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mardi 2 juin 2015
Les abeilles souffrent d’un mal qui les décime et qui peine à être identifié. 

Le Département de la Moselle a lancé une mission de police sanitaire. Sur le secteur de Forbach, les apiculteurs ont perdu la moitié de leur cheptel.

Quel mal touche les abeilles ? C’est la question que se posent tous les apiculteurs. Et qui a même poussé la Direction départementale de protection des populations de Moselle à lancer un appel pour recruter un vétérinaire. Ceci dans le cadre d’une mission de police sanitaire et d’évaluation épidémiologique. Celui-ci devra recenser les ruchers, les colonies et établir un diagnostic en étudiant les abeilles, mais aussi les couvains, ainsi que les produits de la ruche (miel, pollen, propolis, cire). Une mission qui devrait durer deux ans. Et qui doit permettre de déterminer à la fois ce qui décime les ruches, et l’éventuel danger de cette maladie pour l’homme.

La moitié du cheptel décimé

Ce problème, Cédric Dengler l’a bien constaté. Il s’est découvert une passion pour les abeilles il y a trois ans. « J’étais en vacances en Crète en 2007 et j’ai remarqué de petites "maisonnettes". » Des ruches de toutes les couleurs. Il apprend d’abord à apprécier le miel, puis s’intéresse à celles qui le produisent. Après un stage, il décide de se lancer et rencontre deux frères, Pierre et Thomas Willem, avec lesquels il va collaborer pour installer des ruches sur trois sites : chez lui, à Hoste, à Rouhling et au carreau Wendel, où il travaille. En tout, l’équipe a une trentaine de ruches.

« Mais depuis un an, nous en avons perdu la moitié… C’est la première fois qu’on voit une chose pareille. » Et surtout, que la cause est totalement inconnue. « Nous faisons des contrôles réguliers des ruches. Après l’hiver. » Et plusieurs fois par an, notamment pour vérifier s’il n’y a pas de problèmes, comme des moisissures, la présence de la fausse teigne, appelée aussi papillon de la ruche, ou de ces acariens appelés Varroa. Des parasites qui se glissent dans le couvain et peuvent être la cause du "syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles". « Qu’il y ait une ruche qui ne passe pas l’hiver, parce qu’elle est "moins forte", pourquoi pas. C’est le cycle naturel. » Qu’il y ait des hivers moins froids mais plus long, soit, « on s’adapte », même si cela pose des problèmes, par rapport à la floraison.

Transhumance nécessaire et risquée…

Avec ses collègues, Cédric Dengler pratique la transhumance. Un mot qui évoque généralement le déplacement d’ovins ou bovins, mais qui s’applique aussi aux abeilles. « Suivant les saisons, nous déplaçons les ruches pour obtenir par exemple le miel de châtaignier au col de Saverne ou le miel de sapin au Donon. » Qui s’ajoutent à la miellée de printemps, celle "toutes fleurs", et au miel d’acacia. Une pratique qui n’est pas sans risques…

On parle souvent de la pollution, qui peut impacter les abeilles, mais pas le miel. D’où les nombreuses expériences de ruches sur les toits, en pleine ville. Et même à Paris. « Le miel est un produit "fini". Il ne dépend que de la fleur. » Le souci des apiculteurs vient moins de la pollution atmosphérique que de celle du sol. « A force d’utiliser des pesticides, les agriculteurs souillent le sol sur une longue durée. » Lorsqu’il pleut, les petites flaques d’eau en sont gorgées. Voire même les plantes, et donc la rosée. « Les abeilles ont besoin de s’hydrater. » Et elles absorbent les pesticides. Mortels.

Autre problème, « la monoculture. De Forbach à Metz, vous trouvez quoi ? Du colza ! » Alors qu’autrefois, « tout le monde jardinait, plantait des fleurs et les paysans avaient des cultures différentes, des champs pour faire du foin ». Tout cela impacte aussi la production. « On est passé en une année de 180 kg à 80 kg de miel produits. ». D’où la nécessité de bouger les ruches.

Cédric, comme ses collègues apiculteurs, cherche des réponses de son côté, mais attend évidemment beaucoup de l’étude sanitaire qui va être réalisée. En attendant, il couve ses ruches et leurs couvains.

Source © Michel Levillain./ Le Republicain Lorrain
mardi 18 novembre 2014
Alexandre Grothendieck, généralement tenu pour le plus grand mathématicien du XXe siècle, est mort le jeudi 13 novembre. La nouvelle donne lieu à de nombreux articles rappelant son parcours et les extraordinaires avancées que son œuvre a rendues possibles dans le domaine des mathématiques.

« Pour Grothendieck, l’urgence écologique était devenue plus importante que les maths »

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Entretien avec Christian Escriva

Reporterre publie un document exceptionnel : l’interview de Christian Escriva, qui fut pendant dix ans l’ami et le confident d’Alexandre Grothendieck, avant que le génial mathématicien ne trépasse à Lasserre, le petit village où il a vécu seul les vingt-trois dernières années de sa vie. Son témoignage éclaire d’un jour nouveau le mythe qu’est devenu Grothendieck.

Présenté dans les médias comme le « plus grand mathématicien du XXe siècle », Alexandre Grothendieck est décédé jeudi 13 novembre à l’hôpital de Saint-Girons (Ariège) à l’âge de 86 ans. Une cérémonie aura lieu ce lundi à sa mémoire, dans un lieu d’Ariège tenu secret en accord avec ses dernières volontés.

Le nom du génial scientifique ne disait sans doute rien à Rémi Fraisse, mais dans sa retraite de Lasserre, petit village des Pyrénées où il vivait depuis vingt ans, Alexandre Grothendieck a dû se sentir proche du jeune militant écologiste comme il devait se sentir en affinité avec les zadistes de Sivens ou de Notre-Dame-des-Landes.

Le nom de ce grand mathématicien atypique restera en effet à jamais associé à la naissance de l’écologie politique comme l’a opportunément rappelé la parution de Survivre et vivre. Critique de la science, naissance de l’écologie, auquel Reporterre a consacré un article en avril dernier. Survivre et vivre connut de 1970 à 1975 plus qu’un succès d’estime – le tirage de la revue a atteint douze mille exemplaires.

Dès le premier numéro paru en août 1970, Alexandre Grothendiek y affiche sa radicalité. Il dénonce le fait que « les savants poursuivent trop souvent leurs travaux sans souci des applications qui peuvent être faites, qu’elles soient utiles ou nuisibles, et de l’influence qu’ils peuvent avoir sur la vie quotidienne et l’avenir des hommes ». De l’homme lui-même le livre parle très peu. Alexandre Grothendieck était en effet quelqu’un d’énigmatique qui vivait en ermite.

Quel personnage étonnant pourtant que ce génie de la géométrie algébrique né en 1928 à Berlin d’un père anarchiste russe et d’une mère allemande socialiste révolutionnaire qui, lorsqu’ils quittent l’Allemagne en 1933 pour aller se battre aux côtés des républicains espagnols le confie à un pasteur du Sud de la France. Lauréat en 1966 de la médaille Fields, le prix Nobel des mathématiques, il le refusa pour des raisons politiques et utilisa surtout comme tribune son poste au Collège de France.

Réalisées en un temps très court, ses découvertes inspirent encore les mathématiciens. Lui s’est retiré brusquement de la communauté scientifique et de ses institutions en 1971 pour couler en accord avec ses convictions des jours que l’on espère paisibles. Il refusait tout contact avec les medias mais raconte sa vie dans Récoltes et Semailles, un texte autobiographique disponible sur Internet.

Reporterre a eu la chance de rencontrer samedi Christian Escriva. Aujourd’hui producteur de plantes médicinales dans les Alpes, Christian Escriva a fait des études universitaires de physique théorique, puis de philosophie et de psychanalyse. Il fut le confident et l’ami de l’illustre mathématicien qu’il rencontra à la faculté de Montpellier où celui-ci venait d’être nommé après son départ de l’IHES (Institut des Hautes Etudes Scientifiques) et son éviction du Collège de France, jusqu’à son départ pour Lasserre.

Christian Escriva a connu les différents lieux que fréquenta Alexandre Grothendieck vers Lodève, vers Gordes (où il habita dans la maison de l’ethnologue Robert Jaulin) et vers Mormoiron, dans le Vaucluse. Il l’a revu il y a quinze jours, en Ariège, alerté de l’aggravation de son état de santé par l’un des cinq enfants qu’Alexandre Grothendieck eut de trois femmes différentes.


- Christian Escriva -

Son témoignage apporte un éclairage particulier et personnel sur le génial mathématicien qui fut une personnalité originale préoccupée par l’urgence écologique et engagée dans une démarche intérieure tournée vers la spiritualité et la méditation.

Reporterre - Où et comment avez vous connu Alexandre Grothendieck ?

Christian Escriva - J’ai connu Alexandre Grothendieck en 1973 alors qu’il venait d’être nommé professeur à l’Université de Montpellier. J’étais à l’époque étudiant en mathématiques en troisième année. Il n’a pas été mon professeur mais j’ai assisté à plusieurs de ses cours, il enseignait alors en deuxième année d’université.

Quel genre de professeur était ce ?

Alexandre Grothendieck était un professeur passionné et atypique. Il était animé d’un feu particulier et ses méthodes pédagogiques peu conventionnelles n’étaient pas toujours appréciées de ses collègues. Voici une anecdote qu’il m’a racontée à ce sujet : pour un examen il avait demandé à ses étudiants de venir avec du papier bristol, une paire de ciseaux, de la colle et des feutres. Il leur demanda de réaliser un polyèdre et d’en colorier les arêtes d’une certaine manière : un problème de théorie des groupes ! Tous ses étudiants eurent une excellente note.

Lors de la réunion pédagogique qui suivit, les autres professeurs lui reprochèrent ces résultats trop brillants à leurs yeux. L’un d’eux dit : « Les étudiants ne sont quand même pas là pour s’amuser ! » Alexandre rétorqua : « Ah bon ? Moi cela fait trente ans que je fais des mathématiques et je n’ai jamais cessé de m’amuser ».

Un mot sur le mathématicien qu’il a été.

On le dit « plus grand mathématicien du monde » mais je laisse à ses pairs mathématiciens le soin d’en parler. L’histoire la plus connue à ce sujet est celle des « 14 problèmes ». Alexandre Grothendieck était encore un jeune mathématicien lorsqu’il fut recommandé à Laurent Schwartz et Jean Dieudonné. Les deux mathématiciens lui confièrent une liste de quatorze problèmes en lui demandant d’en retenir un comme sujet de thèse. Quelques mois plus tard, il revint les voir en ayant tout résolu !

Alexandre me dit un jour qu’en somme il accomplissait en une semaine ce qu’un mathématicien normal et assez doué mettait une année à accomplir ! Il était capable de travailler dans une tension intellectuelle phénoménale !

Comment vivait-t-il cette capacité hors norme ?

Très simplement. Il en parlait en toute modestie, cela le faisait même parfois rire. Mais selon certains mathématiciens qui l’ont connu (et je le pense aussi) lorsqu’il était à l’IHES (Institut des Hautes Études Scientifiques), la tension intellectuelle dans laquelle il travaillait, difficilement soutenable pendant une très longue période, est l’une des raisons pour lesquelles il mit fin à sa carrière « officielle » de mathématicien. On dirait aujourd’hui de manière un peu triviale qu’il a « craqué ». Mais ce n’est qu’un facteur parmi d’autres : il y a selon moi des raisons bien plus profondes

Qu’est-il arrivé pour qu’il change ainsi complètement de vie en 1970 ?

Il y a d’abord, c’est indéniable et c’est l’élément le plus souvent mis en avant, l’antimilitarisme d’Alexandre Grothendieck. Il a toujours eu à ce sujet des positions extrêmement fortes et claires qui lui venaient de son enfance. En 1970, il apprit que l’IHES était en partie financé par les militaires et cela a été un raz de marée pour lui. Il me dit un jour qu’il comprit qu’en somme les scientifiques se prostituaient pour les militaires ! Mais la proportion de financement militaire du budget de l’IHES était en fait minime. Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut aborder un aspect plus profond de sa personnalité.

C’est-à-dire ?

Alexandre avait pris conscience aux Etats-Unis de l’urgence écologique ; il y avait donné une série de conférences après avoir obtenu la médaille Fields en 1966. Ceci l’amena à créer en 1970 avec deux autres mathématiciens, Claude Chevalley et Pierre Samuel, le groupe Survivre et Vivre, pacifiste, écologique et très marqué par le mouvement hippie. Alexandre collabora étroitement à Survivre et Vivre jusqu’en 1973 avant de prendre du recul et de s’engager dans une recherche spirituelle, tout en estimant que la situation écologique était décidément dramatique .


- Une réunion de rédaction à Survivre et vivre -.

Pouvez vous en dire plus ?

Alexandre était revenu des Etats-Unis imprégné entre autres des thèses spirituelles du médecin-poète américain R.M. Bucke, auteur de l’ouvrage Cosmic consciousness (Conscience cosmique), qui n’est pas traduit en français à ma connaissance. Nous avons souvent et longuement réfléchi sur les idées exprimées dans cet ouvrage dans lequel, pour le dire très vite, Bucke développe la thèse selon laquelle l’humanité est appelée à muter et les hommes à atteindre des niveaux de conscience particuliers, comme l’ont fait notamment Shakespeare, Spinoza, Socrate, D-H Thoreau ou encore Walt Whitman, qu’il évoque dans le livre.

Alexandre avait également un immense intérêt pour Krishnamurti, Gandhi, la Bhagavad Gîta, le Tao Te King... C’est dire qu’Alexandre Grothendieck a quitté ce monde scientifique, dans lequel il avait toute sécurité matérielle et reconnaissance pour différentes raisons. Pendant les années où je l’ai régulièrement fréquenté, entre 1973 et 1983, l’essentiel de son énergie était absorbée par cette recherche intérieure.

Quelle était sa vie à l’époque ?


Ces années ont été des années d’ouverture sur le monde. Alexandre Grothendieck a été professeur à l’Université de Montpellier jusqu’en 1988. Il habitait Villecun, un petit village au dessus de Lodève jusqu’au début des années 80, dans une maison où il vivait ce qu’on appellerait aujourd’hui la décroissance. Sur ce point là aussi, quand on y pense, il était précurseur.

Comment cela se passait-il ?

J’ai bien connu cette maison car il m’est arrivé d’y passer des semaines entières avec lui. Il vivait très simplement en faisant attention à tout ce qu’il mangeait : il était particulièrement sensible à la qualité " bio " de la nourriture, sans être absolument végétarien. La maison était alimentée en électricité qu’il n’utilisait quasiment pas, sauf peut-être pour faire fonctionner une perceuse ! Alexandre s’éclairait à la bougie et à la lampe à pétrole ; la cuisinière et le chauffage étaient au bois. Il faisait lui-même son bois et ses courses, une fois par semaine. Il avait encore une voiture, on la qualifierait aujourd’hui d’épave !

Etait-t-il impliqué dans des mouvements ? Voyait-il beaucoup de monde ?


Non, il n’était plus impliqué dans le militantisme écologique mais c’était une période d’ouverture pendant laquelle il voyait, non pas énormément de monde, mais beaucoup de gens tout de même. Alexandre était exceptionnellement communicatif et pouvait parler des heures et des heures d’affilée. Le mouvement Survivre et Vivre avait imaginé le concept de « dissidence » selon lequel il fallait quitter les grandes villes, vivre dans la nature et expérimenter de nouveaux modes de vie.

Il vivait cela. Il avait créé une association qui avait acheté des terrains sur lesquels des personnes s’étaient installées. A Paris, ses velléités communautaires avaient vite tourné court. Alexandre avait au fond un tempérament très solitaire et il était sans doute difficile de vivre avec un être tel que lui.

Que s’est-il passé ensuite ?

La période pendant laquelle il a vécu à Villecun a été une période pendant laquelle il a été selon moi heureux. Il a habité ensuite peu de temps dans la maison de son ami l’anthropologue Robert Jaulin, près de Gordes. Puis il a vécu pendant quelques années dans une autre maison près de Mormoiron, toujours dans le Vaucluse, qu’il a quittée pour s’installer à Lasserre, dans l’Ariège en 1991, à 63 ans donc. A partir de cette époque, il n’a plus voulu voir personne, ni ses amis ni sa famille. Cela a été une volonté délibérée et comme à son habitude, sans faille.

Vous-même ne l’avez donc plus revu ?

Non. Les lettres que je lui ai adressées sont toutes revenues avec la mention « retour à l’envoyeur ». Alexandre a continué à vivre dans un esprit de décroissance. Il n’avait plus de voiture, son téléphone était sur liste rouge et il avait tout organisé pour avoir le moins de contacts possible. Il s’était arrangé pour que quelqu’un lui fasse ses courses et évitait d’être en contact même avec le facteur. Il avait imaginé un système de pince à linge pour être prévenu quand il avait du courrier !

Comment pensez-vous qu’il a vécu cette période ?

A mes yeux, et ayant eu avec lui une relation très amicale et très proche , je sais qu’il avait pris la décision de vivre la dernière partie de sa vie dans la solitude et la méditation. Il a fait ce choix d’une manière libre et consciente. Vu de l’extérieur, ceci pourrait apparaître comme une forme de folie. Mais je sais qu’Alexandre a toujours été dans ce qu’on nommerait communément "la démesure". Il me disait régulièrement qu’au fond il s’accommoderait bien d’être emprisonné : en prison, disait-il, il aurait toute latitude pour méditer !

La lecture du texte autobiographique Récoltes et semailles qu’il a écrit en 1988 alors qu’il habitait encore Mormoiron et qui est à mon avis impubliable, laisse à penser qu’il vivait dans une sorte d’amertume, voire d’aigreur. Il se plaint beaucoup dans ce texte que ses idées ont été « pillées » à partir du moment où il a quitté la scène des mathématiques. Mais ceci n’est qu’un aspect de ses dispositions intérieures.

A-t-il continué ses travaux de mathématicien ?

Selon les très rares témoignages que j’ai pu avoir, oui. Il aurait notamment refait les calculs des grands cosmophysiciens sur les différents modèles d’univers. Alexandre ne pouvait s’empêcher de faire des mathématiques, c’était une seconde nature chez lui. Alexandre vivait entouré de plantes. Je pense que sa recherche intérieure et son inquiétude pour la situation écologique avaient pris chez lui le pas sur toute autre chose.

Il me disait souvent que s’il avait 25 ans aujourd’hui, la préoccupation de travailler sur cette situation dramatique que nous vivons sur le plan écologique aurait absorbé l’essentiel de son énergie : il ne se serait, me disait-il, certainement pas consacré aux mathématiques !

Source © Propos recueillis par Philippe Desfilhes / Reporterre




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Mort de Serge Moscovici, esprit brillant de la pensée écologique


Triste semaine pour l'écologie. Après le mathématicien génial et écologiste radical, Alexandre Grothendieck, c'est Serge Moscovici qui vient de s'éteindre à 89 ans. 

Philosophe, anthropologue, psychosociologue et pionnier de la pensée écologiste, Serge Moscovici, ce fut d'abord une vie, avec un grand V. Né en Roumanie en 1925, où il échappe de peu aux persécutions antisémites avant plusieurs années de travail forcé, il se réfugie en France en 1948 au terme d'une longue odyssée à travers l'Europe. Et c'est à Paris qu'il se choisit son destin, celui d'un aventurier de la pensée, à cheval entre la France, où il enseignera à Jussieu, à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, et les Etats-Unis, où il interviendra à Princeton, Stanford et plus tard, à la New School for Social Research à New York.

Esprit brillant, iconoclaste, et inlassable curieux, il est (entre autres bijoux!) l'auteur de deux livres cultes de la pensée écologique, Essai sur l'histoire humaine de la nature et La société contre nature. Deux ouvrages brillants et originaux dans lesquels il lance l'idée d'écologie politique, le père de l'actuel commissaire européen aux affaires économiques et sociales Pierre Moscovici invente un « naturalisme subversif », s'interroge sur la fonction de la science et le sens du progrès.

L'écologie, insistait-il, ne se réduit pas à sa dimension économique ou technico-scientifique, mais pose des questions existentielles et réside dans un choix « culturel », un sens donné au « vivre ensemble ».

Nous l'avions longuement rencontré en 2008 dans son appartement du 12e arrondissement, pour une des rares interviews qu'il aie données ces dernières années. Nous avions parlé de mai 68, et beaucoup d'écologie. Morceaux choisis, en forme d'invitation à se (re)plonger dans cette pensée vivifiante, car oui, il faut lire Serge Moscovici !

La nature, LA grande question des temps modernes


« Je fais partie d'une génération née au milieu des destructions de la guerre qui a vu proliférer une culture de la mort, avec les camps de concentration et la bombe atomique. Pour moi, il ne faisait aucun doute que la question naturelle allait devenir LA grande question des temps modernes, qu'elle allait même supplanter la question sociale. 

« Quand nous avons créé une section d'anthropologie à Jussieu, l'anthropologue Robert Jaulin, le philosophe Jean-Toussaint Desanti et moi-même, nous nous sommes très rapidement retrouvés devant plus de mille personnes. La majorité n'étaient pas étudiants en sciences sociales, mais en médecine ou en sciences dites “dures”.

Cette émergence de scientifiques critiques envers la science est très particulière à Mai 68. C'est à ce moment là qu'ils ont commencé à se structurer, à construire des groupes. Et à ouvrir des horizons libérateurs à la fois en matière d'histoire ou de philosophie des sciences mais aussi de réflexion sur nos rapports à la nature. Autour des mathématiciens Pierre Samuel et Alexandre Grothendieck s'est retrouvée toute une pléiade de chercheurs qui se sont engagés à fond dans la défense de la nature. Contrairement à une idée reçue selon laquelle les scientifiques seraient indifférents aux problématiques posées par la science, ils furent les premiers à contester, informer et nous ouvrir les yeux. »

Parler de nature, pas d'environnement


« L'idée d'“environnement” nous vient de la biologie ancienne, darwinienne : c'est un élément extérieur à l'homme, une sorte de bulle dans laquelle il est enfermé et face à laquelle il réagit et s'adapte. Mon idée de la nature consiste précisément à critiquer cette notion d'environnement. Il est impossible de penser l'environnement indépendemment de l'homme et de la culture, ou de la société. La nature n'est pas quelque chose d'extérieur. Nous ne nous y adaptons pas ; nous en dépendons car nous l'avons faite autant qu'elle nous a faits. C'est même en faisant la nature que nous la connaissons. La nature est un produit de l'histoire humaine. »

L'écologie politique

« J'ai toujours beaucoup cru à la position de minorité active, qui correspond à la réalité d'un petit mouvement en formation – ce qui est toujours le cas de l'écologie politique. Ce positionnement a des avantages, il est plus adapté à des actions de proximité, et permet toutes sortes d'expérimentations sociales, comme les socialistes l'ont fait au XIXe siècle avec les phalanstères, les mutuelles... (…)

Etre une minorité permet d'être plus libre dans son expression et à la société d'être plus attentive à ce que vous faites. Elle provoque un bouillonnement d'idées et de pratiques nouvelles. Une grande partie des changements sociaux sont d'ailleurs l'œuvre de minorités, même si cela prend du temps. 

En général, la première génération perd. Puis la seconde est mieux acceptée et peu à peu, ce qui était considéré comme une utopie se banalise. Voilà pourquoi j'étais – et reste – convaincu que nous ne devions pas essayer d'être un parti comme les autres (.)

Le Parti socialiste a mis un siècle pour s'inscrire dans une culture, se structurer et conquérir le pouvoir. Alors, c'est croire au miracle que de penser que le paysage électoral peut changer tout d'un coup. Et puis, j'ai toujours été convaincu que le mouvement écologique ne se réduisait pas à la seule sphère politique, mais qu'il était aussi un mouvement social, et culturel. »

C'est quoi, parler d'écologie ?

« Ce discours protecteur qui fonctionne par injonctions – “Mange plutôt ceci! Mange plutôt cela! Fais attention aux produits chimiques, aux ondes électromagnétiques...” – me fait penser à de l'élevage par stabulation. On se comporte avec les hommes comme avec les animaux : on les isole de leur milieu, on les parque, on les protège ; des techniciens s'occupent de leur santé et de leur espace. »

« S'interroger sur l'augmentation de la température, sur l'air que l'on respire, ne suffit pas. Par exemple, quand on parle de la pollution urbaine, on passe à côté du problème essentiel, celui de la sur-massification : aujourd'hui, tout le monde est préparé dès son plus jeune âge à faire partie d'une foule, d'une masse... Mais comment vit-on dans des villes de 30 ou 40 millions d'habitants?

En tant qu'écologiste, la question des armements de destruction massive me préoccupe. L'écologie, et avec elle, la pensée critique sur la nature et la science est née avec Hiroshima. Voilà pourquoi la politique de la nature est d'abord une politique de la science, qui devrait permettre de s'interroger : que fait-on de la science, quels types de connaissances produit-on, et à quel rythme introduit-on du changement?

Aujourd'hui, on pense qu'il n'y a qu'une alternative – soit c'est le progrès qui décide, soit c'est le marché. Mais c'est faux. On peut choisir, ou pas, de produire une connaissance ou de l'utiliser. (…)

Le libéralisme a appris aux individus à penser en termes d'économie de marché. Le socialisme en termes de rapports sociaux. L'écologie devrait nous apprendre à penser notre vie, et à faire des choix, en nous appuyant sur une politique de la nature.

Et puis, pourquoi faudrait-il sensibiliser les gens à ce qu'on appelle la “nature” par la pédagogie de la peur et de la catastrophe ? Pourquoi ne dit-on pas plutôt que l'on peut se développer et inventer des solutions sans être constamment sous la menace? (…) Il faudrait que le discours écologiste se réinstaure sur la confiance. »

Une écologie en cours de formation

« Ces histoires de nature échappent encore à beaucoup de monde. Y compris aux intellectuels qui sont très rares à s'y intéresser. En grande partie parce que la nature reste une question très difficile à saisir, qui demanderait de rapprocher des domaines très éloignés les uns des autres : la sociologie, la physique, la biologie, l'anthropologie... Et même la religion, qui pose des questions intellectuellement passionnantes : si le modèle de la nature, c'est Dieu, comment expliquer que cela ne marche pas?

Bref, pour l'instant, on n'accepte pas que la question naturelle soit au coeur de toutes les questions que nous posons aujourd'hui. Cela prendra du temps. L'écologie est encore en cours de formation. »






mercredi 18 avril 2012
Le prix Goldman est remis chaque année à 6 défenseurs de l’environnement d’Afrique, d’Asie, d’Europe, des nations insulaires, d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et du Sud. Cette récompense prestigieuse s’accompagne d’un chèque de 150 000 dollars.





Cette année les lauréats sont:


Evgenia Chrikova pour la Russie

Depuis six ans, Evgenia Chrikova se bat pour sauver la forêt de Khimki, près de Moscou.

La forêt est menacée par un projet d’autoroute auquel le groupe de BTP français Vinci participe sans se préoccuper des conséquences environnementales.Evgenia Chirikova aurait pu rester la tranquille ingénieure qu’elle était si la corruption de l’administration russe et la voracité d’un groupe de construction français ne l’avaient fait sortir du bois.

Après avoir subi menaces, agressions et arrestations arbitraires, et alors qu'en cet été de canicule 2010 les incendies dévorent les forêts russes et qu’un nuage asphyxie les Moscovites. Evgenia est devenue la porte-parole d’une mobilisation citoyenne qui provoque des remous à Moscou et fait tache sur les belles plaquettes de communication « durable » du premier groupe mondial de construction, Vinci.

Cette mobilisation s’oppose au tracé de la future autoroute Moscou/Saint-Pétersbourg, qui traverse une zone naturelle protégée et détruit une forêt ancienne. Les écologistes ont remporté une première victoire le 27 août 2010, obligeant le président russe Dmitri Medvedev à suspendre le projet, qui a bien sûr repris depuis.




Ma Jun pour la Chine


Ma Jun, le directeur de l’Institut des affaires publiques et environnementales de Chine a été récompensé du prix Goldman.

Ce défenseur de l’environnement a été récompensé pour avoir créé en 2006 une base de données en ligne répertoriant les entreprises pollueuses présentes en Chine. Une initiative destinée à sensibiliser l'opinion publique tout en incitant les pollueurs à assainir leurs pratiques pour se voir retirer de la liste noire.







Edwin Gariguez pour les Philippines

Aux Philippines, Edwin Gariguez, secrétaire exécutif de NASSA qui a été fondé en 1966 par les évêques du pays a pour mandat d’accompagner les pauvres dans leur combat pour la justice sociale.

Un de ses principaux objectifs vise à atténuer la pauvreté rurale grâce à une agriculture durable.

« Si nous pouvions développer notre propre potentiel agricole, nous n’aurions pas besoin de détruire notre terre sous prétexte de développement », lance le père Edwin Gariguez, secrétaire exécutif de NASSA.

Il arrive souvent, aux Philippines, qu’on promeuve les grandes plantations ou les mines au nom du développement économique.

En 2010, NASSA a mené une campagne couronnée de succès afin de prolonger jusqu’en 2014 le programme national de réforme agraire de manière à ce que davantage de grandes plantations soient redistribuées à de petits producteurs. « Le droit à la vie est inséparable du droit aux sources d’alimentation et aux moyens de subsistance », ajoute le père Gariguez.





Ikal Angelei pour l'Ethiopie


Ikal Angelei peut avoir le sourire. La créatrice de la fondation les amis du lac Turkana vient de remporter le très prestigieux prix Goldman pour l’environnement. Cette récompense rend hommage au dévouement d’Ikal Angelei qui se bat depuis 2007 contre la construction d’un barrage en Éthiopie. Un barrage qui permettrait à l’Éthiopie de doubler ses capacités de production électrique.

Un bond en avant considérable pour ce pays mais qui se ferai au détriment de près de 500 000 kényans qui vivent au bord du lac Turkana. La construction de cet édifice abaisserait le niveau de l’eau d’une dizaine de mètre et augmenterait sa teneur en sel, la rendant impropre à la consommation.

Le barrage est toujours en construction mais Ikal Angelei a déjà obtenu le retrait de la banque de développement africaine. Aujourd’hui seule ICBC, une banque chinoise a consenti un prêt de 500 millions de dollars pour que la construction se poursuive.

Ikal Angelei attend désormais la décision de la banque mondiale qui décidera en mai prochain si elle s’engage dans la construction de ce barrage.





Caroline Cannon pour l’Amérique des grands nord

Caroline Cannon, présidente de Native Village of Point Hope, se bat en Alaska contre les grands groupes pétroliers et pour le respect des cultures Inuits

Les populations locales et les défenseurs de l’environnement sont mécontents du récent accord passé par quelques centaines de concessions pétrolières et gazières, qu’elles considèrent comme un gros problème écologique pour cette région. Les groupes pétroliers ont contestés ces accords devant la cour fédérale.

L’accord Chukchi 193 est le nom officiellement donné aux quelques 500 accords qui ont été «amenés» par l’administration Bush, puis ré abordés par l’administration Obama .

«Nous avons le droit à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité, et avons le droit d’apprécier les bienfaits de notre culture,» dit Caroline Cannon, présidente de Native Village of Point Hope.

«Pour cela, nous nous battrons. Notre culture ne pourra jamais être achetée ou réparée avec de l’argent. Elle est inestimable.»






Sofia Gatica pour l'Argentine

La litanie de Sofia Gatica fait froid dans le dos.

«Dans cette maison, cancer des intestins. Dans celle-ci, tumeurs au cerveau. Là, un cas de leucémie. À côté, encore un cancer Et là, de nouveau leucémie. »

Cette femme de 42 ans habite à Ituzaingo Anexo, une banlieue de la ville de Cordoba, à 700 km au nord-ouest de Buenos Aires (Argentine ). Sur 5 000 habitants, plus de 200 cas de cancers ont été recensés.

C'est quand elle s'est rendu compte que nombre de ses voisins portaient un foulard sur la tête ou un masque sur le visage que Sofia a commencé à enquêter. Elle a découvert alors l'insoutenable envers du décor avec sa cohorte de tumeurs, de malformations de foetus, de problèmes hormonaux ou respiratoires, ou de maladies spécifiques, comme le lupus ou le purpura. Sa propre fille est née avec une malformation aux intestins et est morte deux mois plus tard.

En 2002 se crée l'association Mères d'Ituzaingo Anexo. En 2006, la direction de l'environnement de la ville de Cordoba analyse le sang de trente enfants : tous ont des traces de pesticides, vingt-trois d'entre eux au-dessus des normes autorisées. Ici, une rue seulement sépare les premières habitations des champs de soja, et l'épandage de pesticides se fait par avion.

Au bout de dix ans, un procureur donne raison aux Mères d'Ituzaingo. De nouvelles analyses de sang confirment la présence d'endosulfan et de glyphosate. Ce dernier élément constitue le principe actif du Roundup , l'herbicide total conçu par l'entreprise américaine Monsanto. En décembre dernier, le procureur a mis en examen des producteurs de soja, le propriétaire de l'avion et le pilote, et a interdit l'épandage par avion à moins de 1 500 mètres des habitations.





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Le Prix Goldman pour l'environnement


Trop souvent les héros de l'environnement au niveau local ne reçoivent pas la reconnaissance qu'ils méritent. Et pourtant leurs activités pour protéger les ressources naturelles mondiales deviennent de plus en plus essentielles à la survie de la planète que nous partageons tous. En conséquence, en 1990, M. Richard N. Goldman et feu sa femme, Mme Rhoda H. Goldman (1924-1996), leaders communautaires et philanthropes de San Francisco, ont créé le Prix Goldman pour l’environnement. Actuellement, ce Prix continue à remplir sa mission initiale qui est de rendre honneur aux héros de l'environnement provenant d'une des six régions continentales : l'Afrique, l'Asie, l'Europe, les nations insulaires, l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud/Centrale. Le Prix récompense les efforts soutenus et importants de personnes cherchant à préserver et à améliorer l'environnement naturel, souvent à grands riques pour elles-mêmes. Chaque gagnant reçoit une récompense de 150 000 USD, la plus grande récompense au monde offerte aux défenseurs de l'environnement à titre individuel. Le Prix Goldman considère ces champions populaires comme étant ceux qui sont engagés dans des activités locales auxquelles les citoyens participent pour engendrer des changements positifs dans des questions écologiques qui les touchent. En reconnaissant ces leaders individuels, le Prix vise à inspirer d'autres personnes ordinaires à entreprendre des actions extraordinaires pour protéger le milieu naturel.

Les lauréats du Prix
Les travaux des lauréats du Prix Goldman se concentrent souvent sur la protection d'écosystèmes et d'espèces menacés, la lutte contre des projets de développement destructifs, la promotion de l’autosuffisance, l’influence sur les réglementations ayant trait à l’environnement et des actions visant à la justice écologique. Les lauréats du Prix sont souvent des hommes et des femmes vivant dans des villages isolés ou des grandes villes qui choisissent de préserver l'environnement au péril de leur propre vie.

Ce que le Prix Goldman offre à ses récipiendaires
Le Prix Goldman valide les voix de ces champions populaires et leur permet :

une reconnaissance internationale qui renforce leur crédibilité ;
une visibilité mondiale pour les problèmes dont ils se font les hérauts, et
un soutien financier de 150 000 USD pour poursuivre leur vision vers un environnement renouvelé et protégé.

Annonce du Prix et événements associés chaque année
Les lauréats du Prix Goldman pour l’environnement sont sélectionnés par un jury international d'après des nominations confidentielles soumises à un réseau mondial d'organisations et de personnes intéressées par l'environnement. La remise des prix a lieu chaque avril pour coïncider avec le Jour de la terre. Les lauréats du Prix sont invités à participer à un tour de 10 jours de San Francisco et de Washington, D.C. pour la cérémonie et la présentation des prix, des conférences de presse, des briefings avec les médias et des rencontres avec des leaders dans le monde de la politique et de l'environnement.

Les Ouroboros
En plus d’une récompense monétaire, chacun des six récipiendaires annuels du Prix Goldman reçoit une sculpture en bronze qui est une version stylisée de l’Ouroboros, un serpent se mordant la queue. Commun à de nombreuses cultures autour du monde, l’Ouroboros est un symbole des pouvoirs de la nature et de son renouveau.

Les lauréats 2011 ...sont ici...
samedi 29 octobre 2011

...Il y a 30 ans...

...No Comment...

Georges Brassens - "Dans l'eau de la claire... par New-Vision
vendredi 30 septembre 2011
Wangari Maathai rêvait "qu'en replantant des millions d'arbres, on oriente l'Afrique vers la paix"

La Kényane Wangari Maathai, première femme africaine à avoir reçu le prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de l'environnement, est morte, dimanche 25 septembre, des suites d'un cancer.

Le Mouvement de la ceinture verte (Green Belt Movement), qu'elle avait fondé en 1977, a annoncé ce lundi sa mort sur son site Internet: "C'est avec une immense tristesse que la famille du Pr Wangari Maathai annonce son décès, survenu le 25 septembre 2011 après un long et courageux combat contre le cancer."

Auteure de nombreux ouvrages, cette biologiste et vétérinaire de formation était âgée de 71 ans. Elle était une figure du combat écologiste dans son pays dès les années 1970. En 2004, lorsqu'elle s'est vu décerner le prix Nobel, le jury avait alors motivé son choix en louant son "approche holistique du développement durable, qui englobe la démocratie, les droits humains et en particulier ceux de la femme".


DES ARBRES POUR LA BIODIVERSITÉ ET LE DROIT DES FEMMES

Le Green Belt Movement œuvre, grâce à des projets de plantations d'arbres en Afrique, à promouvoir la biodiversité tout en créant des emplois pour les femmes et en valorisant leur image dans la société. Depuis sa création, il y a bientôt quinze ans, l'organisation a permis de planter près de 40 millions d'arbres sur le continent.

Dans son autobiographie publiée en 2006, Unbowed: A Memoir ("Insoumise : Mémoires", Celle qui plante des arbres, éditions EHO), Wangari Maathai racontait comment, sous l'effet du changement climatique notamment, l'environnement s'était dégradé dans sa région du mont Kenya. "A l'époque de ma naissance, les paysages autour d'Ihithe (Centre) étaient riches, verts et fertiles, (...) les saisons étaient si régulières", raconte-t-elle. "Aujourd'hui, le climat et l'environnement ont changé" et sont devenus "imprévisibles".

Au-delà de son pays natal, Wangari Maathai avait étendu son combat pour l'environnement à toute l'Afrique. Ces dernières années, la militante s'était investie dans la sauvegarde de la forêt du bassin du Congo, en Afrique centrale, deuxième massif forestier tropical au monde.

CARRIÈRE POLITIQUE

Wangari Maathai a été la première lauréate d'un doctorat en Afrique centrale et de l'Est. Elle a dirigé la Croix-Rouge kényane dans les années 1970, s'impliquant surtout dans le combat contre le régime autoritaire du président de l'époque, Daniel Arap Moi.

Plusieurs fois blessée par les forces de sécurité lors de manifestations, elle a connu à plusieurs reprises la prison.

Après l'avènement du multipartisme et l'élection de Mwai Kibaki, en 2002, Wangari Maathaï devient secrétaire d'Etat à l'environnement entre 2003 et 2005. Elle sera vite déçue de cette expérience et, quand le Kenya se retrouve au bord du chaos dans la foulée de la réélection contestée de Kibaki en 2007, elle accuse ce dernier d'avoir "échoué à protéger ses citoyens et leurs biens". Ce qui lui vaudra, dira-t-elle, des menaces de mort.

Certaines de ses déclarations controversées sur le sida en 2003 – sur lesquelles elle est revenue – avaient cependant suscité des réserves à son égard, notamment de Washington.

Mme Maathai a été mariée un temps à un politicien, qui a divorcé d'elle, la laissant avec trois enfants – Waweru, Wanjira et Muta – et une petite-fille, Ruth Wangari. Son ex-mari lui reprochait d'être "trop instruite, trop forte, trop brillante, trop têtue et trop difficile à contrôler".

Source: © Le monde




...Et en hommage à cette grande dame, je souhaite vous faire partager cette magnifique histoire de Jean Giono, écrite en 1953 et racontée par la sublime voix de Philippe Noiret...

L'auteur d'un d'homme qui plantait des arbres était il visionnaire?

...j'en doute, car en vrai,...

c'est "l'histoire d'une femme qui plantait des arbres"


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