion de deux dispositifs mis en oeuvre avec le soutien de la Commission européenne : la convention des Maires pour une énergie locale durable lancée en 2008 et l'initiative Mayors Adapt, son équivalent en matière d'adaptation, lancée en 2014. Elle fait par ailleurs suite à une consultation conduite cet été par la Commission européenne sur le devenir de ces dispositifs dans le contexte d'adoption des objectifs de l'Union en matière d'énergie et climat à l'horizon 2030.

Avec la nouvelle Convention, les villes signataires s'engagent à agir pour soutenir la mise en oeuvre des objectifs Climat/Energie de l'UE pour l'horizon 2030, à savoir : une réduction contraignante d'au moins 40% de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, 27% d'efficacité énergétique et 27% d'énergie renouvelable. Elles s'engagent également à développer des mesures qui visent l'adaptation et l'atténuation, et à favoriser le rayonnement international de leurs actions.

A ce jour près de 6000 collectivités territoriales européennes sont signataires de la Convention des Maires « ancienne génération » et 130 sont engagées dans l'initiative Mayors Adapt. Il s'agit d'un mouvement sans précédent à l'échelle de l'Union qui démontre la capacité d'action des territoires en matière de climat et qui alimentera l'agenda des solutions promu par les autorités françaises dans le cadre de la COP 21 qui se tiendra en France du 30 novembre au 12 décembre prochain.

Le Comité des Régions (CDR) s'inscrit dans cette mobilisation des collectivités territoriales européennes en amont de la COP 21 puisqu'il a adopté le 14 octobre dernier son avis « Vers un accord mondial sur le climat à Paris » sur la base des travaux conduit par la rapporteure Annabelle JAEGER, conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans son avis, le CDR plaide pour la pleine reconnaissance du rôle des villes et des régions dans la lutte contre le changement climatique. Il appelle ainsi à l'insertion dans le texte de l'accord d'une référence claire à la contribution déterminante des autorités locales et régionales ; à la mise en place d'un dialogue régulier et organisé avec les collectivités territoriales pendant le cycle des négociations, et pas seulement durant les conférences internationales; et à l'adoption par la COP d'un programme de travail sur l'action des villes et régions pour le climat afin de définir un modus operandi entre les collectivités et les États.

Le Parlement européen s'est également prononcé sur les négociations climat le 14 octobre en adoptant la résolution préparée par Gilles PARGNEAUX (FR - PSE). Le Parlement européen souhaitent que l'Union européenne appelle dans le cadre des négociations à :


  •  une réduction d'au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990;
  •  un objectif de 40% d'efficacité énergétique; et
  •  un objectif de 30% d'ici à 2030 pour les énergies renouvelables


La question du financement sera cruciale rappelle le Parlement européen. Il appelle l'UE et ses États membres à adopter une feuille de route pour développer le financement en vue d'apporter leur juste part au montant global de 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020. Il propose d'allouer comme sources de financement du climat certains quotas du système européen d'échange de quotas d'émission (SEQE), ainsi que des revenus provenant de taxes européennes et internationales sur les émissions des secteurs de l'aviation et du transport maritime.

Le Parlement européen demande également à l'Union et à ses États membres de travailler avec tous les acteurs de la société civile (collectivités, secteur privé, ONG et communautés locales) pour développer des initiatives dans des secteurs clés pour l'atténuation (énergie, technologies, villes, transports), ainsi que des initiatives sur l'adaptation et la résilience pour répondre aux problématiques d'adaptation, notamment en ce qui concerne l'accès à l'eau, la sécurité alimentaire ou la prévention des risques; invite tous les gouvernements et tous les acteurs de la société civile à soutenir et à renforcer ce programme d'action.



mercredi 14 octobre 2015
Dés 2050 des écosystèmes marins importants pourraient être gravement endommagés si les émissions de gaz à effet de serre mondiales et les pollutions localisées ne se sont pas considérablement réduites avertissent les chercheurs.

À la fin de cette année 38% des récifs coralliens du monde seront déjà affectés. Environ 5% seront morts. 

Pire, les chaînes alimentaires des océans sont déjà atteintes.

Les océans du monde absorbent environ un tiers de tout le dioxyde de carbone émis par la combustion des énergies fossiles. L'océan s'est déjà réchauffé d'environ 1C depuis l'époque pré-industrielle, et l'acidification des eaux marines a augmenté d'environ 30%. 

Dans ces conditions il sera difficile pour les créatures marines tels que les coraux, les huîtres ou encore les moules de former leurs coquilles et les structures qui les soutiennent. Le réchauffement des océans est en train de changer considérablement les habitats d'une large gamme de poissons dans le monde. 

Dans l'analyse globale de ces changements, menée par l'Université d'Adélaïde, les chercheurs ont constaté que la quantité de plancton va augmenter considérablement dans les années à venir, mais que cette abondance de micro-nourriture ne se traduira pas par une amélioration dans la chaîne alimentaire. 

"Dans l'ensemble, nous constatons au contraire à une grave diminution de la diversité des espèces et ce quelque soit les écosystèmes que nous étudions. Ce sont déjà des signes d'un grand impact à venir, et ils sont plus aggravés encore lorsque vous les combinez aux impacts du réchauffement mondial et à l'acidification des océans. Actuellement, il n'y a déjà plus assez de nourriture pour les petits herbivores, comme les poissons, les escargots de mer ou encore les crevettes; le réchauffement a entraîné un changement des métabolismes de nombres d’espèces marines et aujourd'hui leur croissance diminue, comme il y a moins de proies disponibles, il y a donc moins d'opportunités pour les carnivores. Il y a un effet de cascade dans la chaîne alimentaire."

La perte des récifs coralliens pourrait aussi aggraver l'érosion côtière en raison de leur rôle dans la protection des rives contre les tempêtes et les cyclones. "Nous constatons déjà des choses étranges comme l'invasion d'espèces tropicales dans les eaux tempérées au large du sud-est de l'Australie."

Ces changements constatés dans les chaînes alimentaires de tous les océans vont devenir une préoccupation majeure pour des centaines de millions de personnes qui dépendent de la mer pour leur subsistance. 

"Ces effets vont s'exacerber dans les 50 prochaines années», a déclaré le proffesseur Nagelkerken.

© Nature Alerte 


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En quelques mois il est devenu l'éminence grise de Ségolène Royal sur les questions climatiques. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir, en conférence de presse, comment la ministre se tourne, presque machinalement, vers son conseiller dès que la question se fait plus technique. Nommé cet été conseiller scientifique pour l’environnement, la biodiversité et le climat auprès de l'ancienne candidate à la présidentielle, Gilles Boeuf (65 ans) connaît son sujet. 

Ce biologiste à l'enthousiasme communicatif, ancien président du Muséum national d'histoire naturelle, joue depuis quelques semaines un rôle clé dans la préparation de la COP21 qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris. Entretien avec ce spécialiste de la biodiversité marine, volubile et pédago.

Quel est l'impact réel du réchauffement climatique sur la biodiversité ?

Il faut déjà savoir que lorsqu'on parle de disparition d'espèces, le climat n'est que la cinquième cause. Le changement climatique se surimpose à quatre causes principales qui sont la destruction, la pollution, la surexploitation (la surpêche en mer par exemple) et la dissémination des espèces vivantes. 

Mais l'un des impacts principaux du réchauffement climatique sur la biodiversité est qu'il oblige les animaux, les poissons à bouger. L'Islande, par exemple, est envahie de maquereaux, ce qui ne s'était jamais vu. On a aussi vu qu'en Angola une surpêche de sardines changeait le climat. S'il n'y a plus de sardines il y a alors beaucoup trop de zooplancton qui mange le phytoplancton qui sert lui à fixer le CO2. On assiste donc à un réchauffement des océans qui provoque un effondrement de la population d'oiseaux, de poissons mais aussi de baleines. Globalement les poissons sont remplacés par les méduses qui prolifèrent grâce à cette augmentation de la température des eaux. L'Angola, le Chili et le Pérou sont particulièrement frappés par cette transformation des océans.

Le réchauffement a également eu comme conséquence de favoriser l'acidification des océans. D'ici 50 à 100 ans, les émissions de dioxyde de carbone vont encore augmenter l'acidité des océans à des niveaux qui auront des impacts massifs, le plus souvent négatifs, sur les organismes marins et les écosystèmes. Les scientifiques ont montré que l'acidification des océans a augmenté d'environ 26% depuis l'époque pré-industrielle. Les effets de l'acidification s'observent par exemple dans le secteur de l'aquaculture dans le Nord-Ouest des Etats-Unis qui connaît une mortalité élevée dans les écloseries d'huîtres.

On peut aussi évoquer les arbres, qui eux ne peuvent pas bouger et subissent encore plus ce réchauffement. Et des arbres qui disparaissent cela signifie moins de pluie (les forêts jouent un rôle important dans la détermination des pluies, en créant des vents atmosphériques qui pompent de l’humidité à travers des continents, Ndlr).

Concrètement, que va-t-il se passer si l'on n'arrive pas à limiter le réchauffement climatique à deux degrés d'ici 2100?

Ce sera une catastrophe. Mais je tiens à rappeler que sans changement climatique nous n'aurions jamais eu autant d'espèces sur Terre. Le problème c'est qu'aujourd'hui le climat change trop vite. Entre 1970 et 2012, 49% de tous les animaux vertébrés ont disparu. Les glaciers du Pérou ont plus fondu ces 40 dernières années que sur les trois derniers siècles. Et la planète s'est réchauffée de 4 degrés et la mer est remontée de 125 mètres en un temps record. 

Donc si on dépasse les 2 degrés et que l'on se situe plus vers 4 degrés, ce sera terrible. L'Arctique pourrait disparaître. Si le glacier Totten, le plus grand glacier de l'Antarctique oriental fond, le niveau de la mer va augmenter de 7 mètres. Des régions comme la Camargue sont aussi fortement menacées mais également tous les villages de montagne qui seront impactés par la fonte des glaciers. Quant aux déserts, les populations qui y résident encore seront bientôt obligées de partir. On va assister à des déplacements de populations très importants.

La COP21 peut-elle véritablement apporter la solution à cela ?

C'est bien évidemment l'idée même si rien n'est gagné. Il faut faire prendre conscience à tout le monde de ce changement qui nous affecte et reconnaître collectivement qu'il est dû aux activités humaines. On vit en ce moment comme si on avait trois planètes. Il faut véritablement s'attaquer à l'économie actuelle qui consiste à gagner beaucoup d'argent le plus vite possible en détruisant la nature ou en la surexploitant. Si on sort de ça, je pense qu'on a des chances de s'en sortir mais il y a du boulot.

Et même si l'on est réactif sur le climat il faudra ensuite s'attaquer aux 6 autres plaies écologiques qui sont le productivisme agricole, le gaspillage de l'eau, la surexploitation des stocks, la déforestation, l'effondrement de la biodiversité et la pollution.

Source © challenges
lundi 12 octobre 2015
À quoi ressemblerait la France sans le Bocage normand, ses forêts franciliennes, les clairières du Marais poitevin, ou ses escarpements boisés provençaux ? Tous ces paysages risquent de dépérir. Et avec eux, tous les services rendus par la forêt : biodiversité, stabilité des sols, ressources en eau, stockage du CO2, ressources pour la construction et le chauffage, espaces de loisirs et de détente… En cause : le réchauffement climatique, son lot de sécheresses, de dérèglements saisonniers, de tempêtes, d’insectes ravageurs... et une gestion en quête de rentabilité à court terme. Si le milieu forestier expérimente des solutions, malgré les coupes budgétaires, aucune véritable stratégie de préservation des forêts n’a encore été mise en place.

Les arbres qui meurent ne font pas de bruit. Pourtant, forestiers et chercheurs commencent à s’alarmer. Avec le réchauffement climatique, ils sont de plus en plus nombreux à dépérir. De soif, le plus souvent, à cause des périodes répétées de sécheresse et de canicule. « Le manque d’eau entraîne de fortes tensions dans la colonne d’eau qui va des racines aux feuilles. Cela peut aller jusqu’à la rupture de cette colonne d’eau et la formation d’embolies », explique Frédéric Jean, assistant ingénieur à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) [1]. Avec un système vasculaire endommagé, l’arbre ne peut plus s’abreuver correctement. Les cimes s’assèchent en général les premières, puis le reste du tronc. Cela peut aller jusqu’à la mortalité complète de l’arbre. 70 % des arbres du monde souffriraient ainsi de sécheresse, selon une étude internationale [2]. Le caractère répétitif et de plus en plus rude des épisodes secs fait le plus de dégâts.

En France aussi, les arbres meurent de soif

Étendue sur 16 millions d’hectares, soit environ 28 % du territoire (presque deux fois la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes), la forêt française est plutôt bien « armée » pour encaisser les chocs climatiques, grâce à sa grande diversité constituée de plus de 130 espèces. Mais face à l’ampleur des modifications, elle présente de sérieux signes d’affaiblissement. En France aussi, les arbres meurent de soif. Chênes pédonculés dans le Centre, pins douglas dans le Tarn, pins sylvestres en Haute-Provence, sapins dans les Alpes maritimes, hêtres ailleurs... de nombreux arbres se sont éteints cet été, aux quatre coins du pays.

Pour éviter de transpirer par leur feuillage, les arbres ferment leurs stomates, ces sortes de pores qui parsèment chaque feuille. Ce faisant, ils arrêtent d’absorber du CO2 et réduisent leur activité de photosynthèse. « Or, c’est grâce à la photosynthèse que les arbres croissent et constituent leurs réserves sous forme de sucre, source d’énergie, éclaire Frédéric Jean. Ceux qui ferment leurs stomates rapidement en situation de sécheresse voient donc diminuer leur croissance et leurs stocks de réserves. Les espèces non adaptées à la sécheresse risquent de s’en trouver affaiblies. »

CO2 et insectes ravageurs : le cycle infernal

La diminution de l’activité de photosynthèse a une autre conséquence : elle réduit l’effet puits de carbone des arbres. Une étude publiée en mars dernier révèle que la capacité mondiale des forêts à absorber le CO2 a diminué de 50 % ces quinze dernières années ! Aucun scénario climatique n’a, pour le moment, intégré cette donnée qui pourrait pourtant faire grimper encore plus vite le taux de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère.

Autre ennemi climatique des arbres : le froid. « Un gel arrivant brutalement à l’automne peut affecter la résistance au froid hivernal de certains bourgeons, détaille Frédéric Jean. Et le gel de printemps, qui arrive alors que les arbres ont déjà débourré, va affecter la croissance – la partie végétative – et la reproduction – fleur puis fruit. » Affaiblis par le climat, les arbres sont moins résistants aux agresseurs : insectes et champignons, notamment, dont le développement semble en plus favorisé par la hausse des températures.

Vers la disparition du Marais poitevin et du Bocage normand ?

Ainsi, les micro-organismes responsables de la maladie de l’encre, qui affecte les racines du châtaignier, apprécient la douceur hivernale. Présent depuis très longtemps sous nos latitudes, le champignon de l’encre se développe de façon préoccupante dans certaines régions. « Il y a des apparitions de ravageurs très fortes et très inquiétantes, relève Samuel Fichet, technicien arbres et haies de l’association Prom’haies, située en Poitou-Charentes. Mais le réchauffement climatique n’est pas la seule explication. C’est aussi lié à la mondialisation des échanges et donc à la circulation des ravageurs à travers les continents. Dernièrement, on est très embêtés par la mineuse du marronnier, qui pond sur les feuilles, ou encore par la pyrale du buis, qui fait des gros dégâts dans les parcs et châteaux. »


À quoi ressemblera la forêt française en 2100 ? Le hêtre, actuellement présent dans une grande partie de la France, pourrait voir son aire de peuplement largement réduite, à cause de ses besoins importants en humidité. Les bocages de l’Ouest seront peut-être privés de chênes pédonculés, car ils résistent assez mal au manque d’eau dans les sols. « C’est l’essence principale des haies du Grand Ouest, note Samuel Fichet. On risque donc d’avoir d’importants bouleversements du paysage. » Idem dans le Marais poitevin, où 80% des arbres sont des frênes têtards. « S’ils disparaissent tous, ce qui n’est pas exclu, cela va provoquer une série de changements très brutaux. Ces arbres servent en effet à tenir les berges du Marais, et une foule d’insectes leur sont inféodés. »

La forêt française : 400 000 emplois menacés

Qu’adviendra-t-il des activités économiques liées à l’utilisation du bois ? La forêt française fait vivre 400 000 personnes et divers métiers : sciage, confection de papier, fabrication de meubles et de parquets, montage de maisons, préparation de granulés pour les poêles et chaudières, mais aussi activités touristiques et de loisirs... « Au-delà de ces activités économiques, les services rendus par la forêt sont innombrables, ajoute Sylvestre Soulié, forestier retraité de l’office national des forêts (ONF) et membre du syndicat Snupfen-solidaires. Réservoir de biodiversité, refuge exempt de produits phytosanitaires pour les insectes et les abeilles, notamment, les forêts dessinent notre paysage, ce sont des espaces où les gens passent beaucoup de temps de loisirs et peuvent, à l’occasion, faire des cueillettes. »

Les conséquences potentielles du réchauffement climatique sur les arbres inquiètent le milieu forestier depuis longtemps, même si les relais médiatiques se révèlent peu nombreux. « Si on compare avec le secteur de l’agriculture, la prise de conscience des effets du réchauffement climatique s’est faite assez tôt dans le secteur forestier », relève Olivier Picard, directeur technique du Centre national de la propriété forestière (CNPF). L’Office national des forêts (ONF), l’Institut pour le développement forestier ou encore l’Inra se penchent depuis une bonne dizaine d’années sur la question, produisant des rapports et esquissant de nouvelles stratégies sylvicoles. Un réseau ad hoc, Aforce – pour Adaptation des forêts au changement climatique – a même été mis en place. Réunissant une quinzaine d’organismes, il ambitionne « d’ouvrir les placards des chercheurs, et de mettre leurs connaissances à disposition des gestionnaires. » Ces différents acteurs expérimentent, analysent et proposent des solutions multiples.

Quand les arbres émigrent vers la montagne

Certains arbres n’ont pas attendu les humains pour mettre en place des stratégies de survie, en diminuant la taille de leurs feuilles ou en s’enracinant plus profondément. D’autres ont choisi de... migrer. Dans les Pyrénées, les hêtres ont ainsi grimpé d’un peu plus de 30 mètres entre 1970 et 2009. Dans les Alpes, aussi, la forêt remonte. Comment ? Les graines, dispersées par le vent ou transportées par les oiseaux, germent un peu plus haut chaque année. « En montagne, les conditions climatiques changent rapidement à mesure que l’on grimpe, mais sur des distances relativement courtes. La migration des arbres pourrait donc se faire naturellement, détaille Frédéric Jean. Mais en plaine, c’est impossible. Les changements auxquels la forêt doit faire face sont si rapides que l’on est obligés d’accompagner ces processus naturels d’adaptation. Les choix en matière forestière doivent se faire en fonction des prédictions relatives aux évolutions climatiques futures. »

« On compte beaucoup sur le chêne pubescent, qui résiste bien à la sécheresse, pour aller diversifier les chênaies de la vallée de la Loire, souvent frappée de sécheresse », décrit Olivier Picard. Le cèdre de l’Atlas ou le pin douglas, qui sont des essences phares au niveau économique, et qui résistent plutôt bien à la sécheresse, sont eux aussi considérés avec intérêt. Mais cet été, des dépérissements ont été observés dans certains peuplements de douglas du Tarn. « Le changement d’espèces ou de "provenance" n’est qu’une solution pour le moyen terme », estime Yves Poss, ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts.

Comment sauver les 130 espèces françaises ?

« Vu l’ampleur du changement climatique et le temps de pousse des chênes, est-il pertinent de troquer une essence contre une autre qui serait moins sensible aux sécheresses ? Le doute est permis », avance de son côté le technicien Samuel Fichet. Il serait, à mon sens, plus efficace de lutter contre le réchauffement climatique que de protéger les arbres, espèce par espèce. » « Il y a évidemment beaucoup d’incertitudes, poursuit Olivier Picard, c’est pourquoi il faut tester diverses solutions. »



Avec plus de 130 espèces, la forêt française jouit d’une très belle diversité. C’est une de ses forces. Favoriser cette diversité, en tirant le meilleur de ce qu’elle offre – rapidité de croissance, bon état sanitaire, adaptabilité à des milieux très divers – fait partie des pistes étudiées dans le monde de la forêt. « C’est un travail de longue haleine, précise Olivier Picard, il faut repérer les peuplements de qualité pour aller récolter les graines et faire ensuite des plants de qualité. Les résultats ne seront visibles que des dizaines d’années plus tard. » En local, diverses méthodes de sauvegarde génétique sont mises en œuvre. L’association Prom’haies a ainsi initié un programme de sélection de graines dans les haies de son territoire.

Les sapins jugés plus rentables que les chênes ou les hêtres

« Nous avons une diversité exceptionnelle qu’il faut absolument entretenir et valoriser, insiste Sylvestre Soulié, cela passe aussi par des plantations variées au sein des parcelles. Les monocultures de résineux ne sont évidemment pas du tout pertinentes de ce point de vue. » Croissance rapide, moindre coût, techniques de sciage standardisées : les résineux – pins, sapins, etc. – ont la cote dans le secteur du bâtiment, chez les producteurs de bois d’énergie, dans l’industrie de l’ameublement et parmi les consommateurs, friands de mobilier type Ikea. Pour les pouvoirs publics et certains professionnels, il faudrait accélérer l’enrésinement du pays. La forêt française étant, pour le moment, composée aux deux tiers de feuillus (chênes, hêtres, bouleaux, etc.).

Autre solution envisagée : adapter les peuplements à l’eau disponible. « Une mesure immédiate, urgente, est de réduire la densité des peuplements, d’avoir un nombre de tiges et d’arbres moins important à l’hectare : s’il y a moins d’arbres, le partage de la réserve d’eau se fait entre moins de tiges, et chacune étant moins concurrencée peut mieux résister », développe Yves Poss. « Cela signifie un dosage homéopathique, indique Frédéric Jean. Si on éclaircit trop, on a des forêts qui résistent très mal aux tempêtes, lesquelles augmentent beaucoup en fréquence et en intensité, en raison du réchauffement climatique. » Certains chercheurs ajoutent que des éclaircies trop offensives provoquent un stress hydrique au niveau du sol.

Des entreprises privées investissent la forêt

Les savoir-faire et moyens nécessaires à ce travail d’orfèvre sont-ils suffisants ? Les trois quarts de la forêt française, soit 11 millions d’hectares, sont privés. 3,5 millions de propriétaires se les partagent. Au sein de ce vaste ensemble, les méthodes de travail sont inégales, et fort diverses. Les 500 conseillers du CNPF, « établissement public au service des propriétaires forestiers », ne peuvent évidemment pas avoir l’œil sur chaque bosquet. L’investissement de l’État est tellement défaillant que des partenariats sont désormais conclus avec des entreprises privées qui veulent compenser leurs émissions de CO2 en plantant des forêts. « Ce sont des démarches qui entrent dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises », souligne Olivier Picard. La Poste et quelques banques se sont déjà lancées. Il y a aussi des intermédiaires, comme Reforest-action, qui drainent des fonds privés vers la forêt.



Côté public, 25 % de la forêt, soit un peu moins de 5 millions d’hectares (l’équivalent de la Bourgogne-France-Comté), l’heure est aux baisses d’effectifs : 2 200 agents en moins en vingt ans, pour un effectif total de 5 545 personnes en 2015. « Les territoires sont de plus en plus grands, les forestiers courent après l’urgence. Et l’urgence, c’est d’approvisionner la trésorerie de l’ONF, en vendant du bois, déplore le syndicaliste Sylvestre Soulié. En trente ans, la récolte de bois dans les forêts domaniales a augmenté de 30 % en volume. Et, dans le même temps, le prix du bois a été divisé par deux. C’est une des raisons pour lesquelles les volumes exigés augmentent sans cesse. Les coupes sont censées combler le déficit de l’ONF. » Le manque de personnel est d’autant plus problématique que tous les acteurs de la filière s’accordent pour dire qu’il faut augmenter et affiner les observations qui sont réalisées in situ, pour connaître vraiment les bouleversements silencieux qui opèrent en sous-bois, et tâcher de les contrer.

La forêt naturelle, rien de mieux pour sauver le climat

« Gérer une forêt en se contentant de déterminer un volume d’arbres à couper me semble peu sérieux », renchérit Marie-Stella Duchiron, experte en écologie et gestion forestière, co-auteure, avec Annik Schnitzler du CNRS, d’une note de synthèse sur les moyens de lutter contre les effets du changement climatique en forêt. « La forêt tempère les effets du réchauffement climatique par sa densité. Elle est ainsi plus résistante aux événements majeurs des climats – tempête, feu – que les forêts exploitées d’aujourd’hui. Les forêts naturelles sont moins sensibles aux effets des différents polluants présents dans l’air, dont l’ozone troposphérique, du fait de l’étagement de leur végétation et de leur densité en ligneux (racines, branches, troncs) et elles stockent davantage de carbone grâce à la qualité de leurs sols [3]. »
Autant de qualités que ne possèdent pas les forêts en culture intensive destinées à la production de bois.

« La gestion forestière avec des futaies régulières et des coupes rases détruit le savant équilibre des sols, et casse les conditions micro-climatiques des sous-bois qui sont cruciales, notamment pour limiter le stress hydrique. » Les deux auteures plaident pour une « sylviculture de l’écosystème », qui considère la forêt comme un milieu à préserver avant d’être une ressource commerciale. Moins radicale, l’association Pro Silva défend une sylviculture « proche de la nature ». Maintien d’un couvert constant, mélange d’essences, interventions légères et fréquentes obligeant le forestier à être actif et connaisseur de ses parcelles : les 300 adhérents entendent optimiser la production de bois de qualité dans les forêts, sans à-coups et en s’appuyant sur les dynamiques naturelles. Les forêts ainsi gérées seraient plus résilientes face aux changements climatiques. Des échanges réguliers ont lieu entre forestiers publics et privés au sein de l’association [4].

La dictature du court terme contre les arbres

Mais au sein de l’ONF, les forestiers défendant des interventions non brutales en forêt ne se sentent pas soutenus. Plusieurs d’entre eux refusent de remplir les objectifs chiffrés de volumes à couper qu’ils jugent « aberrants ». « La dictature du court terme est loin du réel des forestiers, qui évoluent dans un milieu où le temps se compte en dizaines, voir en centaines d’années. Cet écart avec le réel provoque des souffrances pour les gars sur le terrain », dit Sylvestre Soulié. Ils sont en plus confrontés à des injonctions contradictoires : d’un côté la préservation et l’entretien des forêts, de l’autre, les demandes économiques. Depuis 2005, vingt-quatre agents ONF se sont suicidés.

« Avec la COP 21, ça va être le télescopage total », conclut Sylvestre Soulié, qui ironise sur les « hymnes à la nature » dans les discours face aux « méthodes expéditives » dans les clairières. On aurait aimé avoir l’avis de l’ONF sur ces différents points. Malgré nos diverses sollicitations, la direction n’a pas souhaité répondre à nos questions. Peut-être parce que le lien entre l’adaptation des forêts au changement climatique et l’organisation du travail des forestiers ne leur semblait pas très clair ?

Source © Nolwenn Weiler / Basta Mag


Notes
[1] unité de recherche expérimentale entomologie et forêts méditerranéennes (URFM), centre de recherche INRA de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
[2] C’est une étude publiée en novembre 2012 et réalisée par une vingtaine de scientifiques à divers endroits de la planète, qui le révèle.
[3] Le rôle des sols bien préservés dans l’accumulation du carbone a été démontré pour des forêts chinoises préservées depuis 400 ans. Les auteurs de l’étude ont calculé que le stock de carbone dans les vingt premiers centimètres de 230 exemples de sols, dans ces forêts, avait augmenté de 1,4 à 2,3 % entre 1979 et 2003 ! In La forêt face aux changements climatiques, Marie-Stella Duchiron et Annik Schnitzler.
[4] L’ONF fait partie du conseil d’administration de Pro Silva France depuis 2003. Et le CNPF-IDF est adhérent de Pro Silva France.



Le réchauffement climatique des dernières décennies s’est accompagné d’une augmentation de la biodiversité taxonomique du plancton végétal et animal de l’océan Atlantique Nord et d’une diminution de la taille moyenne de ces organismes. 

Ces résultats ont été obtenus par un chercheur du Laboratoire d’océanologie et de géosciences (CNRS/Université Lille 1/Université du Littoral-Cote d’Opale, Wimereux) en association avec la Sir Alister Hardy Foundation for Ocean Science (Plymouth) et le Laboratoire d’Océanologie de Villefranche (CNRS/Université Pierre et Marie Curie). 

Les chercheurs montrent que cette modification structurelle des systèmes biologiques pourrait entraîner une altération du puits de carbone en Atlantique Nord et une diminution de la présence des poissons subarctiques tels que la morue. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue des comptes rendus de l’académie nationale des sciences des Etats-Unis (PNAS).

Aujourd’hui, les observations indiquent que 84% du réchauffement du système planétaire a eu lieu dans les océans. 

De nombreux résultats attestent déjà d’une réponse des organismes marins vis-à-vis de cette augmentation de température. Cependant, peu d’études ont été conduites sur les conséquences du changement climatique global sur l’évolution de la biodiversité marine à grandes échelles spatiales.

Le programme Continuous Plankton Recorder basé à Plymouth en Angleterre suit tous les mois, depuis 1946, la présence et l’abondance de près de 450 espèces planctoniques dans l’océan Atlantique Nord. 

L’équipe dirigée par Grégory Beaugrand du Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences (CNRS/Université Lille 1/Université du Littoral-Côte d’Opale, Wimereux) a analysé les 97 millions de données issues de ce programme. Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à la diversité taxonomique (1) de certains groupes clés de phytoplancton, les dinoflagellés et les diatomées, et de zooplancton, les copépodes qui assurent le transfert entre les producteurs primaires (le plancton végétal) et les niveaux trophiques supérieurs. 

Leurs analyses révèlent pour la première fois que le réchauffement des températures s’est accompagné d’une augmentation de la biodiversité de ces groupes planctoniques dans l’océan Atlantique Nord et d’une diminution de 25 à 33% de la taille moyenne des copépodes, dont une centaine d’espèces peuple cette partie de l’océan. La taille de ces organismes est en effet passée d’une moyenne de 3-4 mm à 2-3 mm dans certaines régions situées à la limite entre les systèmes tempérés et polaires.

Les chercheurs se sont alors intéressés aux conséquences de cette évolution surprenante. Ils ont ainsi montré que la diminution de la taille moyenne des copépodes, qui assure le transfert du dioxyde de carbone atmosphérique depuis la surface jusqu’au fond des océans à travers la chaîne alimentaire, pourrait induire une diminution, non encore quantifiable, du piégeage du carbone atmosphérique par l’océan Atlantique Nord, lequel contribue pour un quart au prélèvement total du carbone atmosphérique par l’océan mondial. 

Cet affaiblissement du puits de carbone dans l’océan Atlantique Nord viendrait alors s’ajouter à celui prévu par les modèles biogéochimiques, à savoir que l’augmentation de la température accroîtra la stratification thermique de la colonne d’eau (2), ce qui rendra plus difficile l’arrivée des sels nutritifs depuis les couches profondes jusqu’à la surface et finalement provoquera une diminution de la productivité marine. 

Ils ont également mis en évidence une circulation plus rapide du carbone biogénique, d’organismes à organismes à l’intérieur du réseau trophique, traduisant une augmentation du métabolisme de l’écosystème, ce qui est tout à fait cohérent avec le fait que plus un organisme est petit, plus il se développe et meurt rapidement.

Enfin, en utilisant les données issues de modèles permettant d’évaluer la probabilité de présence des morues en fonction des caractéristiques de leur environnement, ils ont trouvé une relation inverse entre la diversité taxonomique du zooplancton et la probabilité de présence des morues. Ainsi, l’augmentation de la diversité du zooplancton et la diminution de sa taille se traduirait par une diminution de la présence des morues en Atlantique Nord, un phénomène qui amplifierait l’effet de la surexploitation par la pêche de ce poisson subarctique.

Cette étude révèle ainsi qu’une augmentation de la biodiversité taxonomique, souvent vue comme avantageuse au sens large du fonctionnement écosystémique, pourrait, si elle est généralisable à l’ensemble de l’océan mondial, altérer temporairement certaines fonctions importantes pour l’homme, telles que la régulation du dioxyde de carbone et l’exploitation des ressources marines. 

Cette augmentation, jamais constatée à une aussi grande échelle spatiale, constitue l’empreinte d’un bouleversement structurel profond des systèmes biologiques en Atlantique Nord en réponse à l’augmentation des températures.


Notes :
(1) Les chercheurs ont mesuré cette diversité en utilisant des indicateurs basés pour les uns sur le nombre d’espèces et pour les autres sur leur abondance relative.
(2) L’océan est stratifié en couches thermiques qui sont de plus en plus froides quand on va de la surface en profondeur. Suite au réchauffement climatique la température augmente en surface et accentue la différence de température entre couches profondes et de surface.
Références :
Beaugrand G, Edwards M, Legendre L (2010) Marine biodiversity, ecosystem functioning and carbon cycles. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, doi/10.1073/pnas.0913855107.


Source: communiqué de presse du CNRS


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