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mardi 17 février 2015
Des chercheurs du Centre des sciences de la conservation (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS/UPMC) et de l'Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine de Seine-Saint-Denis démontrent pour la première fois les effets de l'emploi de pesticides par les particuliers en France.

Les scientifiques se sont basés sur des données de sciences participatives et montrent, à l'échelle d'un pays, l'impact de l'utilisation des pesticides par les jardiniers amateurs sur les insectes floricoles[1]. Ces effets varient selon l'environnement, peuvent être indirects et toucher des organismes non visés initialement. Ces résultats sont publiés dans la revue Biological Conservation.

En milieu urbain, les jardins privés représentent une ressource importante en termes de nourriture et d'abri pour les espèces animales. Pourtant, l'impact des pratiques de jardinage sur ces espèces, en particulier l'utilisation de pesticides, est très difficile à évaluer à grande échelle du fait, d'une part de l'absence de mesures standardisées et d'autre part de la difficulté d'accès à des propriétés privées. En milieu agricole, les modes de culture ou d'utilisation de produits phytosanitaires ont des impacts avérés sur la biodiversité : il est donc probable que de tels effets existent également dans les jardins privés.

Les auteurs de cette publication ont évalué les effets à grande échelle des pratiques de jardinage sur deux groupes importants d'insectes floricoles, les papillons de jour et les bourdons, à partir des données collectées dans le cadre de l'Observatoire de la Biodiversité des Jardins. Leurs analyses montrent que papillons et bourdons sont moins abondants dans les jardins traités avec des insecticides, ce qui était attendu, mais aussi dans ceux traités par des herbicides. A l'inverse, ces insectes sont plus abondants lorsque les jardiniers utilisent de la bouillie bordelaise[2], des fongicides et des granulés anti-limaces.

Si l'impact des insecticides sur les insectes est direct, celui des herbicides serait indirect, en limitant les ressources disponibles pour les papillons et les bourdons. Les autres pesticides étudiés auraient, eux, un impact positif indirect, favorisant des plantes plus vigoureuses qui offrent alors davantage de ressources aux insectes. Par ailleurs, l'impact des pesticides varie selon le type de paysage : les effets négatifs des insecticides sont plus importants en milieu urbain. Cela serait dû à la difficulté de recolonisation des jardins traités dans une matrice urbaine hostile aux insectes floricoles.

Ces résultats, de dimension nationale, montrent pour la première fois que les comportements individuels, dans un cadre privé, ont un impact sur la biodiversité, même dans un paysage urbain très anthropisé. Ils prouvent également que les conséquences des traitements phytosanitaires sont complexes et ont des effets indirects sur des organismes qui ne sont pas visés directement. En conséquence, si cette étude démontre que les papillons et les bourdons sont plus abondants dans les jardins où des fongicides ou des anti-limaces sont utilisés, cela ne signifie évidemment pas que ces pesticides sont bénéfiques pour l'ensemble de la biodiversité. Et notamment, l'effet sur la faune du sol ne doit pas être sous-estimé. D'autres études ont par exemple montré que les lombrics sont moins abondants dans les parcelles agricoles traitées par des herbicides, des insecticides ou des fongicides qui ne les visaient pourtant pas directement.



vendredi 13 février 2015
Relevé du Syndicat
 des Eaux du Sud
qui dessert en eau
 potable 22 communes
sont apparues 220 ng/l
alors que seuls 100 ng/l
de métazachlore sont tolérés. 
Suite à la contamination par deux produits chimiques d'un bassin du lac de la Haute-Sûre, en septembre 2014, le gouvernement a décidé d'interdire leur utilisation.

Le métolachlore et le métazachlore, dont des niveaux alarmants ont été trouvés dans l’eau potable, sont interdits.

Le 17 septembre dernier, plusieurs milliers de litres de métazachlore, un puissant pesticide, se déversaient accidentellement dans la Sûre, côté belge, direction le Grand-Duché. En l’espace de quelques jours, le produit atteignait presque le point de prélèvement de l’eau potable au barrage de la Sûre. Suite à cette pollution, une «task force pesticides» a été mise en place par le gouvernement.

La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, et le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, ont dressé le premier bilan de cette «task force» ce jeudi. Les deux ministres ont annoncé l'interdiction «immédiate et définitive» des deux produits phytopharmaceutiques détectés avec des valeurs alarmantes lors de cette pollution. Il s'agit du métolachlore et du métazachlore. 

«Ces deux substances sont très hydrosolubles et donc particulièrement dangereuses», explique Olaf Münichsdorfer, porte-parole du ministère de l'Environnement, à la demande de L'essentiel.

Par ailleurs, concernant les zones de captage d’eau potable, Carole Dieschbourg a fait savoir que trois zones, à Flaxweiler, à Tuntange et à Junglinster sont déjà protégées. Deux autres devraient bientôt l’être et douze autres règlements sont actuellement en préparation. L’objectif est de protéger 80 zones de captage.


-Interdiction immédiate et définitive de l’utilisation du Métolachlore sur tout le territoire luxembourgeois.

-Interdiction immédiate et définitive de l'utilisation du Métazachlore à l'intérieur des zones de protection des eaux, y inclus des zones destinées à être déclarées zones de protection des eaux ainsi que du bassin versant du lac de la Haute-Sûre.

-À l’extérieur des zones de protection: autorisation de l’utilisation du Métazachlore seulement en tant qu'herbicide, appliqué à raison de 0,75 kg/ha seulement tous les quatre ans sur la même surface.

-Interdiction de l'utilisation du Métazachlore en 2015 sur les surfaces sur lesquelles une application de Métazachlore a eu lieu entre 2012 et 2015.

Source © L'essentiel
dimanche 1 février 2015
La pollution due à l'emploi des pesticides et autres engrais reste la première cause de la mauvaise qualité des eaux. Les doses de pesticides dans les champs de France n'ont jamais été aussi élevées. La France en est le troisième pays consommateur au monde, malgré les risques encourus en termes de santé, de pollution de l'eau, de biodiversité et d'émissions de gaz à effet de serre. 

L'objectif fixé par le plan Ecophyto, lancé en 2008 dans le cadre du Grenelle de l'environnement, était de réduire de moitié les herbicides, fongicides et autres insecticides pulvérisés sur les plantes d'ici à 2018. 

Six ans après son lancement, c'est un constat d'échec : le recours aux pesticides a crû de plus de 10 % entre 2009 et 2013, avec un bond de 9,2 % entre 2012 et 2013.

Le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a présenté, vendredi 30 janvier, les axes du nouveau plan Ecophyto. L'objectif est le même pour cette deuxième version, inspirée du rapport de Dominique Potier (député PS de Meurthe-et Moselle) remis le 23 décembre au gouvernement. Il s'agit de nouveau de réduire de moitié l'usage des pesticides, cette fois à l'horizon 2025. 

Un palier intermédiaire de 25 % de baisse est fixé pour 2020. Les grandes lignes dévoilées par M. Le Foll devront encore être discutées, pour une publication qui n'est pas prévue avant juin 2015 et une mise en application possible au second semestre.

L'enveloppe allouée à Ecophyto est, elle, arrêtée. Elle devrait passer de 40 millions d'euros, budget annuel actuel, à 70 millions d'euros. Les 30 millions d'euros supplémentaires proviennent de l'augmentation de l'assiette de la redevance pour pollution diffuse. Ces aides seront attribuées à la fois par le ministère de l'agriculture et celui de l'environnement.

Le gouvernement veut s'appuyer sur les fermes « Dephy », un réseau d'exploitations pionnières. Celles-ci ont réussi à baisser de 7 % leurs traitements en 2012, puis de 12 % en 2013. L'idée est donc de développer assez rapidement ce réseau, pour le faire passer de 2 000 à 3 000 fermes, pour inciter d'autres exploitations agricoles à adopter ces démarches vertueuses. Stéphane Le Foll plaide pour que la réduction des usages de pesticides s'accompagne de nouvelles pratiques agroécologiques : recours accru au biocontrôle, diversification des cultures, meilleure rotation…

Il s'agit d'inciter les distributeurs de produits phytosanitaires, les grandes coopératives agricoles en tête, à réduire les doses vendues. Avec un objectif d'une baisse de 20 % des NODU – c'est-à-dire le « nombre de doses unités », qui sert d'indice de référence – d'ici à 2020. Si le distributeur ne l'atteint pas, il se verra appliquer une pénalité de 11 euros par NODU non économisé.

L'enjeu est aussi de réduire, voire d'éliminer les phytosanitaires dans les jardins et les espaces publics. De ce côté-ci, on observe des progrès : les zones non agricoles enregistrent en effet une baisse de 7,9 % entre 2012 et 2013. La loi sur la transition énergétique, encore en discussion, fixe au 31 décembre 2016 leur interdiction dans les espaces publics.

Dans son nouveau plan Ecophyto, M. Le Foll ne se prononce pas pour l'interdiction de nouveaux insecticides de la famille des néonicotinoïdes. La France – avec d'autres pays européens comme l'Italie – a cependant fait figure de pionnier dans ce domaine. Le Cruiser OSR, avait ainsi été interdit par M. Le Foll – mesure qui avait été suivie et prolongée par la Commission européenne. Celle-ci avait annoncé, en mai 2013, un moratoire sur certaines utilisations de trois molécules de cette famille de substances, mises en cause dans le déclin des abeilles et des insectes pollinisateurs.

Dans une proposition de résolution présentée jeudi 29 janvier par Joël Labbé (sénateur EELV du Morbihan), 53 parlementaires exhortent le gouvernement français à aller plus loin et à « agir auprès de l'Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations de ces substances néonicotinoïdes tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l'environnement ne seront pas écartés ».

Les auteurs de la proposition s'appuient notamment sur les travaux d'un groupe d'une trentaine de chercheurs internationaux publiés à l'été 2014 dans Environmental Science and Pollution Research. « Ces travaux montrent que non seulement les abeilles sont décimées par ces substances, mais aussi que l'ensemble des insectes et les organismes des sols sont également touchés, dit M. Labbé qui, dans un geste inhabituel, a adressé une longue lettre à ses pairs les invitant à voter le texte. 

Voilà seulement vingt ans, il n'était pas possible de faire un voyage en voiture de 500 km sans avoir son pare-brise maculé d'insectes. Aujourd'hui, cela a disparu et c'est le signe tangible de la perte dramatique de biodiversité que nous connaissons. » La proposition sera discutée le 4 février.

Source © Le Monde
mardi 13 janvier 2015
Le ministère de l'Agriculture soumet à consultation publique, du 10 au 31 janvier 2015, de nouvelles décisions d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de produits phytopharmaceutiques ou d'homologation de matières fertilisantes et supports de culture (MFSC).

Les cinq produits concernés sont : Barclay Chloroflash (à base de chlorothalonil de Barclay Chemical), Brevis (à base de métamitrone d'Adama France), Canopia (à base de titrosulfuron et de florasulame de BASF Agro), Diflanil 500 SC (à base de diflufénicanil de Globachem NV) et Vertimec (à base d'abamectine de Syngenta Agro). Ces produits font l'objet d'avis favorables de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Source © Actu-Environnement
vendredi 9 janvier 2015
Avec le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) en cours de négociation entre les États-Unis et l'Union européenne (UE), celle-ci devrait probablement être plus indulgente quant à la présence de pesticides dans les aliments. 

C'est ce que révèlent des documents publiés mercredi 7 janvier par la Commission européenne. 

Les craintes des associations semblent bien fondées : avec le TTIP, qui vise à aplanir toute entrave commerciale entre les États-Unis et l'UE, la sécurité des aliments de ce côté-ci de l'Atlantique pourrait en prendre un sacré coup. Du moins avec les pesticides, pour lesquels l'UE emploie des limites maximales de résidus très inférieures à celles des États-Unis. 

Selon des documents de négociation rendus publics mercredi par la Commission européenne, cédant ainsi aux demandes de transparence, l'UE propose aux États-Unis que « les tolérances et les limites maximales de résidus [LMR] adoptées par la commission du Codex Alimentarius soient appliquées par les deux parties après l'entrée en vigueur de l'accord, sans délai excessif » [1]. 

Or les limites fixées par le Codex Alimentarius, programme sous l'égide de l'ONU [2], sont le plus souvent supérieures à celles en vigueur dans l'UE, comme le révèle un rapport publié mercredi par le Center for International Environmental Law (CIEL). Selon l'association américaine, rien d'étonnant à cela : le Codex est « sous influence des États-Unis et du lobby industriel ». 

Des LMR toujours plus basses dans l'UE 

Entre l'UE et le Codex, les différences sont parfois d'un facteur de 2 à 5, mais souvent bien plus. Ainsi pour la diphénylamine dans les pommes : dans l'UE, la LMR est fixée à 0,01 mg/kg, alors que le Codex prône une valeur 1.000 fois plus élevée, de 10 mg/kg - chiffre en vigueur aux États-Unis. 

A l'inverse, ce dernier pays a opté pour des valeurs au minimum similaires à celles du Codex Alimentarius, mais souvent plus élevées. C'est donc un compromis pour le moins bancal que la Commission propose aux États-Unis, par lequel les consommateurs européens devraient ingérer bien plus de pesticides que par le passé. 

Plus délicat, que va-t-il se passer pour les 82 pesticides interdits dans l'UE, mais autorisés aux États-Unis? 

Pour le CIEL, « l'approche prônée par l'industrie des pesticides [qui suit de près les négociations en cours, ndlr] conduirait à réintroduire ces substances dans l'UE, malgré les nombreuses preuves que ces risqué ne peuvent être prédits ou contrôlés, et que l'exposition devrait ainsi être limitée ». 

« Le plus petit dénominateur commun » En matière de sécurité des aliments, c'est donc la politique du « plus petit dénominateur commun » qui a été choisie, dénonce le CIEL. 

La Commission se défend toutefois de vouloir sacrifier la protection des consommateurs à des impératifs commerciaux : « aussi bien les États-Unis que l'UE se sont engagés à ce que le TTIP ne change rien à leurs règles respectives de sécurité des aliments ». 

« L'UE conservera ses restrictions sur l'emploi d'hormones et de promoteurs de croissance dans les élevages, tout comme les États-Unis gardera les siennes sur les contaminants microbiens », ajoute-t-elle. 

Hasard du calendrier ou non, le département américain à l'agriculture (USDA) a annoncé fin décembre la reprise des importations de bœuf européen, levant ainsi l'embargo en place depuis 1998 en raison de la crise de la vache folle (voir le JDSA). Ce qui, dans le contexte actuel, a peu de chances d'être un geste gratuit. 

Notes : 
[1] Seule exception notable, des divergences de LMR pourront subsister lorsque «l'importateur [aura] émis des réserves auprès de la commission du Codex Alimentarius». 

[2] Il s'agit d'un programme commun de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Source © Romain Loury / Journal de l'environnement




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mercredi 3 décembre 2014
L’opération d’extermination des rats, la plus grande dans l’histoire mondiale, va démarrer en février 2015 sur l’île subantarctique de la Géorgie du Sud, qui se trouve dans l'Atlantique, selon RIA Novosti.

Sur cette île se produisaient des millions d’oiseaux marins, notamment des manchots royaux et des albatros. 

Cependant, les rats qui ont été amenés sur cette île par des marins il y a deux siècles, ont presque entièrement exterminé la population d’oiseaux en Géorgie du Sud.

Trois hélicoptères jetteront en tout 95 tonnes de mort aux rats sur cette île dans le cadre de l’opération.

Source RIA Novosti
mardi 4 novembre 2014
L’agence de l’eau intervient, avec le conseil général ou la chambre d’agriculture, dans le processus de protection des bassins de captage.

La direction territoriale Seine-amont, basée à Sens, s’occupe d’unités hydrographiques à cheval sur cinq départements, dont l’Yonne. À la tête de l’agence depuis huit ans, Olivier Fauriel donne plusieurs clés de compréhension sur la protection des captages d’eau potable.

Quelle est la situation de l’Yonne en matière d’eau potable ? 

Il faut distinguer l’eau distribuée au robinet de l’eau brute. Dans le département, la première est plutôt bonne mais la seconde est dans un état fragile. Le bâti icaunais étant plutôt dispersé, il existe beaucoup de captages d’eau potable : 287 exactement. Il n’y a pas de territoire problématique en particulier. C’est étonnant d’ailleurs puisqu’il est hétérogène, que ce soit au niveau du sol, des cultures, des forêts…

Combien de captages prioritaires compte le département ? 

156 sont considérés comme fragiles à cause d’un problème de type pollution diffuse. La norme qualité (NDLR : 50 mg/l pour les nitrates?; 0,1 µg/l pour chaque type de pesticide et 0,5 µg/l pour la concentration totale en pesticides) est soit frôlée, soit dépassée. Parmi eux ont été choisies les quatorze superpriorités dans le cadre de la loi Grenelle.

D’autres devraient suivre ? 

Dix-huit captages supplémentaires doivent être identifiés. Une liste est pressentie mais elle n’est pas encore définitive. Elle concerne des aires disséminées dans tout le département.

Quelles sont les étapes pour arriver à la protection des captages ? 

Une étude est réalisée sur environ deux ans. On regarde le travail des agriculteurs afin d’établir un programme d’actions. Le tout à travers un comité de pilotage composé du maître d’ouvrage (la collectivité), de l’administration, des agriculteurs et parfois des usagers. L’objectif est de proposer un plan pour stabiliser ou récupérer la qualité. La crainte des agriculteurs est de voir le préfet rendre les mesures obligatoires.

Quel est le rôle de l’Agence de l’eau ? 

Elle dispose de moyens humains et financiers. Il faut trouver où mettre le curseur entre les ambitions et les efforts à fournir. Mais l’eau est un enjeu, on ne peut plus le nier.

Où se trouve le point d’achoppement dans ce cas ? 

Les discussions se font au cas par cas au niveau de la faisabilité du plan d’action. Une exploitation agricole est un paquebot. Pour diminuer le niveau des nitrates dans le sol, il faut du temps et un travail serein. Et le contexte (la France condamnée sur les zones vulnérables, la nouvelle Politique agricole commune…) n’est pas porteur de calme sur la profession agricole.

Êtes-vous inquiet ? 

La question est surtout : est-ce que la vitesse de mise en place des actions permettra de tout faire avant que le couperet ne tombe ? 


Source ©  Nora Guting / L'yonne.fr


« Nous avons déposé plainte au mois de juillet contre la société Dow Agrosciences, un des leaders mondiaux de produits phytosanitaires, afin que soient établies les responsabilités dans cet accident industriel et que les effets de cette grave pollution de l’environnement et de la santé de l’homme soit suivis », a déclaré hier Didier Malé, président du Regroupement des organismes de sauvegarde de l’Oise (Roso).

M. Malé a réagi aux informations de la presse, et notamment le Courrier picard qui révélait, le 27 mai dernier, qu’une « erreur d’étiquetage d’un prestataire a amené la société Dow Agrosciences à procéder au rappel d’un lot de produits de désherbage, le Droid, auprès de 49 agriculteurs du Nord Pas-de-Calais et de Picardie. Le principe actif de ce produit de désherbage était surdosé dans le lot rappelé. 

En Picardie, 15 agriculteurs sont concernés : cinq dans la Somme, plus précisément dans le Doullennais et le Vimeu, et dix dans l’Oise. Au total, ils ont dû détruire 600 hectares. » Dont 357 ha dans huit communes de l’Oise, Wacquemoulin, Milly-sur-Thérain, Lihus, Saint-Rémy-en-l’Eau, le Plessier-sur-Bulles, Crèvecœur, Laberliére, Cuvilly, liste dressée par la direction départementale des Territoires.

Entre-temps, Dow Agrosciences a dédommagé tous les agriculteurs. Mais la justice persévère. Les bidons surdosés contenaient des produits dépourvus d’autorisation en France.

Source © Le Courrier picard
vendredi 10 octobre 2014
Le métazachlore semble se propager au Luxembourg. Des traces de ce pesticide ont été détectées mercredi dans la source de Schaedhaff. Or, celle-ci était utilisée depuis vendredi dernier, lorsque le gouvernement avait décidé, par précaution, de ne plus utiliser l’eau du barrage d'Esch-sur-Sûre pour l’alimentation en eau potable. Cette présence s'expliquerait par «une extrême mobilité du produit», selon Lydia Mutsch, ministre de la Santé (LSAP).

Vendredi, les ministères de la Santé et de l’Environnement ont décidé de demander une dérogation à Bruxelles concernant la tolérance de métazachlore dans l’eau. Aujourd’hui fixée à 100 nanogrammes par litre, elle sera provisoirement portée à 3 000, comme le permet la règlementation. «Cette dérogation ne peut durer plus de trois ans, et est conditionnée à la mise en place de plans d’action pour améliorer la qualité de l’eau», a expliqué Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement (Déi Greng). 

La dérogation sera notifiée dès jeudi soir par les ministres, et pourra entrer en vigueur immédiatement. «Ce genre de mesures a déjà ont déjà été prises par le passé en Allemagne et en Belgique», a tenté de rassurer la ministre.

Pour autant, le gouvernement se veut rassurant. «Les normes actuelles sont particulièrement sévères, reprend Carole Dieschbourg. Quelqu’un qui boirait chaque jour trois litre d’eau contenant 3 000 nanogrammes de métazachlore n’aurait atteint que 6% de la dose jugée dangereuse pour la santé». De plus, le gouvernement annonce la réutilisation à partir de ce jeudi du barrage d’Esch-sur-Sûre comme source d’eau potable. Il avait été fermé vendredi dernier par précaution, mais «les trace de métazachlore retrouvées sont très faibles, affirme Carole Dieschbourg. Les analyses n’ont jamais révélé plus de 100 nanogrammes par litre».

Source © L'essentiel
vendredi 3 octobre 2014
Les plus fortes concentrations de pesticides dans les cours d'eau se trouvent dans le bassin de la Saône, et dans les zones de viticulture et de maraîchage en Bourgogne, dans le Mâconnais, et en Languedoc-Roussillon. 

L'Agence de l'eau Rhône Méditerranée, vient de publier un rapport sur la qualité des cours d'eau et des nappes souterraines. Si 2013 a été une année pluvieuse, ce  qui a joué favorablement pour les poissons en diluant les pollutions et en rafraîchissant l'eau, des efforts restent à faire. 

Les pesticides: première cause de déclassement des rivières: On retrouve 150 pesticides différents dans les rivières et leur nombre ne faiblit pas.

Les plus fortes concentrations qui se trouvent dans les zones de grandes cultures comme le bassin de la Saône et les zones de viticulture et de maraîchage en Bourgogne, dans le Mâconnais, et en Languedoc-Roussillon.

Dans le bassin de la Saône, c'est le cas de la Thalie un de ses sous-affluent, avec la présence de nombreux pesticides. 

Parmi les pesticides, ce sont les herbicides qui font porter le plus lourd tribut à la vie aquatique. Les invertébrés y sont très sensibles. le glyphosate ( Roundup)) se  retrouve dans trois-quarts des rivières et figure en tête des ventes avec plus de 4000 tonnes / an sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Il dépasse jusqu'à 200 fois la norme pour l'eau potable dans les cours d'eau.

Des pesticides interdits depuis 10 ans sont toujours là et se retrouvent dans un quart des analyses en rivières. Si leur concentration baisse bien globalement, on en retrouve encore 36 différents (comme les triazines), et leur concentration connaît des ressauts en période d'épandage dans les zones viticoles du Languedoc-Roussillon, de Bourgogne, et du Beaujolais, ce qui ne permet pas d'exclure une utilisation encore actuelle.

Tout juste 50% des rivières sont en bon état. 

L'Agence de l'eau lance ce mois-ci un label rivière en bon état qui récompensera les rivières arrivées à un bon état stable. (un tiers des cours d'eau y sont parvenus). L'appel à candidature lancé en Octobre 2014, débouchera sur l'implantation de  panneaux dont les premiers apparaîtront en Avril 2015 sur les routes ou aux abords des rivières (plages, sentiers de randonnées, campings, bases de loisirs..)

Autre cause de déclassement : les prélèvements et la déformation du lit des rivières

54% des rivières ont vu leur lit défiguré au point d'aggraver les crues et de détruire les habitats des poissons. Elles sont situées principalement dans les grandes zones agricoles (bassin versant de la Saône, Lauragais) et sur le pourtour méditerranéen, 

Source © France 3 Bourgogne



La pollution au pesticide d'origine agricole s'est encore étendue dans l'immense réserve d'eau d'Esch-sur-Sûre au Luxembourg. Le SEBES coupera "par pures mesures préventives" le gros robinet d'eau potable issue du lac, ce vendredi 3 octobre à 12 heures.

Les analyses faites le 1er octobre 2014 montrent clairement que le pesticide incriminé continue de se propager en direction du barrage du lac. C'est à partir de là que l'eau brute recueillie dans la réserve est traitée pour devenir potable ensuite.

Le Metazachlor ne se propage plus seulement dans les couches inférieures des eaux du lac mais a été détecté à des hauteurs variant entre 15 et 25 mètres au point de mesure "Zillenhëtt".

La nouvelle est tombée jeudi soir peu avant 18 heures par un communiqué officiel du Syndicat des Eaux du Barrage d'Esch-sur-Sûre (SEBES). Après concertation avec les différents syndicats des eaux, la Ville de Luxembourg et l'Administration de l'eau, le SEBES suspendra vendredi à midi toute alimentation du réseau d'eau potable luxembourgeois par de l'eau provenant du barrage d'Esch-sur-Sûre.

Pour pallier le problème, le SEBES et d'autres syndicats ouvriront les vannes de quatre forages de réserve en eau souterraine qui alimenteront dès lors le réseau d'eau potable luxembourgeois.

Une mesure drastique mais nécessaire -au vu de la progression de la pollution dans le lac- pour "prévenir tout risque d'une pollution de l'eau potable avec du métazachlor", assure le syndicat des eaux. La substance polluante ne se déplace plus seulement dans les couches d'eaux profondes mais remonte de sorte qu'au point de mesure dit "Zillenhëtt", elle a été repérée à 15-25 mètres de profondeur seulement.

Ce qui a fait tilter les preneurs de décisions, c'est que la pollution se rapproche du mur du barrage. Un point crucial puisque c'est à partir de là que les eaux brutes stockées dans le lac sont traitées pour devenir potables ensuite.





mercredi 24 septembre 2014
La spectaculaire migration annuelle des papillons monarques du Canada jusqu'aux forêts du Mexique en passant par les États-Unis est en péril en raison de l'utilisation des pesticides sur son parcours, selon des experts mexicains.

Pour se reproduire, ces papillons de couleur orangés aux contours noirs, déposent des petits oeufs durant son voyage. Pour l'alimentation de la larve «d'une importance critique est la disponibilité de l'asclépiade», une plante herbacée produisant un nectar qui est la source unique de nourriture des larves de papillon monarque.

Cette plante «diminue de manière importante en raison des pesticides utilisés dans la cuture du soja et du maïs au Canada et aux États-Unis», a explique Luis Fueyo Mac Donald, commissaire national des zones protégées du Mexique.

L'espèce n'est pas en danger d'extinction, mais le  phénomène migratoire qui pousse ces papillons à opérer un voyage de 5.000 km vers les forêts de la région mexicaine du Michoacan est en péril.

Pendant la saison 2013-2014 on a enregistré la plus basse population de papillons monarques depuis les 20 dernières années. Les colonies ont occupé une zone de 0,67 hectares, contre 18 en 1993.

Le Groupe mexicain de haut niveau pour la conservation du phénomène migratoire du papillon Monarque, comprenant des experts et des représentants de la société civile, a lancé une alarme avant la réunion prévue en octobre avec ses homologues des États-Unis et du Canada.

En février dernier, les présidents des trois pays concernés s'étaient engagés à travailler pour la conservation du papillon monarque, symbole de l'Amérique du Nord.

Parmi les autres causes de préoccupation des experts figurent l'urbanisation dans plusieurs zones qui faisaient partie de l'habitat du monarque, les effets du changement climatique et l'intention de la compagnie minière Grupo Mexico d'ouvrir un mine à Angangueo, dans le Michoacan, où se trouve un des principaux sanctuaires de l'espèce.

Au cours des 18 dernières années, la population de papillons monarques est tombée de un milliard à 33 millions, selon les experts.

Source © AFP



mardi 23 septembre 2014
Promis par la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, un arrêté supprimant certaines  dériogations pour les opérations d'épandage aérien de pesticides a été publié vendredi 19 septembre au Journal officiel. Il vise les cultures de maïs ainsi que celles de bananes aux Antilles. 

En revanche, les vignes et les rizières pourront continuer à bénéficier de dérogations jusqu'au 31 décembre 2015.

L'épandage aérien de pesticides, pratique particulièrement impopulaire chez les riverains des parcelles aspergées, est théoriquement interdit en France. Le 6 mai, le Conseil d'Etat, saisi par des associations environnementales de Guadeloupe, avait suspendu toute dérogation. Mais, dans une note datée du 20 mai, la direction générale de l'alimentation (DGAL) avait maintenu des dérogations pour certains agriculteurs.

Un communiqué du ministère de l'agriculture précise que le délai concernant les vignes et les rizières permettra de « ménager une période de transition vers les alternatives techniques en cours de développement ». Les quelques dérogations préfectorales encore possibles en 2015 seront donc « délivrées au cas par cas avec des mesures de protection renforcée des populations et de l'environnement ».

Ségolène Royal, ministre de l'écologie, s'est dite « convaincue que cette étape permettra aux producteurs de mieux valoriser leur production ». Dans un communiqué, elle affirme avoir « pu constater sur le terrain que les agriculteurs sont déjà prêts : en cinq ans, on a enregistré une baisse de 77 % des surfaces traitées par épandage aérien ».

En mai, la ministre avait indiqué qu'elle préparait « un arrêté interdisant l'épandage aérien de pesticides pour l'ensemble des cultures qui pouvaient bénéficier d'une dérogation ».

Pour les dérogations, l'arrêté prévoit que « l'opérateur respecte une distance de sécurité qui ne peut être inférieure à 50 mètres » vis-à-vis des lieux d'habitation, des points d'eau consommables par l'homme et des cours d'eau. Il devra par ailleurs prendre « toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que les produits phytopharmaceutiques appliqués ne sont pas entraînés en dehors de la zone traitée ».

Source © Le Monde


L'arrêté relatif aux épandages aériens de pesticides, publié ce jour, fixe un périmètre de « sécurité » d'à peine 50 mètres entre la parcelle traité et les lieux de vie. Effectués avec des aéronefs ou hélicoptères, le respect de ces 50 mètres est totalement illusoire mais semble contenter les tenants d'une écologie hors-sol. 

Entre le 23 juin et le 15 juillet un projet d'arrêté, visant à définir les conditions des épandages aériens de produits phytosanitaires était soumis à laconsultation du grand public. 

Plus de 18 000 personnes ont envoyé un courriel au ministre de l'agriculture (via la cyberpétition mise en place par Agir pour l'Environnement) afin de réclamer une véritable interdiction des épandages aériens de pesticides ou à tout le monde la définition de normes réglementaires visant à limiter drastiquement les risques pour la santé des riverains. Plus de 99.8% des avis émis s'opposait aux épandages aériens. 

Entre le projet d'arrêté soumis à consultation et l'arrêté publié au Journal officiel, seul l'article 3 a été modifié. Cet article définissait un « danger » justifiant le recours aux épandages, à savoir « la hauteur des végétaux, la pente ou le dévers des parcelles ». Au terme d'une forte mobilisation citoyenne qui aura vu 99,8% des citoyens s'exprimer en faveur d'une interdiction stricte des épandages, un agriculteur pourra recourir aux épandages aériens de pesticides sans que la notion de danger soit clairement définie dans l'arrêté publié. 

L'arrêté fixe donc un périmètre de « sécurité » d'à peine 50 mètres entre la parcelle traité et les lieux de vie. Effectués avec des aéronefs ou hélicoptères, le respect de ces 50 mètres est totalement illusoire mais semble contenter les tenants d'une écologie hors-sol. Sur le papier, les ministères de l'Écologie et de l'Agriculture protègent donc les riverains. En réalité, ils ne protègent que les intérêts bien compris du lobby des pesticides. 

Pour Agir pour l'Environnement, l'autorisation de recourir aux épandages aériens de pesticides est un scandale sanitaire qui se double d'un scandale démocratique. La consultation mise en place par le gouvernement n'était qu'une illusion démocratique au service du lobby des pesticides.

Source © Agir pour l'Environnement

lundi 15 septembre 2014
Près de 50 % des rivières du Grand Sud-Est de la France sont en « bon » ou « très bon état », selon l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, qui a annoncé le lancement pour 2015 du label « Rivière en bon état », signalé par des panneaux au bord des routes.

L'état moyen des rivières sur la zone Rhône Méditerranée Corse s'est amélioré par rapport à 2012, en particulier dans les Alpes et en Corse, grâce notamment aux pluies abondantes qui ont dilué les polluants, a expliqué Martin Guespereau, directeur général de cette agence de l'eau, le 10 septembre devant la presse.

Seules 30 % des rivières seront toutefois éligibles au label mis en place par l'agence, qui exige trois années successives de « bon état » pour attribuer ses panneaux indicateurs illustrés de trois poissons. « Des poissons migratoires, comme les civelles ou les aloses, reviennent dans nos rivières », a d'ailleurs noté M. Guespereau. Et ce, grâce à des passes à poissons ou des rivières artificielles. Il déplore toutefois qu'en raison des écluses notamment, 50 % des cours d'eau soient des « boîtes cloisonnées pour les poissons, mais aussi pour les cailloux », empêchant le mouvement des sédiments. Avec pour résultat des baisses de niveau du lit de 5 à 10 mètres.

58 nappes phréatiques impropres à la consommation

Autre source d'inquiétude : les pesticides, dont la concentration ne diminue plus, selon l'Agence. « Il y a eu une baisse depuis les années 2000, suite à un mouvement d'interdiction de certains pesticides, mais cela ne varie plus, y compris pour les pesticides interdits », souligne-t-il.

Sur les 150 pesticides détectés par l'agence dans les rivières, l'herbicide Roundup de Monsanto tient la tête, alors que 36 autres sont des pesticides interdits. La plupart sont présents à l'état de résidu, mais la concentration de molécules comme la terbuthylazine indique qu'elle est toujours utilisée. En 2013, l'eau de 58 nappes phréatiques était impropre à la consommation à cause des pesticides.

L'agence de l'eau dénonce aussi les prélèvements agricoles. « On a 40 % de territoires en déficit d'eau alors que la France a beaucoup de ressources, déplore M. Guespereau, qui invite à développer le goutte à goutte, à surveiller l'état des systèmes d'arrosage et à changer les périodes d'arrosage. « Dans certaines zones pilotes, le débit des cours d'eau a pu être multiplié par dix ».

Le directeur général de l'agence de l'eau espère que cette labellisation incitera les conseils généraux à améliorer la protection des rivières, pour constituer un argument touristique. L'agence avait déjà créé une application pour smartphone permettant de vérifier la qualité des cours d'eau à proximité.

Source © France Agricole



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mercredi 3 septembre 2014
Pour François Ramade, professeur émérite d'écologie à l'université de Paris-Sud, les insecticides modernes, notamment les néonicotinoïdes, sont responsables d'une véritable "catastrophe écologique". Et, selon lui, "la réponse des pouvoirs publics des pays développés et des institutions multilatérales est absente ou dérisoire".

Les personnes de plus de 40 ans se souviennent des pare-brise, phares et calandres de voiture constellés de cadavres d'insectes. La propreté des voitures actuelles est le signe d'une disparition massive d'insectes qui doit nous alarmer. 

L'agriculture moderne a permis, par l'usage massif d'« intrants », une augmentation considérable de la productivité des cultures. Elle atteint depuis quelques décennies des limites dues à l'impact environnemental de ses pratiques. En effet, l'accroissement de productivité qu'elle a permis n'est pas dû à une révolution biologique dans le contrôle de la photosynthèse, mais à un recours sans cesse accru aux engrais chimiques et aux pesticides, dont les conséquences écologiques néfastes sont connues. 

Dès les années 60, la naturaliste américaine Rachel Carson décrivait dans son best-seller Silent Spring la lente éradication des peuplements d'oiseaux par l'usage irréfléchi du DDT et d'autres insecticides organochlorés. 

Adieu abeilles, papillons, oiseaux 

Un danger plus redoutable nous menace avec l'usage des insecticides néonicotinoïdes, dont la molécule dérive de celle de la nicotine. Cette dernière, cause de l'addiction des fumeurs de tabac, est aussi un très puissant insecticide utilisé entre les deux guerres mondiales. Au début des années 90, les chimistes ont mis au point de nouvelles molécules dont l'imidaclopride, la clothianidine ou le thiamethoxam aussi insecticides que la nicotine, mais d'une plus grande stabilité moléculaire. Elles ont aussi pour « avantage » d'être « systémiques » : elles passent directement du sol dans les plantes par absorption radiculaire et pénètrent via la sève jusqu'à l'extrémité des pousses des feuilles et des fleurs. Elles se maintiennent au-delà de deux ans dans les sols, de sorte que, plusieurs saisons après l'épandage, d'autres plantes seront contaminées. 

Ces insecticides sont à l'origine du déclin des pollinisateurs dont les abeilles mais, au-delà, de l'ensemble des insectes et donc de la plupart des oiseaux, majoritairement insectivores. Il faut savoir qu'en sus des abeilles la pollinisation des plantes cultivées est assurée majoritairement (à près de 80 %) par d'autres insectes, surtout des hyménoptères dits apoïdes. Certains d'entre eux sont sociaux, tels les bourdons, mais la plupart de ces bienfaiteurs de l'humanité sont solitaires. Depuis l'introduction des néonicotinoïdes en 1995, on observe un effondrement du nombre d'abeilles et une dégénérescence des ruches. En France, le nombre de ruches a chuté de 2 millions en 1996 à 600 000 aujourd'hui. 

Simultanément s'observe une réduction brutale du nombre de pollinisateurs sauvages et, au-delà, de l'ensemble des insectes, comme l'a montré la récente campagne nationale de dénombrement des papillons. Diverses recherches, dont certaines effectuées en France, ont démontré la responsabilité directe des néonicotinoïdes dans cette hécatombe. Des abeilles butineuses équipées de nano-GPS traitées avec de très faibles doses d'imidaclopride se sont révélées incapables de retrouver leur ruche, ce qui explique la disparition des ouvrières et l'extinction des colonies. Ce déclin massif des insectes pollinisateurs constitue une menace calamiteuse pour l'agriculture. La disparition des abeilles et des hyménoptères apoïdes signifierait la fin de nombreux végétaux cultivés et entraînerait des pertes agricoles pouvant atteindre plusieurs centaines de milliards d'euros par an. Pis encore, la sécurité alimentaire de l'humanité ne serait plus assurée. 

Solutions européennes dérisoires 

Face cette catastrophe écologique en cours, la réponse des pouvoirs publics des pays développés et des institutions multilatérales est absente ou dérisoire. Les agences compétentes de l'ONU, tels la FAO ou le Pnue, ne se sont pas saisies du problème. En France et dans d'autres pays européens, l'interdiction partielle de l'imidaclopride et du fipronil n'est pas suffisante, tout comme la décision récente de l'Union européenne d'interdire pour trois ans le premier de ces insecticides ainsi que la clothianidine et le thiamethoxam. C'est l'interdiction de la totalité des néonicotinoïdes qui s'impose de toute urgence ! Un groupe international d'experts s'est créé en 2009, à l'initiative de Maarten Bijleveld, ancien secrétaire scientifique de la commission écologie de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il a rassemblé les preuves scientifiques justifiant cette interdiction et milite auprès des pouvoirs publics européens et des institutions internationales pour l'obtenir. Où sont les politiques en charge de notre avenir ? 

* François Ramade est professeur émérite d'écologie à l'université de Paris-Sud (Laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution de la faculté des sciences d'Orsay) et auteur du Dictionnaire encyclopédique de l'écologie et des sciences de l'environnement (Dunod).


Source © Magazie Marianne



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mercredi 27 août 2014
Les ministères de la Santé et de l'Ecologie ont autorisé en Guyane le recours au malathion, un insecticide interdit dans l'UE pour éradiquer les moustiques tigres, vecteurs du virus chikungunya qui frappe l'Outre-mer. Le feu vert des autorités sanitaires fait polémique.

Un arrêté interministériel, publié le 13 août au Journal officiel, autorise par dérogation l'utilisation en Guyane du malathion, un insecticide organophosphoré interdit dans l'Union européenne, afin d'enrayer l'épidémie de chikungunya qui sévit dans le département depuis janvier.

Le malathion n'est plus autorisé dans l'UE en tant que biocide depuis août 2008. S'il est "toxique" pour l'homme et les écosystèmes, sa persistance est "faible" dans le sol, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Cet insecticide neurotoxique est "nocif" en cas d'ingestion et peut provoquer "une allergie cutanée". Il est "très toxique" pour les organismes aquatiques, les abeilles et les oiseaux, a indiqué l'Anses dans un avis paru en mars dernier.

L'Agence a en effet été saisie par la Direction générale de la santé (DGS) sur l'efficacité et les risques d'utilisation du malathion comme moyen complémentaire de lutte contre les moustiques tigres adultes (genre Aedes), vecteurs du chikungunya qui a déjà touché 1.665 personnes en Guyane dont 55% à Cayenne, selon l'Agence régionale de santé (ARS). "La circulation du virus continue sa progression, de nouveaux foyers épidémiologiques ont été identifiés", a de nouveau alerté l'ARS le 14 août.

L'arrêté, signé le 5 août par les ministères de la Santé, de l'Ecologie et des Outre-mer, justifie l'utilisation du malathion par "la résistance des moustiques vecteurs de Guyane à l'adulticide deltaméthrine et l'absence de produits adulticides de substitution". A la demande du préfet de la région Guyane, les ministres ont donc décidé d'autoriser l'insecticide à des fins de lutte antivectorielle pour une durée de 180 jours soit 6 mois, conformément à l'article 55 du règlement européen biocide de 2012.

Avis favorable de l'Anses et du HCSP…

Autorisée dans l'UE en tant que substance active phytopharmaceutique, la deltaméthrine (insecticide pyréthrinoïde) "seule n'est plus efficace, excepté en cas de brumisations intra-domiciliaires", a estimé l'Anses dans son avis.

Les données concernant le malathion "sont trop parcellaires pour conclure quant à l'intérêt de (son) utilisation opérationnelle. Il est urgent de réaliser des bioessais (tests de résistance des moustiques à l'insecticide, ndlr) pour combler cette lacune", a-t-elle indiqué. Afin de prévenir l'épidémie, l'Anses a toutefois donné un avis favorable pour son usage temporaire via la mise en place de "mesures spécifiques" visant à limiter son exposition.

L'arrêté prend en compte les recommandations d'épandage formulées par l'Anses et le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Ce dernier a également donné son feu vert dans un avis daté de mai dernier.

Les pulvérisations du malathion à l'extérieur devraient démarrer en septembre, le produit n'ayant pas encore été livré. Le traitement s'effectuera par voie terrestre "sous formulation UBV (ultra bas volume)" à partir de véhicules tractant l'appareil de pulvérisation, de type 4x4, ou à pied par atomiseurs à dos. Les pulvérisations s'effectueront dans un rayon de 100 à 200 mètres autour des cas suspects ou confirmés de chikungunya.

La durée de l'usage de cette substance biocide "doit être la plus courte possible au regard de la situation épidémiologique, aux valeurs les plus hautes de la gamme de doses d'emploi préconisées par l'OMS (112 à 600 g/ha)", a précisé l'arrêté.

La pulvérisation se fera "exclusivement en soirée" afin d'éviter une exposition des habitants "qui déambulent dès le début de la matinée et d'empêcher une contamination des aliments présentés sur les étals des marchés et commerces ouverts", a préconisé le HCSP. Cela correspond aux périodes où le moustique "diurne est actif". L'insecticide ne sera pas répandu près des cours d'eau, des cultures vivrières et des captages d'eau de surface. Les pulvérisations sont également proscrites lorsque le vent dépasse 15 km/h et en cas de pluie.

Les agents qui seront chargés du traitement devront revêtir des équipements de protection (EPI) adéquats (gants, masque, combinaison). Tandis que les populations devront être informées "24 h en avance, afin de les inviter à ne pas rester dehors et à fermer les portes et fenêtres ou volets lors des opérations", selon le HCSP.


Surveillance renforcée en France métropolitaine

Selon le dernier point de l'Institut de veille sanitaire (InVS) publié le 18 août, 250 cas de chikungunya importés ont été confirmés en France métropolitaine depuis le 1er mai (Provence-Alpes-Côte d'Azur, Corse, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Aquitaine et Midi-Pyrénées). 18 départements du sud de la France sont visés.

Des mesures de lutte anti-vectorielle, avec destruction des gîtes larvaires (larvicides Bti, diflubenzuron) et traitements adulticides (deltaméthrine principalement), ont été prises par arrêtés préfectoraux jusqu'au 30 novembre. 722 cas suspects ont été répertoriés en métropole.

En Martinique, l'épidémie "se poursuit mais la tendance à la baisse s'est confirmée au cours des deux dernières semaines", a indiqué l'InVS. 55.920 cas "cliniquement évocateurs" et 19 décès ont été recensés depuis décembre 2013. En Guadeloupe et ses îles proches, la "diminution de la circulation virale observée depuis début juillet se confirme". 73.120 cas cliniquement évocateurs et 9 décès on été enregistrés.

… en dépit des risques

Mais les risques "ne peuvent pas être écartés pour les opérateurs malgré le port d'EPI", a prévenu l'Anses. De même, "il ne peut être démontré une absence de risque pour les résidents dans la zone traitée avec du malathion", a souligné l'Agence sanitaire. Et d'alerter : "De nombreux cas d'empoisonnement au malathion ont été rapportés dans la littérature montrant des diminutions de l'acétylcholinestérase (enzyme impliquée dans la transmission de l'influx nerveux, ndlr) associées à des symptômes digestifs, respiratoires et neuromusculaires, en particulier à des doses comprises entre 15 et25 g/personne".

Depuis la parution de l'arrêté, scientifiques et citoyens ont dénoncé le recours à cet insecticide. "Il s'agit d'une molécule qui va se dégrader en quelque chose d'encore plus nuisible. Ça tue tout", a déclaré Christophe Duplais, chimiste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), au site d'information France-Guyane.

Inquiétude des scientifiques et citoyens

"Le problème est que les pulvérisations se font depuis la route, sur 5 à 10 mètres (…). Elles ne suffisent pas à tuer le moustique mais constituent des doses homéopathiques qui favorisent la résistance", a-t-il affirmé. Et de s'insurger : "Des gens prennent des décisions et choisissent d'utiliser un produit mortel et toxique sans consulter ni les scientifiques ni la population".

Selon l'AFP, la région Guyane s'interroge également "sur le bien-fondé de cette autorisation alors que l'utilisation de cet insecticide est interdite en France et en Europe depuis 2007-2008". Elle s'inquiète aussi "sur les conséquences de l'utilisation de ce produit chimique sur l'environnement, l'agriculture et la santé".

Plus de 1.000 personnes ont également signé une pétition en ligne contre l'emploi de ce produit "hautement toxique (qui) va se retrouver dans les jardins, les cours, les écoles, les crèches".

De leur côté, les autorités sanitaires guyanaises se veulent rassurantes. "Le malathion fait partie de la liste des produits autorisés par l'OMS. De nombreux pays l'utilisent après avoir effectué des études bénéfices/risques", a souligné Christian Meurin, directeur de l'Agence régionale de santé, lors d'une conférence de presse le 18 août, rapporte le site d'information France-Antilles. "La situation sanitaire est potentiellement grave. Personne n'a souhaité se priver d'un moyen qui permet de lutter contre le chikungunya", a-t-il insisté.

Le malathion "n'est pas plus toxique que la deltaméthrine utilisée actuellement", ont assuré de concert M. Meurin, Sandrine Chantilly, directrice du service départemental démoustication du Conseil général et Xavier Luquet directeur de cabinet du préfet, selon le site Guyaweb.

L'insecticide a déjà été utilisé par dérogation en Guyane "lors de l'épidémie de dengue en 2009", a rappelé Mme Chantilly.

Le recours aux substances adulticides "n'est qu'un des outils de la lutte antivectorielle", a réitéré l'Anses en soulignant "l'importance des autres actions" qui contribuent à diminuer la densité des populations de moustiques : "lutte mécanique, intensification de l'usage des larvicides (Bti en particulier qui est biologique, ndlr), mobilisation communautaire et promotion des mesures de protection personnelle antivectorielle (répulsifs, adaptation de l'habitat)".

Source © Actu-environnement
vendredi 25 juillet 2014
Les gènes des personnes exposées aux pesticides sont affectés sur plusieurs générations. Une récente étude souligne les effets nuisibles des pesticides chimiques.

Les pesticides font décidément des remous depuis quelque temps : un projet de loi pour l’agriculture est voté au Sénat, un plan anti-pollution est lancé dans toute la France… et une nouvelle étude américaine paraît ce vendredi dans PLOS One. 

Réalisée par des chercheurs de l’Université de Washington, elle révèle que les gènes des personnes exposées aux pesticides pourraient transmettre les effets nuisibles de ces produits aux trois générations suivantes.

De génération en génération

Les recherches ont été effectuées sur des rats et s'appuient principalement sur un type de pesticide : le Méthoxychlore (MXC). Plusieurs études scientifiques ont déjà prouvé que ce pesticide pouvait gêner le développement et le fonctionnement de l'appareil génital. Interdit aux Etats-Unis depuis 2003 pour son caractère très toxique, ce produit reste pourtant utilisé dans beaucoup de pays à travers le monde.

En exposant des rats de laboratoire à ce produit, les chercheurs ont constaté une augmentation des risques de développer des maladies ovariennes, rénales. Les trois générations suivantes sont aussi plus exposées à l'obésité. « Ce pesticide peut affecter le mode d’activation des gènes transmis, sans subir de mutation génétique. 

Ainsi, si l’arrière-grand-mère est obèse ou atteinte d’une maladie ovarienne, l’arrière-petite-fille pourrait rencontrer les mêmes problèmes », conclut Michael Skinner, l’auteur principal de l’étude.

L’autisme peut être provoqué par les pesticides

D’autres études ont déjà mis en garde contre les dangers d’une exposition aux pesticides. L’une d’elles, parue le 23 juin dernier dans Environmental Health Perspectives,révélait que le risque de donner naissance à des enfants autistes était augmenté de 66 % chez les femmes enceintes exposées à des produits chimiques agricoles.

En France, les autorités sanitaires ont entrepris le premier plan d’action d’observation en 2008. Depuis, de nombreux risques de développer des maladies graves en s’exposant à ces produits ont été détectés. Le 13 juin, l’Inserm publiait un rapport dans lequel il soulignait le risque de cancer de la prostate et de maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson.

jeudi 10 juillet 2014
Pour la première fois, une étude britannique établit un lien statistique entre l’utilisation de ces pesticides et le déclin des populations d’oiseaux des champs.

Perturbez un échelon de la chaîne alimentaire, et c’est tout un écosystème qui est ébranlé. 

Des travaux publiés au­jourd’hui dans Nature montrent, chiffres à l’appui, qu'un insecticide agricole a réduit certaines populations d’oiseaux aux Pays-Bas. Ils portent une nouvelle accusation contre l’imidaclopride, une molécule de la famille des néonicotinoïdes dont l’usage a été en partie restreint dans l’Union européenne, en raison du risque qu’elle fait courir aux populations d’abeilles et de bourdons.

«Ces travaux sont d’autant plus importants qu’ils ont été conduits à l’échelle d’un pays entier et sur quinze espèces d’oiseaux, analyse Jean-Marc Bonmatin, du Centre de biophysique moléculaire d’Orléans (France). Ils établissent un lien statistique direct entre la concentration de pesticides dans les eaux de surface et la démographie des oiseaux. 

Un lien indiscutable, tant les données et la méthode de mes collègues néerlandais sont fiables.» Dans les régions néerlandaises où la concentration des eaux de surface (cours d’eau, lacs, étangs et mares) dépasse 20 nanogrammes – milliardièmes de gramme – d’imidaclopride par litre, la population d’oiseaux insectivores baisse de 3,5% par an! Une moyenne obtenue sur les quinze espèces communes suivies (hirondelles, étourneaux, moineaux, alouettes, pipits, grives, etc.)

Ce seuil de 20 ng/l qui ressort des travaux du groupe conduit par Hans de Kroon (Université Radboud à Nimègue, Pays-Bas) est particulièrement faible. «On relève des concentrations parfois mille fois plus élevées dans certaines eaux de surface, insiste Jean-Marc Bonmatin. Ce seuil de 20 ng/l est fréquemment dépassé dans les régions agricoles, et même en dehors car ces molécules sont lessivées par les pluies et se diffusent largement dans l’environnement.» Aux Pays-Bas, des taux de 100 ng/l sont couramment observés, et certaines régions dépassent les 1000 ng/l, montre une carte publiée dans Nature.

«Nous avons été les premiers surpris de nos résultats, expliquent Hans de Kroon et son collègue Ruud Foppen, du Centre néerlandais pour l’ornithologie de terrain de Nimègue. Notre étude portait principalement sur l’impact des modifications de l’usage des terres.» Celle-ci s’appuie sur le dispositif d’observation ornithologique néerlandais, auquel participent dix mille volontaires depuis des décennies, et sur le réseau néerlandais de suivi des eaux de surface, «l’un des plus denses au monde», souligne Ruud Foppen. Son groupe ne s’attendait pas à voir surgir les pesticides parmi les facteurs qui pèsent sur la démographie des oiseaux: les zones de culture de plantes à bulbe (tulipes, etc.), les serres, la teneur des sols en azote, l’urbanisation des terrains, les cultures de céréales, etc.


«Nous pensions qu’un éventuel effet de l’insecticide serait masqué. Nous avons donc réétudié nos résultats pendant plus de six mois, mais c’est bien l’imidaclopride qui explique les observations de terrain», raconte Ruud Foppen. Une accusation d’autant plus solide que ce déclin des oiseaux n’est observé que depuis le milieu des années 1990, quand l’imidaclopride a été introduit aux Pays-Bas.

Pour expliquer cet impact sur les oiseaux, les chercheurs penchent pour un effet en cascade. «La molécule cible les invertébrés; il est peu probable que les oiseaux soient directement affectés, même si on ne peut exclure un impact sur leur reproduction, explique Hans de Kroon. Il s’agit plus vraisemblablement d’un effet induit: en réduisant les populations d’insectes, l’imidaclopride prive les oiseaux de nourriture.»

Cette molécule est le premier néonicotinoïde introduit sur le marché mondial, au début des années 1990. Comme le fipronil, une molécule similaire, ces néonicotinoïdes ont une action «systémique»: ils diffusent dans toute la plante: racines, tiges et feuilles. «On peut les utiliser de nombreuses manières, en enrobant les semences, en aspergeant les plantes, en in­jectant la molécule dans les troncs, etc.», poursuit Hans de Kroon. Cette souplesse d’utilisation, doublée d’une efficacité très élevée avec des quantités réduites, en fait le produit préféré des agriculteurs: les néonicotinoïdes représenteraient aujourd’hui entre 30 et 40% de la consommation mondiale d’insecticides.

Mais ces substances sont pointées du doigt par les apiculteurs, de très nombreux scientifiques, ainsi que des agriculteurs inquiets de leur effet sur la pollinisation, indispensable à de nombreuses cultures, notamment fruitières. Le fipronil, la molécule active du Régent, pesticide produit par l’allemand Bayer, est suspendu en France depuis 2004, en raison de soupçons quant à son impact sur les abeilles. 

En décembre dernier, l’UE et la Suisse ont restreint l’usage de trois néonicotinoïdes – dont l’imidaclopride – pour tenter de stopper l’hécatombe qui frappe ruches et essaims. «L’imidaclopride est 10 000 fois plus toxique pour les abeilles que le DDT», insiste Jean-Marc Bonmatin, qui cosigne l’Evaluation mondiale intégrée (WIA), un gigantesque travail d’analyse qui porte sur 800 publications scientifiques sur les néonicotinoïdes et sur une autre molécule répandue, le fipronil. La publication du WIA a commencé, le 24 juin, dans la revue Environmental Science and Pollution Research, et s’étalera sur plusieurs mois. «L’immense majorité des travaux vont dans le même sens: un impact important sur l’ensemble des écosystèmes, à commencer par les invertébrés, mais aussi les vertébrés. Et de nouvelles études sortent presque chaque semaine», rappelle Jean-Marc Bonmatin. Mercredi, c’est une recherche menée par un groupe anglais et publiée dans Functional Ecology qui montrait que les bourdons changent de comportement et rapportent moins de pollen dans la ruche quand ils sont exposés à de faibles quantités d’imidaclopride.

L’apparition des néonicotinoïdes a décuplé l’usage préventif des insecticides agricoles. «Une semence enrobée agit dans la plante jusqu’à la récolte, souligne Jean-Marc Bonmatin. Pourtant, ces molécules hautement toxiques devraient être utilisées en dernier ressort. Il existe de nombreuses manières de procéder autrement. Il y a le bio, bien sûr, ou la rotation des cultures d’une année sur l’autre.» 

Le chercheur, qui se défend d’être un adversaire des pesticides, préconise aussi la Gestion intégrée des ravageurs (IPM). «On place des pièges dans le champ, pour contrôler la présence des insectes. De cette ­manière, on ne traite qu’en cas de signe d’invasion imminente. 

Au­jour­d’hui, seuls 10% des pesticides employés dans l’agriculture sont utiles. Si on baissait de 90% leur usage, les oiseaux n’auraient plus de problèmes.» Bayer, producteur du Régent, a fait savoir dans la soirée qu’il réfutait les arguments présentés dans Nature.



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samedi 28 juin 2014
Un groupe d'experts internationaux alarme sur les effets des pesticides tant sur les écosystèmes que sur la production alimentaire elle même. En nuisant à l'ensemble de la biodiversité, les néonicotinoïdes tuent la terre et menacent les récoltes.

Introduits en France au milieu des années 1990, les insecticides néonicotinoïdes représentent 40 % du marché des intrants à usage agricole. Pour comprendre les effets de ces produits sur les écosystèmes, une cinquantaine de scientifiques de quinze nationalités différentes ont travaillé ensemble, pendant cinq ans, et ont analysé plus de 800 études publiées au cours de ces vingt dernières années.

Et si le déclin des abeilles lié à l’usage irraisonné des pesticides n’était que la partie immergée de l’iceberg ? Mardi 24 juin, un groupe d’experts internationaux a rendu public les résultats de cinq années d’analyses portant sur l’impact des pesticides néonicotinoïdes sur les écosystèmes. Paru dans la revue Environmetal Science and Pollution Research, le rapport rappelle les effets désastreux des néonicotinoïdes sur les colonies d’abeilles, mais pas seulement. 

Les experts tirent la sonnette d’alarme : ces produits phytosanitaires nuisent à l’ensemble de la biodiversité et menacent la production agricole. «Nous pouvons à présent clairement voir que les [néonicotinoïdes] représentent un risque pour les fonctions et services écosystémiques qui va bien au-delà des inquiétudes afférentes à une espèce [les abeilles, ndlr] et qui mérite vraiment d’être porté à l’attention des gouvernements et des instances de réglementation» explique Maarten Bijleveld ven Lexmond, à l’origine du groupement de chercheurs.

« L'utilisation des pesticides met en péril la production alimentaire »

Les sept volets de leur vaste synthèse portent sur les effets directs et indirects des néonicotinoïdes sur la biodiversité et la production agricole. « Loin de sécuriser la production alimentaire, l'utilisation des néonicotinoïdes met en péril les pollinisateurs qui la rendent possible. » s’inquiète Jean-Marc Bonmatin, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur le site du quotidien Le Monde. Autres victimes des pesticides, les micro-organismes et les invertébrés vivant dans le sol. C’est le cas des vers de terre qui sont exposés à des niveaux élevés. Un véritable danger pour l'environnement et les cultures alimentaires lorsque l’on sait que les vers assurent l’aération du sol, dépolluent la terre et en maintiennent la fertilité.

91 % des échantillons de sol contaminés

Le bilan ne s’arrête pas là. Les oiseaux, pour ne citer qu’eux, sont aussi impactés, contaminés par les graines qu’ils ingèrent et souffrant du déclin des insectes dont ils se nourrissent. Pulvérisés sur les plantations, utilisés en traitement des sols ou pour enrober les semences, les insecticides menacent les espèces animales et végétales, quel que soit le milieu dans lequel elles évoluent. 

Avec jusqu’à plus de 90 % non absorbés par les cultures, les pesticides s’accumulent dans la terre, se dissolvent dans l’eau et migrent d’une zone à l’autre. Des sites non traités sont contaminés. Le rapport parle par exemple de 91 % des échantillons de sol contaminés à l’imidaclopride, un insecticide, quand seulement 15 % provenaient d’une zone traitée.

Le groupe d’experts appellent à une mobilisation des autorités sanitaires pour une action globale, afin d’enrayer la dégradation des écosystèmes et de pérenniser une production alimentaire aujourd’hui menacée.

Source © Manon Laplace / bio a la une

Mercredi 25 juin, la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale a adopté un amendement relatif à la protection des riverains de zones d'épandage de produits phytosanitaires, dans le cadre de la loi d'avenir agricole.

Par cet amendement, le gouvernement réaffirme au niveau de la loi ce que l'arrêté du 27 juin 2011 prévoyait déjà, c'est-à-dire "l'interdiction d'utilisation des produits dans l'enceinte des écoles, des crèches, des haltes garderies, des centres de loisirs, dans les aires de jeux destinées aux enfants, ainsi qu'au sein des centres de soins, des hôpitaux ou des maisons de retraite".

Un aveu d'échec de la réglementation jusqu'alors applicable

Mais l'amendement est également un aveu d'échec de la réglementation en vigueur, qui a échoué à lutter contre le transport des pesticides sur les parcelles voisines."Cet amendement prévoit qu'à proximité de ces établissements, il convient de mettre en œuvre des mesures qui empêchent la dérive de produits phytopharmaceutiques". Des haies, des buses anti-dérives et la fixation de dates et d'horaires de traitement des cultures figurent parmi les solutions.

Alors qu'une étude menée par Générations Futures fin 2013 a conclu à l'exposition des enfants aux pesticides en zone agricole, et que 23 enfants d'une école de Villeneuve (Gironde) ont souffert de malaises suite à "un épandage « inapproprié »" de pesticides en mai 2014, cet amendement était attendu.

Mais il y a bien échec du droit applicable, car l'arrêté du 12 septembre 2006 prévoit déjà que "des moyens appropriés doivent être mis en oeuvre pour éviter" l'entraînement des pesticides hors de la parcelle traitée. Et les autorisations de mise sur le marché de pesticides doivent imposer des conditions particulières d'emploi lorsque cela est nécessaire à la protection des personnes et de l'environnement.

Face à ces risques sanitaires, le ministère de l'Agriculture a demandé à l'Anses un avis scientifique, qui a été remis le 20 juin. Il relève l'existence de plusieurs épandages inappropriés, en violation de l'arrêté de 2006. Pour l'Agence, le décalage entre les normes et les faits "constatés sur le terrain peuvent justifier de nouvelles dispositions réglementaires préconisant des mesures de gestion des risques". Mais son avis n'indique pas précisément les mesures adéquates : "il n'est pas possible d'indiquer sur une base purement scientifique des mesures pertinentes de portée générale".

Pas de périmètre "zéro pesticides"

Certaines associations appellent de leurs vœux une interdiction pure et simple des pesticides dans un certain périmètre autour des lieux accueillant des enfants ou des femmes enceintes, y compris leur habitation. ."Il est temps aujourd'hui que le législateur répare ses manques en prescrivant lors du vote de la loi d'avenir pour l'agriculture les 7 et 8 juillet prochains des zones sans pesticides autour des lieux accueillant les enfants et les femmes enceintes : écoles, crèches, terrains de jeu et aussi bien sûr, les domiciles où vivent ces personnes", déclare François Veillerette, porte-parole de Générations futures.

Mais l'amendement ne prévoit un périmètre d'interdiction des pesticides que dans les cas où les mesures visant à protéger les riverains (horaires de traitement, haies, etc.) seraient insuffisantes pour assurer cette protection. Dans une telle hypothèse, "l'autorité administrative détermine une distance minimale adaptée en deçà de laquelle il est interdit d'utiliser" ces produits phytosanitaires.

"Il y aura des protections", avait assuré Stéphane Le Foll. Mais le gouvernement a rappelé, dans l'exposé des motifs de son amendement, qu' "il n'a jamais été question d'interdire l'utilisation des produits phytopharmaceutiques autour de toutes les zones bâties". Ce rappel fait écho à la colère des agriculteurs, qui ont manifesté à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs dans toute la France contre le poids des contraintes réglementaires pesant sur eux. Une limite de 200 mètres sans pesticides autour des lieux énumérés par les textes avait effectivement été évoquée par Ségolène Royal. Mais une telle zone-tampon correspond à une perte de terrains importante pour les agriculteurs, ont réussi à faire valoir les organisations agricoles.




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