mardi 20 avril 2021

20/04/2021 France, eau potable: Plus d’un million de consommateurs, surtout en zones rurales, boivent une eau polluée essentiellement par des pesticides

 

L’UFC-Que choisir pointe une nouvelle fois du doigt les perturbateurs endocriniens. Plus d’un million de consommateurs, surtout en zones rurales, boivent une eau polluée essentiellement par des pesticides, dénonce mardi l’association de consommateurs.

Basée sur les résultats d’analyses réalisés pour le compte des Agences régionales de santé (ARS) et l’ONG Générations futures, l’association a mis à jour son étude nationale sur la qualité de l’eau potable et mis en ligne une carte interactive. Celle-ci révèle tout de même que la qualité de l’eau progresse : « 98 % des consommateurs ont accès à une eau conforme à la totalité des critères sanitaires, soit une progression de plus de deux points par rapport à la précédente étude de 2017 ».

Le cas des zones rurales et de montagne 

Cette amélioration s’explique par trois facteurs : « dans des grandes villes, des réseaux contaminés ont été fermés, la loi NOTRe a incité à des groupements de compétences au niveau des intercommunalités dans l’objectif de mettre des moyens financiers au pot commun et il y a eu des améliorations techniques », explique Olivier Andrault d’UFC-Que Choisir, qui a piloté l’étude.

Des problèmes subsistent toutefois, en particulier dans des zones rurales et de montagne. Selon UFC-Que Choisir, « les pollutions agricoles constituent toujours les premières causes de contaminations : 450.000 consommateurs boivent ainsi une eau dépassant les normes maximales en pesticides et 148.000 une eau contaminée par les nitrates ». L’association cite notamment les villes de Château-Gontier ( Mayenne), Langres (Haute-Marne) pour les pesticides et Berck (Pas-de-Calais), Chinon ( Indre-et-Loire​) pour les nitrates.

Les factures d’eau payent la dépollution

Par ailleurs, « ce paradoxe de la bonne qualité de l’eau potable s’explique par la mise en place de coûteux traitements de dépollution », selon l’étude. « Le coût de la dépollution des pollutions agricoles représente entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an, intégralement financé par les consommateurs via leurs factures d’eau ».

L’UFC-Que Choisir et Générations futures s’inquiètent de la disparité, selon les départements, des pesticides recherchés dans l’eau potable. « 750 molécules de pesticides ou de dérivés peuvent être rencontrées dans la nature, en moyenne on n’en recherche en France que 206 », explique Olivier Andrault. « Dans certains territoires comme l’Aisne, qui est pourtant un département agricole avec des grandes cultures intensives très utilisatrices de pesticides, on peut descendre à douze ».

Agir au nom du principe de précaution

Les associations s’inquiètent aussi de la présence de pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. L’étude « révèle ainsi la présence de pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens dans 28 % en moyenne des analyses considérées comme conformes à la réglementation ». Par conséquent, les auteurs demandent que la commercialisation de ces pesticides soit interdite au nom du principe de précaution.

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