dimanche 21 mars 2021

21/03/2021 Science: 109 composés chimiques retrouvés chez des femmes enceintes et leurs nouveau-nés, 55 jamais vus

 

Des scientifiques de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont détecté la présence de 109 substances chimiques dans le sang de femmes enceintes, dont 55 n'avaient jamais été mises en évidence chez l’être humain jusqu'à présent; Pire, 42 d'entre elles restent totalement mystérieuses, les sources et leurs usages sont totalement inconnus des services de santé. 

Ces composés chimiques sont vraisemblablement issus de produits de grande consommation. Ils ont été détectés à la fois dans le sang des femmes enceintes mais aussi dans celui de leurs bébés, suggérant une transmission de cette pollution sanguine par un passage placentaire.

Une contamination sur plusieurs générations est donc à craindre

L’étude a été publiée le 17 mars 2021 dans la revue Environmental Science & Technology. 

“Ces substances chimiques étaient probablement présentes chez les personnes examinées depuis plusieurs mois voir plusieurs années, ce n'est qu'aujourd'hui avec l'aide de nouvelles technologie que nous pouvons en identifier un plus grand nombre” explique Tracey J. Woodruff professeure d’obstétrique, de gynécologie et de sciences de la reproduction à l’UCSF.

Tracey J. Woodruff, dirige le Programme de Santé Reproductive et de l’Environnement (PRHE) et le Centre de Recherche Environnementale appliquée à la Santé (EaRTH) au sein de l’UCSF. Selon elle : 

“Il est alarmant de constater qu'un grand nombres de substances chimiques sont transmises de mère à enfant, démontrant la transmission de pollutions chimiques sanguines sur plusieurs générations.”

Mais le manque de transparence des fabricants, est un obstacle à notre connaissance

L’équipe de recherche a utilisé une spectromètre de masse à haute résolution pour identifier les substances chimiques de synthèse présentes chez les patients. La plupart des composés chimiques constatés lors de nos analyses peuvent être identifiés grâce à notre base de données, une confirmation est nécessaire par comparaison avec les substances chimiques pures élaborées par les fabricants, et connues sous le nom d’ “étalons analytiques.” Que les fabricants ne nous transmettent pas toujours .

Récemment par exemple, le fabricant Solvay a cessé de nous partager l'accès à l’étalon analytique d’un acide perfluorooctanoïque (PFAS) détecté dans le sang d'une patiente et qui semble avoir émerger comme solution de remplacement à d’autres PFAS interdits.

“Si les nouvelles technologies qui sont aujourd'hui à notre disposition sont prometteuses pour identifier davantage de substances chimiques chez les personnes examinées, nos résultats démontrent aussi que l'industrie chimique doit nous fournir leurs étalons analytiques pour nous permettre de confirmer la possible pollution par transmission de certains composés chimiques dans le sang humain et nous permettre d'en évaluer leur toxicité,” estime Dimitri Panagopoulos Abrahamsson, PhD, co-auteur de l’étude actuellement en post-doctorat au sein du PRHE-UCSF. 

Sur les 109 molécules retrouvées dans notre dernière étude 55 substances chimiques n'avaient jamais été constaté chez l'homme et 42 d'entre nous sont totalement inconnues 

Sur les 109 notre étude révèle que

  • 40 d’entre elles sont utilisées comme plastifiants, 
  • 28 en cosmétique, 
  • 25 dans des produits de consommation, 
  • 29 dans des produits pharmaceutiques, 
  • 23 dans des pesticides, 
  • 3 dans des retardateurs de flammes 
  • 7 sont des composés perfluorés (PFAS) utilisés entre autres usages dans des moquettes et du mobilier.

Les chercheurs/chercheuses estiment que ces produits chimiques pourraient aussi avoir d’autres usages.

Plus grave, ils rapportent que 55 de ces 109 substances n’avaient jamais  été détectées chez l’humain :

1 est utilisé comme pesticide : le (bis(2,2,6,6-tetramethylpiperidini-4-y) decanedioate)

2 sont des PFAs (methyl perfluoroundecanoate, très probablement utilisé dans la fabrication de revêtements anti-adhésifs et imperméables;  acide 2-perfluorodecyl éhanoïque)

10 sont des plastifiants (par ex. Le Sumilizer GA 80 – utilisé dans les emballages alimentaires, assiettes en papier, petits appareils)

2 sont utilisés en cosmétique,

4 sont produits en gros volume,

37 sont de source totalement inconnue ou quasi-inconnue (comme le 1-(1-Acetyl-2,2,6,6-tetramethylpiperidin-4-yl)-3-dodecylpyrrolidine-2,5-dione, utilisé dans la fabrication de parfums et de peintures – et si peu connu qu’il n’a pas d’acronyme ou encore le (2R0-7-hydroxy-8-(2-hydroxyethyl)-5-methoxy-2-,3-dihydrochromen-4-one (Acronyme: LL-D-253alpha) dont les usages ou sources sont quasi-inconnues.

“Il est très inquiétant que nous ne soyons pas en mesure d’identifier les usages et les sources de ces produits chimiques,” déplore Tracey Woodruff. “L’EPA doit exiger de l’industrie chimique de standardiser ses données sur les composés chimiques et leurs usages. Elle doit user de son autorité pour assurer que nous puissions disposer de ces informations pour évaluer les effets potentiels sur la santé et retirer du marché les composés chimiques présentant des risques.”

© Nature Alerte

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