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lundi 12 octobre 2015
À quoi ressemblerait la France sans le Bocage normand, ses forêts franciliennes, les clairières du Marais poitevin, ou ses escarpements boisés provençaux ? Tous ces paysages risquent de dépérir. Et avec eux, tous les services rendus par la forêt : biodiversité, stabilité des sols, ressources en eau, stockage du CO2, ressources pour la construction et le chauffage, espaces de loisirs et de détente… En cause : le réchauffement climatique, son lot de sécheresses, de dérèglements saisonniers, de tempêtes, d’insectes ravageurs... et une gestion en quête de rentabilité à court terme. Si le milieu forestier expérimente des solutions, malgré les coupes budgétaires, aucune véritable stratégie de préservation des forêts n’a encore été mise en place.

Les arbres qui meurent ne font pas de bruit. Pourtant, forestiers et chercheurs commencent à s’alarmer. Avec le réchauffement climatique, ils sont de plus en plus nombreux à dépérir. De soif, le plus souvent, à cause des périodes répétées de sécheresse et de canicule. « Le manque d’eau entraîne de fortes tensions dans la colonne d’eau qui va des racines aux feuilles. Cela peut aller jusqu’à la rupture de cette colonne d’eau et la formation d’embolies », explique Frédéric Jean, assistant ingénieur à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) [1]. Avec un système vasculaire endommagé, l’arbre ne peut plus s’abreuver correctement. Les cimes s’assèchent en général les premières, puis le reste du tronc. Cela peut aller jusqu’à la mortalité complète de l’arbre. 70 % des arbres du monde souffriraient ainsi de sécheresse, selon une étude internationale [2]. Le caractère répétitif et de plus en plus rude des épisodes secs fait le plus de dégâts.

En France aussi, les arbres meurent de soif

Étendue sur 16 millions d’hectares, soit environ 28 % du territoire (presque deux fois la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes), la forêt française est plutôt bien « armée » pour encaisser les chocs climatiques, grâce à sa grande diversité constituée de plus de 130 espèces. Mais face à l’ampleur des modifications, elle présente de sérieux signes d’affaiblissement. En France aussi, les arbres meurent de soif. Chênes pédonculés dans le Centre, pins douglas dans le Tarn, pins sylvestres en Haute-Provence, sapins dans les Alpes maritimes, hêtres ailleurs... de nombreux arbres se sont éteints cet été, aux quatre coins du pays.

Pour éviter de transpirer par leur feuillage, les arbres ferment leurs stomates, ces sortes de pores qui parsèment chaque feuille. Ce faisant, ils arrêtent d’absorber du CO2 et réduisent leur activité de photosynthèse. « Or, c’est grâce à la photosynthèse que les arbres croissent et constituent leurs réserves sous forme de sucre, source d’énergie, éclaire Frédéric Jean. Ceux qui ferment leurs stomates rapidement en situation de sécheresse voient donc diminuer leur croissance et leurs stocks de réserves. Les espèces non adaptées à la sécheresse risquent de s’en trouver affaiblies. »

CO2 et insectes ravageurs : le cycle infernal

La diminution de l’activité de photosynthèse a une autre conséquence : elle réduit l’effet puits de carbone des arbres. Une étude publiée en mars dernier révèle que la capacité mondiale des forêts à absorber le CO2 a diminué de 50 % ces quinze dernières années ! Aucun scénario climatique n’a, pour le moment, intégré cette donnée qui pourrait pourtant faire grimper encore plus vite le taux de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère.

Autre ennemi climatique des arbres : le froid. « Un gel arrivant brutalement à l’automne peut affecter la résistance au froid hivernal de certains bourgeons, détaille Frédéric Jean. Et le gel de printemps, qui arrive alors que les arbres ont déjà débourré, va affecter la croissance – la partie végétative – et la reproduction – fleur puis fruit. » Affaiblis par le climat, les arbres sont moins résistants aux agresseurs : insectes et champignons, notamment, dont le développement semble en plus favorisé par la hausse des températures.

Vers la disparition du Marais poitevin et du Bocage normand ?

Ainsi, les micro-organismes responsables de la maladie de l’encre, qui affecte les racines du châtaignier, apprécient la douceur hivernale. Présent depuis très longtemps sous nos latitudes, le champignon de l’encre se développe de façon préoccupante dans certaines régions. « Il y a des apparitions de ravageurs très fortes et très inquiétantes, relève Samuel Fichet, technicien arbres et haies de l’association Prom’haies, située en Poitou-Charentes. Mais le réchauffement climatique n’est pas la seule explication. C’est aussi lié à la mondialisation des échanges et donc à la circulation des ravageurs à travers les continents. Dernièrement, on est très embêtés par la mineuse du marronnier, qui pond sur les feuilles, ou encore par la pyrale du buis, qui fait des gros dégâts dans les parcs et châteaux. »


À quoi ressemblera la forêt française en 2100 ? Le hêtre, actuellement présent dans une grande partie de la France, pourrait voir son aire de peuplement largement réduite, à cause de ses besoins importants en humidité. Les bocages de l’Ouest seront peut-être privés de chênes pédonculés, car ils résistent assez mal au manque d’eau dans les sols. « C’est l’essence principale des haies du Grand Ouest, note Samuel Fichet. On risque donc d’avoir d’importants bouleversements du paysage. » Idem dans le Marais poitevin, où 80% des arbres sont des frênes têtards. « S’ils disparaissent tous, ce qui n’est pas exclu, cela va provoquer une série de changements très brutaux. Ces arbres servent en effet à tenir les berges du Marais, et une foule d’insectes leur sont inféodés. »

La forêt française : 400 000 emplois menacés

Qu’adviendra-t-il des activités économiques liées à l’utilisation du bois ? La forêt française fait vivre 400 000 personnes et divers métiers : sciage, confection de papier, fabrication de meubles et de parquets, montage de maisons, préparation de granulés pour les poêles et chaudières, mais aussi activités touristiques et de loisirs... « Au-delà de ces activités économiques, les services rendus par la forêt sont innombrables, ajoute Sylvestre Soulié, forestier retraité de l’office national des forêts (ONF) et membre du syndicat Snupfen-solidaires. Réservoir de biodiversité, refuge exempt de produits phytosanitaires pour les insectes et les abeilles, notamment, les forêts dessinent notre paysage, ce sont des espaces où les gens passent beaucoup de temps de loisirs et peuvent, à l’occasion, faire des cueillettes. »

Les conséquences potentielles du réchauffement climatique sur les arbres inquiètent le milieu forestier depuis longtemps, même si les relais médiatiques se révèlent peu nombreux. « Si on compare avec le secteur de l’agriculture, la prise de conscience des effets du réchauffement climatique s’est faite assez tôt dans le secteur forestier », relève Olivier Picard, directeur technique du Centre national de la propriété forestière (CNPF). L’Office national des forêts (ONF), l’Institut pour le développement forestier ou encore l’Inra se penchent depuis une bonne dizaine d’années sur la question, produisant des rapports et esquissant de nouvelles stratégies sylvicoles. Un réseau ad hoc, Aforce – pour Adaptation des forêts au changement climatique – a même été mis en place. Réunissant une quinzaine d’organismes, il ambitionne « d’ouvrir les placards des chercheurs, et de mettre leurs connaissances à disposition des gestionnaires. » Ces différents acteurs expérimentent, analysent et proposent des solutions multiples.

Quand les arbres émigrent vers la montagne

Certains arbres n’ont pas attendu les humains pour mettre en place des stratégies de survie, en diminuant la taille de leurs feuilles ou en s’enracinant plus profondément. D’autres ont choisi de... migrer. Dans les Pyrénées, les hêtres ont ainsi grimpé d’un peu plus de 30 mètres entre 1970 et 2009. Dans les Alpes, aussi, la forêt remonte. Comment ? Les graines, dispersées par le vent ou transportées par les oiseaux, germent un peu plus haut chaque année. « En montagne, les conditions climatiques changent rapidement à mesure que l’on grimpe, mais sur des distances relativement courtes. La migration des arbres pourrait donc se faire naturellement, détaille Frédéric Jean. Mais en plaine, c’est impossible. Les changements auxquels la forêt doit faire face sont si rapides que l’on est obligés d’accompagner ces processus naturels d’adaptation. Les choix en matière forestière doivent se faire en fonction des prédictions relatives aux évolutions climatiques futures. »

« On compte beaucoup sur le chêne pubescent, qui résiste bien à la sécheresse, pour aller diversifier les chênaies de la vallée de la Loire, souvent frappée de sécheresse », décrit Olivier Picard. Le cèdre de l’Atlas ou le pin douglas, qui sont des essences phares au niveau économique, et qui résistent plutôt bien à la sécheresse, sont eux aussi considérés avec intérêt. Mais cet été, des dépérissements ont été observés dans certains peuplements de douglas du Tarn. « Le changement d’espèces ou de "provenance" n’est qu’une solution pour le moyen terme », estime Yves Poss, ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts.

Comment sauver les 130 espèces françaises ?

« Vu l’ampleur du changement climatique et le temps de pousse des chênes, est-il pertinent de troquer une essence contre une autre qui serait moins sensible aux sécheresses ? Le doute est permis », avance de son côté le technicien Samuel Fichet. Il serait, à mon sens, plus efficace de lutter contre le réchauffement climatique que de protéger les arbres, espèce par espèce. » « Il y a évidemment beaucoup d’incertitudes, poursuit Olivier Picard, c’est pourquoi il faut tester diverses solutions. »



Avec plus de 130 espèces, la forêt française jouit d’une très belle diversité. C’est une de ses forces. Favoriser cette diversité, en tirant le meilleur de ce qu’elle offre – rapidité de croissance, bon état sanitaire, adaptabilité à des milieux très divers – fait partie des pistes étudiées dans le monde de la forêt. « C’est un travail de longue haleine, précise Olivier Picard, il faut repérer les peuplements de qualité pour aller récolter les graines et faire ensuite des plants de qualité. Les résultats ne seront visibles que des dizaines d’années plus tard. » En local, diverses méthodes de sauvegarde génétique sont mises en œuvre. L’association Prom’haies a ainsi initié un programme de sélection de graines dans les haies de son territoire.

Les sapins jugés plus rentables que les chênes ou les hêtres

« Nous avons une diversité exceptionnelle qu’il faut absolument entretenir et valoriser, insiste Sylvestre Soulié, cela passe aussi par des plantations variées au sein des parcelles. Les monocultures de résineux ne sont évidemment pas du tout pertinentes de ce point de vue. » Croissance rapide, moindre coût, techniques de sciage standardisées : les résineux – pins, sapins, etc. – ont la cote dans le secteur du bâtiment, chez les producteurs de bois d’énergie, dans l’industrie de l’ameublement et parmi les consommateurs, friands de mobilier type Ikea. Pour les pouvoirs publics et certains professionnels, il faudrait accélérer l’enrésinement du pays. La forêt française étant, pour le moment, composée aux deux tiers de feuillus (chênes, hêtres, bouleaux, etc.).

Autre solution envisagée : adapter les peuplements à l’eau disponible. « Une mesure immédiate, urgente, est de réduire la densité des peuplements, d’avoir un nombre de tiges et d’arbres moins important à l’hectare : s’il y a moins d’arbres, le partage de la réserve d’eau se fait entre moins de tiges, et chacune étant moins concurrencée peut mieux résister », développe Yves Poss. « Cela signifie un dosage homéopathique, indique Frédéric Jean. Si on éclaircit trop, on a des forêts qui résistent très mal aux tempêtes, lesquelles augmentent beaucoup en fréquence et en intensité, en raison du réchauffement climatique. » Certains chercheurs ajoutent que des éclaircies trop offensives provoquent un stress hydrique au niveau du sol.

Des entreprises privées investissent la forêt

Les savoir-faire et moyens nécessaires à ce travail d’orfèvre sont-ils suffisants ? Les trois quarts de la forêt française, soit 11 millions d’hectares, sont privés. 3,5 millions de propriétaires se les partagent. Au sein de ce vaste ensemble, les méthodes de travail sont inégales, et fort diverses. Les 500 conseillers du CNPF, « établissement public au service des propriétaires forestiers », ne peuvent évidemment pas avoir l’œil sur chaque bosquet. L’investissement de l’État est tellement défaillant que des partenariats sont désormais conclus avec des entreprises privées qui veulent compenser leurs émissions de CO2 en plantant des forêts. « Ce sont des démarches qui entrent dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises », souligne Olivier Picard. La Poste et quelques banques se sont déjà lancées. Il y a aussi des intermédiaires, comme Reforest-action, qui drainent des fonds privés vers la forêt.



Côté public, 25 % de la forêt, soit un peu moins de 5 millions d’hectares (l’équivalent de la Bourgogne-France-Comté), l’heure est aux baisses d’effectifs : 2 200 agents en moins en vingt ans, pour un effectif total de 5 545 personnes en 2015. « Les territoires sont de plus en plus grands, les forestiers courent après l’urgence. Et l’urgence, c’est d’approvisionner la trésorerie de l’ONF, en vendant du bois, déplore le syndicaliste Sylvestre Soulié. En trente ans, la récolte de bois dans les forêts domaniales a augmenté de 30 % en volume. Et, dans le même temps, le prix du bois a été divisé par deux. C’est une des raisons pour lesquelles les volumes exigés augmentent sans cesse. Les coupes sont censées combler le déficit de l’ONF. » Le manque de personnel est d’autant plus problématique que tous les acteurs de la filière s’accordent pour dire qu’il faut augmenter et affiner les observations qui sont réalisées in situ, pour connaître vraiment les bouleversements silencieux qui opèrent en sous-bois, et tâcher de les contrer.

La forêt naturelle, rien de mieux pour sauver le climat

« Gérer une forêt en se contentant de déterminer un volume d’arbres à couper me semble peu sérieux », renchérit Marie-Stella Duchiron, experte en écologie et gestion forestière, co-auteure, avec Annik Schnitzler du CNRS, d’une note de synthèse sur les moyens de lutter contre les effets du changement climatique en forêt. « La forêt tempère les effets du réchauffement climatique par sa densité. Elle est ainsi plus résistante aux événements majeurs des climats – tempête, feu – que les forêts exploitées d’aujourd’hui. Les forêts naturelles sont moins sensibles aux effets des différents polluants présents dans l’air, dont l’ozone troposphérique, du fait de l’étagement de leur végétation et de leur densité en ligneux (racines, branches, troncs) et elles stockent davantage de carbone grâce à la qualité de leurs sols [3]. »
Autant de qualités que ne possèdent pas les forêts en culture intensive destinées à la production de bois.

« La gestion forestière avec des futaies régulières et des coupes rases détruit le savant équilibre des sols, et casse les conditions micro-climatiques des sous-bois qui sont cruciales, notamment pour limiter le stress hydrique. » Les deux auteures plaident pour une « sylviculture de l’écosystème », qui considère la forêt comme un milieu à préserver avant d’être une ressource commerciale. Moins radicale, l’association Pro Silva défend une sylviculture « proche de la nature ». Maintien d’un couvert constant, mélange d’essences, interventions légères et fréquentes obligeant le forestier à être actif et connaisseur de ses parcelles : les 300 adhérents entendent optimiser la production de bois de qualité dans les forêts, sans à-coups et en s’appuyant sur les dynamiques naturelles. Les forêts ainsi gérées seraient plus résilientes face aux changements climatiques. Des échanges réguliers ont lieu entre forestiers publics et privés au sein de l’association [4].

La dictature du court terme contre les arbres

Mais au sein de l’ONF, les forestiers défendant des interventions non brutales en forêt ne se sentent pas soutenus. Plusieurs d’entre eux refusent de remplir les objectifs chiffrés de volumes à couper qu’ils jugent « aberrants ». « La dictature du court terme est loin du réel des forestiers, qui évoluent dans un milieu où le temps se compte en dizaines, voir en centaines d’années. Cet écart avec le réel provoque des souffrances pour les gars sur le terrain », dit Sylvestre Soulié. Ils sont en plus confrontés à des injonctions contradictoires : d’un côté la préservation et l’entretien des forêts, de l’autre, les demandes économiques. Depuis 2005, vingt-quatre agents ONF se sont suicidés.

« Avec la COP 21, ça va être le télescopage total », conclut Sylvestre Soulié, qui ironise sur les « hymnes à la nature » dans les discours face aux « méthodes expéditives » dans les clairières. On aurait aimé avoir l’avis de l’ONF sur ces différents points. Malgré nos diverses sollicitations, la direction n’a pas souhaité répondre à nos questions. Peut-être parce que le lien entre l’adaptation des forêts au changement climatique et l’organisation du travail des forestiers ne leur semblait pas très clair ?

Source © Nolwenn Weiler / Basta Mag


Notes
[1] unité de recherche expérimentale entomologie et forêts méditerranéennes (URFM), centre de recherche INRA de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
[2] C’est une étude publiée en novembre 2012 et réalisée par une vingtaine de scientifiques à divers endroits de la planète, qui le révèle.
[3] Le rôle des sols bien préservés dans l’accumulation du carbone a été démontré pour des forêts chinoises préservées depuis 400 ans. Les auteurs de l’étude ont calculé que le stock de carbone dans les vingt premiers centimètres de 230 exemples de sols, dans ces forêts, avait augmenté de 1,4 à 2,3 % entre 1979 et 2003 ! In La forêt face aux changements climatiques, Marie-Stella Duchiron et Annik Schnitzler.
[4] L’ONF fait partie du conseil d’administration de Pro Silva France depuis 2003. Et le CNPF-IDF est adhérent de Pro Silva France.



Loin dans les montagnes du cercle arctique, des centaines de milliers d’échantillons de semence arrivés de tous les coins du monde attendent leur tour pour sauver le monde en cas de sécheresse ou d’une catastrophe qui détruirait les cultures.

Il s’agit de la Réserve mondiale de semences du Svalbard située sur une île en Norvège, qui a pour but de garantir le monde des famines massives. Les graines y sont conservées à la température constante de -20°C pour garantir que leur héritage agricole unique soit protégé et disponible pour les générations futures.

Les gouvernements de dizaines de pays y ont envoyé des semences de toutes les cultures vivrières de la planète dans un effort de préservation de la diversité génétique et ont fermé ses portes en 2008. Personne ne s’attendait à les rouvrir si tôt.

Mais au début du mois de septembre, les scientifiques du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), précédemment basé à Alep, a fait une demande visant à rapatrier des milliers d’échantillons à cause des effets terribles de la guerre syrienne.

Le premier lot de graines, initialement mis de côté pour un scénario post-apocalyptique, vient d’être délivré au Liban, notamment dans la plaine de la Bekaa, voisine de la Syrie.

Mariana Yazbek, responsable de la banque de gènes de Terbol, a expliqué qu’en réalité, personne ne s’attendait à avoir recours à la Réserve de Svalbard avant 150 ou 200 ans. «Elle doit être ouverte seulement dans les cas de crises majeures mais après avoir découvert l’ampleur de la crise [en Syrie], nous avons pris la décision de le faire», a-t-elle expliqué.

Aller plus loin : comme un air d'apocalypse, les incendies ne cessent de ravager les rives du lac Baïkal

La nécessité de sauvegarder des milliers d’années de patrimoine agricole est devenue évidente en 2012 quand la province d’Alep s’est retrouvée au centre de combats meurtriers. L’ICARDA possédait dans ses réserves tous les stocks de semences dont 13% étaient unique. Ceux-ci ont été rapidement copiés et placés dans d’autres endroits lorsque les rebelles ont pris le contrôle de la région.

L’accès au bâtiment principal est rapidement devenu presque impossible et les responsables du centre ont dû s’adresser directement à la Réserve du Svalbard. Les semences transférées par la Réserve seront mises en culture, puis une partie sera renvoyée vers l’arctique.

 Source © Khalil Ashawi  Reuters


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Lors du premier épisode de blanchiment global recensé, en 1998, « plus de la moitié » de la Grande Barrière de corail, classée au Patrimoine de l’humanité, avait été touchée, et « entre 5 à 10 % des coraux sont morts ».

Réapparu en mars, l’« enfant terrible du Pacifique », le courant chaud équatorial El Niño, menace les massifs coralliens. Des chercheurs de l’université du Queensland et de l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) ont mis en garde jeudi 8 octobre du pire épisode de blanchiment corallien jamais recensé que pourrait provoquer El Niño, en 2016.

Les scientifiques expliquent dans une étude qu’il s’agira seulement du troisième événement de ce type, et que des récifs comme la Grande Barrière de corail australienne seront particulièrement touchés. « Si la situation continue de s’aggraver, la Grande Barrière de corail va subir un blanchiment généralisé, avec la mortalité que cela entraîne, la conséquence la plus fréquente de l’élévation des niveaux de températures de la mer », a déclaré le directeur de l’Institut du changement global de l’université, Ove Heogh-Guldberg.

Lors du premier épisode de blanchiment global recensé, en 1998, « plus de la moitié » de la Grande Barrière de corail, classée au Patrimoine de l’humanité, avait été touchée, et « entre 5 et 10 % des coraux sont morts », dit-il. La Grande Barrière a été épargnée au cours du deuxième épisode, survenu en 2010, « en raison de tempêtes qui ont soulagé le stress provoqué par la chaleur. Le récif pourrait ne pas avoir autant de chance en 2016 », a-t-il ajouté.

La Grande Barrière de corail, une étendue de 345 000 km2, compte quelque trois mille « systèmes » récifaux et un millier d’îles tropicales. Elle a évité de justesse d’être placée par l’Unesco sur sa liste des sites en péril, et Canberra œuvre à un plan de préservation sur trente-cinq ans.

Impact très important sur l’écosystème marin

La hausse de la température provoque un phénomène de dépérissement des coraux qui se traduit par une décoloration et entraîne une insuffisance en apports nutritifs conduisant à leur mort. Les coraux se nourrissent d’algues microscopiques, les dinoflagellés, qui vivent en vastes colonies à leur surface. La photosynthèse libère aussi de l’énergie dans les tissus du corail, lui permettant de construire le squelette de calcium qui abrite ces algues unicellulaires. Quand le corail est soumis à un stress, comme une hausse importante de la température de l’eau, il se débarrasse des dinoflagellés et blanchit.

La disparition des récifs coralliens a un impact très important sur l’écosystème marin, car les coraux fournissent nourriture et abri à de nombreuses espèces de poissons et de crustacés. En 1998, les récifs coralliens de soixante pays tropicaux avaient été touchés.

Le courant El Niño devrait persister jusqu’au printemps 2016 et pourrait être l’un des plus intenses dans les annales, d’après les scientifiques américains, et qui fait craindre de fortes perturbations météorologiques. El Niño est un phénomène irrégulier, provoquant des hausses de températures dans le Pacifique, des fortes pluies dans certaines zones, des sécheresses ailleurs, et des vents faibles. Des scientifiques soupçonnent le réchauffement climatique d’augmenter la fréquence de ce phénomène potentiellement destructeur.

Source © Le Monde




L'examen à mi-parcours de la stratégie en faveur de la biodiversité à horizon 2020 fait apparaître des progrès, mais disparates selon les États membres de l'Union européenne.

« Plus des trois quarts des habitats naturels importants dans l'Union sont actuellement dans un état non satisfaisant, et de nombreuses espèces sont menacées d'extinction », indique la Commission européenne dans un communiqué du 2 octobre. 

En matière de biodiversité, les progrès sont disparates selon les États membres.

19 % des surfaces agricoles avec un contrat biodiversité

En cause : une législation parfois mal appliquée et une nécessaire intégration dans les politiques agricoles et forestières, notamment par le biais des déclinaisons nationales de la politique agricole commune. Selon le premier bilan, 19,1% de la superficie agricole est lié à des contrats de gestion de la biodiversité et des paysages avec de très grandes disparités entre les États et les régions.

Parmi les sujets majeurs pour Bruxelles : le rétablissement des habitats naturels, la création d'une infrastructure verte, les espèces exotiques envahissantes pour lesquels un règlement est entré en vigueur et des travaux sont en cours pour établir une liste des espèces envahissantes préoccupantes d'ici au début 2016.

L'objectif de l'UE est d'enrayer la perte de biodiversité et la dégradation des services écosystémiques, d'assurer leur rétablissement d'ici à 2020 et de contribuer à la prévention de la perte de biodiversité au niveau mondial. Elle vise également à assurer les engagements pris dans le cadre de la convention sur la diversité biologique et à contribuer au nouveau programme mondial de développement durable à l'horizon 2030.




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Le projet risque fort de ruiner sa réputation de « ville verte » : la ville de Montréal s’apprête à déverser volontairement huit milliards de litres d’eaux usées (rejets d’égouts et de toilettes) dans le fleuve Saint-Laurent.

Or, la majeure partie de la population du Québec vit, comme 64 espèces d’animaux, au bord de cette artère maritime longue de plus de 1 000 kilomètres. Elle abrite de nombreuses espèces marines, dont des baleines et des bélugas dans son estuaire, 80 sortes de poissons et près de 400 d’oiseaux. Le Saint-Laurent fournit 45 % de l’eau potable consommée pat les 8 millions de Québécois.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a annoncé que l’opération se déroulerait du 18 au 25 octobre pour permettre des travaux sur un échangeur autoroutier sous lequel se trouve une conduite majeure acheminant les eaux usées vers une station d’épuration.

Tous les experts consultés estiment, selon lui, qu’il n’y a pas d’autre option. Sans ce déversement, l’usine locale de traitement des eaux usées pourrait être menacée, prévient-il. Les effets sont selon lui « minimes » : pas d’impact sur l’eau potable en aval ; peu d’effets sur les poissons, dont la période de fraie est terminée, pas de risque de développement de bactéries, en raison de la basse température du fleuve en automne.

« Le Saint-Laurent n’est pas une poubelle »

Le projet a soulevé un tollé dans les villages en aval, chez les groupes écologistes et les habitants de Montréal. Une pétition intitulée « Le Saint-Laurent n’est pas une poubelle » a recueilli plus de 85 000 signatures en moins d’une semaine. Les auteurs soutiennent qu’il y a des solutions alternatives. Bien que plus coûteuses, elles n’auraient pas de répercussions sur la santé du fleuve : installer une usine de traitement temporaire ; pomper et entreposer temporairement les eaux usées ; construire un conduit auxiliaire pour vider celui qui pose problème.

D’ordinaire peu porté sur les questions environnementales, le gouvernement conservateur fédéral s’oppose aux rejets. La ministre de l’environnement, Leona Aglukkaq, a demandé mardi 6 octobre à la ville de suspendre son projet. Elle s’appuie sur un règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées et la loi sur les pêches qui « interdit d’immerger ou de rejeter une substance nocive dans des eaux où vivent des poissons ». Furieux, le maire de Montréal a lancé un ultimatum de trois jours à ce ministère pour donner son feu vert, soulignant qu’il avait été porté à sa connaissance il y a plus d’un an.

Deux poids deux mesures
La lenteur administrative aidant, Mme Aglukkak n’en a été informée que début octobre… Et a mis le holà en donnant à son ministère le mandat « d’explorer des options en vue de prévenir ce déversement » et de faire des analyses « en bonne et due forme » sur ses répercussions environnementales.

Le maire de Montréal persiste et signe, accusant les conservateurs au pouvoir de manœuvres bassement électoralistes, à quelques jours des élections générales du 19 octobre. Il rappelle aussi qu’Ottawa n’a pas été si tatillon en 2003 et 2005 pour autoriser des déversements d’eaux usées montréalaises d’ampleur similaire. Et l’accuse de faire deux poids deux mesures avec Toronto qui rejetterait régulièrement des milliards de litres d’eaux usées dans le lac Ontario, sans soulever de critique d’Ottawa.

Le gouvernement québécois a, de son côté, officiellement autorisé le rejet. « Ce n’est pas une situation souhaitable, mais, dans les circonstances, c’est la seule solution possible et on a minimisé les impacts », estime le ministre québécois de l’environnement, David Heurtel. Si le projet finit par obtenir l’aval du gouvernement canadien, Montréal promet d’accélérer ses travaux. Au lieu de travailler vingt heures par jour, les ouvriers se relaieront vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On pourrait ainsi, semble-t-il, réduire le déversement d’une journée et de près d’un milliard de litres d’eaux usées.

Source © Le Monde
Une dérogation au régime des débits réservés de certains cours d'eau montagnards pourrait être mise en place. Le rapport de Joël Giraud, président de la Commission permanente du conseil national de la montagne, en précise les possibles modalités.

Certains cours d'eau de montagne pourraient-ils bénéficier d'une dérogation au régime des débits réservés ? Le rapport "Préservation des ressources en eau et maintien d'une agriculture montagnarde" propose en tous cas trois possibilités pour la mettre en place. Son auteur Joël Giraud, député RRDP et président de la Commission permanente du conseil national de la montagne, vient de remettre ses conclusions à Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie. Son travail découlerait notamment des discussions à l'Assemblée du projet de loi biodiversité.


Six recommandations pour préserver les ressources en eau et l'agriculture montagnarde

1. Elaborer un plan de revitalisation des associations syndicales autorisées (ASA) dans le cadre des schémas de massif intégrant leurs fonctions économique, environnementale et patrimoniale
2. Maintenir le dispositif actuel de redevance prélèvement aux niveaux actuels pour l'irrigation gravitaire
3. Etaler les demandes de paiements des agences de l'eau envers les redevables qui ne sont plus en secteur déficitaire et qui néanmoins ont subi une redevance ponctuellement majorée en 2015
4. En cas de définition d'une zone de répartition des eaux (ZRE) sur une partie de sous-bassin versant déficitaire seulement, l'Agence de l'eau devrait prévoir que le taux majoré ne s'applique que sur la ZRE
5. Assouplir les conditions d'application du régime des débits réservés
6. Ajuster le dispositif actuel des redevances prélèvement des agences de l'eau à la situation particulière des fontaines patrimoniales de zone de montagne

"J'avais déposé avec quelques collègues, lors de l'examen du projet de loi biodiversité, un amendement créant une nouvelle dérogation à l'obligation de laisser un débit minimum biologique à l'aval des seuils et barrages en rivière, visant les zones de montagne, explique-t-il dans son rapport. Amendement voté mais retiré par le Gouvernement qui avait alors souhaité me confier la présente mission".

Dans l'exposé sommaire de son amendement, le Gouvernement justifiait notamment la suppression de cette version de l'article par un manque d'indications sur les usages et la période concernés par la dérogation ainsi qu'un périmètre trop large qui intégrait "la moitié du territoire hydrologique français et […] des cours d'eau dont l'hydrologie ne le justifie pas, les cours d'eau de montagne contraints en étiage se limitant à quelques uns de type « méditerranéens » en zone préalpine ou cévenole".

Le Gouvernement avait également indiqué qu'"il est préférable d'éviter que les sources des zones de montagne ne soient trop sollicitées, étant donné que tous les grands fleuves européens trouvent leur source dans ces massifs. Des adaptations sont déjà permises par les textes en vigueur (possibilité d'établir des débits inférieurs en cas d'étiage naturel exceptionnel)".

Concilier préservation des ressources en eau et agriculture montagnarde

La lettre de mission du Premier ministre demandait donc au député d'analyser dans "quelle mesure la fragilité du modèle économique de certaines structures agricoles de montagne est prise en compte dans la mise en œuvre des dispositions de la loi sur l'eau" et de formuler des propositions "pour mieux concilier la préservation des ressources en eau et le maintien d'une agriculture montagnarde".

Pour le président de la Commission permanente du conseil national de la montagne, le problème se pose pour les cours d'eau "en contexte de sécheresse estivale marquée de type méditerranéen (que l'on peut caractériser par un [débit mensuel quinquennal sec] QMNA5 inférieur au 10e du module), comme dans le cas du Buëch dans les Hautes-Alpes".

Trois types de solutions pour répondre à ces situations peuvent être envisagées, selon lui. Tout d'abord, Joël Giraud propose de modifier la circulaire du 5 juillet 2011 relative aux débits réservés à maintenir dans les cours d'eau. A l'assouplissement déjà prévu par ce texte lors d'étiages naturels exceptionnels (période de retour décennale), le député souhaite ajouter les cours d'eau méditerranéens à forte amplitude naturelle de débit des départements concernés par cette problématique pour un étiage naturel exceptionnel ayant une période de retour quinquennale. Il préconise ensuite d'élargir la notion de cours d'eau atypique en complétant le code de l'environnement.

La troisième possibilité était d'amender la loi sur l'eau et les milieux aquatiques en visant une dérogation. "Au terme de cette mission, cet amendement ne me paraît pas utile à ce stade, estime toutefois Joël Giraud. Des solutions de court terme peuvent en effet être trouvées avec l'adoption d'un décret modificatif complétant la notion de « cours d'eau atypique » et l'introduction d'une souplesse complémentaire dans la circulaire d'application de ces régimes réservés que les préfets sauront utiliser avec leurs services".

Le Gouvernement accompagnera les évolutions

"Ségolène Royal utilisera les outils règlementaires à sa disposition pour accompagner des évolutions, dès lors que toutes les mesures d'économie d'eau auront été mises en œuvre, a réagi dans un communiqué le ministère de l'Ecologie. La ministre souhaite également une modernisation des réseaux d'irrigation et qu'une gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations à l'échelle adéquate soit mise en place en s'appuyant sur les instances de gouvernance locale de la gestion de l'eau, et en revitalisant les associations syndicales autorisées (ASA)".

A la veille de la COP21, le Gouvernement garde certainement en tête la problématique de la perturbation du cycle habituel de l'enneigement, liée au changement climatique : la fonte interviendra plus tôt et la réserve sera moindre. Et de ce fait, des fleuves comme le Rhône pourront voir leur débit réduit de 30% d'ici 2050.

Source © Actu-Environnement / Dorothée Laperche


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L'étude "Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de Gironde", réalisée en 2013 et publiée le 5 août dernier, n'a pas fini de faire causer.

Ses conclusions ont laissé sur sa faim l'Association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP). Née dans le Limousin en 2012, l'AMLP est à l'initiative d'un appel national lancé en 2013 sur les risques sanitaires de l'exposition aux pesticides, qui a recueilli à ce jour les signatures de 1.500 médecins de France Métropolitaine et d'Outre-Mer.

Aujourd'hui, l'association demande à l'Agence régionale de la santé Aquitaine (ARS) de poursuivre les investigations et de les étendre aux autres communes de la zone viticole concernée et plus largement, sur toutes les communes touchées par la même problématique.

Cancers et pesticides en zone viticole

Demandée par l’ARS et confiée à l’InVS, l'étude, publiée incognito dans la torpeur de l'été, faisait suite au signalement effectué en décembre 2012, par l'ancien maire de la commune de Preignac, Jean-Pierre Monceau, qui avait été informé de quatre cas de cancers pédiatriques survenu dans sa commune, située en pleine zone viticole, entre 1999 et 2012. A Preignac, l'ancien maire pointe la responsabilité de l'épandage des pesticides. Une parcelle de vigne jouxte l'école (photo ci-contre, FR3 Aquitaine), comme à Villeneuve, près de Bourg, également en Gironde, où, en mai 2014, des élèves intoxiqués se sont sentis mal après l'épandage de pesticides sur les vignes attenantes.

Six fois plus de cancers chez les enfants que la moyenne nationale

Les résultats du rapport sanitaire tendent à justifier l'inquiétude de l'ancien édile : "Si l'on ne retient que les cancers pouvant être liés à une exposition aux pesticides, on observe 3 cas de cancers à Preignac, contre 0,5 attendus". Soit un taux six fois supérieur à la moyenne nationale. Dans les communes alentours, le taux de cancers pédiatriques est supérieur de 66%. Le rapport refuse toutefois de conclure à "un lien avec un facteur environnemental commun" (autrement dit, l'usage des pesticides dans les vignes), n'écartant pas la possibilité d'"un excès lié à une fluctuation aléatoire des maladies". Et ne parle donc que de "suspicion" à propos d'un éventuel lien entre cancers et pesticides. Par ailleurs, les autorités régionales et l'ARS ne  jugent pas utile de poursuivre l'enquête, en lançant une étude plus large sur la population adulte.

Poursuivre les études et les élargir

Des conclusions qui ne satisfont pas les médecins de l'AMLP qui ont demandé à l'ARS, il y a quelques jours,de poursuivre les investigations et de les étendre aux autres communes de la zone viticole concernée et plus largement, sur toutes les communes touchées par la même problématique.

Le hasard est-il seul responsable ? 

"Comme toujours en pareil cas la question qui se pose est de savoir si le hasard est seul responsable, ou s’il est nécessaire d’ouvrir une enquête plus approfondie", note l'association. Selon elle, pour en juger, les autorités sanitaires devaient répondre à trois  questions. 1. Les données sanitaires suggèrent-elles un excès de cas ? 2. L’exposition environnementale sur la zone d’étude se distingue-t-elle de la norme ? 3. Du point de vue épidémiologique le lien entre l’exposition suspectée et les cas de cancers authentifiés est-il plausible ?

A la première question, pour l'association de médecins, la réponse est oui : " Même s’il n’est pas statistiquement possible de conclure, il est à ce stade rigoureusement impossible comme le reconnaissent d'ailleurs les auteurs de l’étude, d’écarter la possibilité d'un excès de cas".
A la seconde, pour eux, à l'évidence, la réponse est encore oui. Toujours selon le rapport de l’InVS, "aucune source de pollution industrielle à l'exception de l'épandage de pesticides, n’est mise en évidence et seule "une forte activité viticole avec proximité de l’école et des habitations par rapport aux vignes" est relevée".
Enfin, à la troisième question, la réponse est toujours oui. "L'expertise collective de l'Inserm, "Pesticides, effets sur la santé", réalisée en 2013, qualifie d’élevé, le niveau de preuve scientifique reliant exposition aux pesticides et certains cancers de l’enfant", rappelle l'AMLP.
Incohérence

Les médecins de l'AMLP qui disent par ailleurs largement partager les constats du rapport de l'InVS, trouvent "curieux" que "l’ARS sans contester ces réponses, ne juge pas utile de poursuivre son enquête".  "Si l’on ne retient que les cas d’hémopathies malignes et de tumeurs cérébrales, l’ARS considère que 6 cas retrouvés pour 3,6 attendus sur l’ensemble des communes investiguées, ou 3 sur la seule commune de Preignac contre 0,5 attendu, ne constituent pas une preuve d’excès de cas", dénonce l'association, qui parle d'incohérence.

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L'AMLP demande donc à l’ARS une étude approfondie et étendue aux autres communes de la zone. "Il faut entreprendre une investigation portant sur une zone plus vaste, partageant les mêmes caractéristiques que ces 10 communes, à savoir une forte activité viticole, pour lever le doute", lancent les médecins qui veulent aussi connaître les mesures de protection retenues, limitant le risque d’exposition à la dérive aérienne lors des épandages de pesticides, non seulement sur la commune de Preignac mais sur l’ensemble des communes relevant de la même problématique.

Au niveau régional et national, l'enjeu sanitaire est énorme : la viticulture utilise pratiquement 20% des quantités de pesticides commercialisés sur 4% de la surface agricole utile. Aussi, les médecins de l'AMLP demandent-ils également que soit portée  à la connaissance de tous, la nature des contrôles envisagés sur le territoire sous la responsabilité de l’ARS Aquitaine. Ce week-end, l'ARS n'avait pas encore répondu à l'AMLP.















Une étude menée en Suisse vise à alerter quant à la popularité des plantes exotiques vendues sur Internet, susceptibles de nuire à l'écosystème.

Elles se distinguent par leurs couleurs chatoyantes, leurs formes sophistiquées et leurs noms étranges, évocateurs de poésie et d'exotisme. Les plantes à fleurs venues du bout du monde sont indéniablement belles et attirantes. Seulement voilà, certaines d'entre elles sont aussi des espèces envahissantes, susceptibles de déséquilibrer l'écosystème végétal en se reproduisant dans des pays, et même des continents, d'où elles étaient jusqu'à présent absentes.

En facilitant les échanges planétaires, les gros sites de e-commerce ont transformé la logique d'achat-vente et raccourci les distances, mais ils pourraient également engendrer des effets de bord inattendus sur la biodiversité. «Nous ne pensions pas que le commerce global de plantes connues pour être envahissantes serait aussi étendu», constate Franziska Humair, spécialiste d'horticulture à l'ETH Zurich, et co-auteur d'un article scientifique cherchant à alarmer sur l'ampleur du phénomène.

Les scientifiques ont traqué la mise en vente d'espèces végétales à risque pendant 50 jours sur une dizaine de plates-formes dédiées au commerce en ligne. Rien que sur eBay, leader mondial de la vente entre particuliers, quelques 2'625 espèces végétales étaient proposées à la vente sur cette période, dont 510 considérées comme des espèces envahissantes, et 35 figurant même dans la liste des 100 espèces les plus dangereuses pour la biodiversité.

«En somme, l'immense majorité des espèces envahissantes peuvent être facilement obtenues en un clic de souris», s'effraie Franziska Humair. Elle souligne du reste que l'étude, qui ne portait que sur une durée limitée et reposait sur l'utilisation de noms scientifiques pour identifier les végétaux vendus, est probablement très en deçà de la réalité. Les vendeurs peuvent se contenter de montrer des images de belles fleurs exotiques sans préciser leur nom, et participer ainsi, parfois à leur insu, à la diffusion d'espèces nuisibles.

Parmi les plantes incriminées figurent la «Passiflora edulis» (fruit de la passion), proposée à la vente 90 fois par jour sur eBay, par des vendeurs situés dans 17 pays différents, ou la «Centaurea cyanus», qui figure chaque jour sur 80 petites annonces et a commencé à envahir certaines zones d'Amérique du Nord.

L'étude souligne ainsi la difficulté d'une régulation globale du commerce mondial. Si la Suisse a mis en place des protocoles destinés à limiter les importations à risques, c'est loin d'être le cas partout dans le monde. Et certains pays jusqu'alors peu actifs en la matière deviennent des exportateurs potentiels d'espèces dangereuses, au fur et à mesure que l'accès à Internet s'y démocratise. 

En outre, d'autres pays, comme l'Australie, semblent avoir adopté une politique à sens unique: «Les Australiens interdisent l'introduction d'espèces envahissantes chez eux, mais ne disposent apparemment d'aucun contrôle pour empêcher la sortie d'espèces potentiellement nuisibles hors de leur continent», s'étonne Christoph Kueffer, qui a coordonné ces recherches à l'ETH Zurich, notant que les plantes d'origine australienne sont proposées «massivement» sur Internet.

«Il est urgent pour les autorités mondiales de prendre des mesures, ou pour les grosses plates-formes de e-commerce d'ajuster leurs gammes de produits. La seule façon de contenir les invasions est de limiter le négoce des envahisseurs potentiels», conclut-il.











Le volcan Cotopaxi, situé près de Quito et entré en éruption en août après 138 ans de sommeil, a rejeté jeudi une imposante colonne de cendres de 2 kilomètres de haut, a annoncé le ministère équatorien de la Coordination de la sécurité. 

Le ciel autour du « volcan était dégagé, ce qui a permis de voir des émissions de vapeur et de gaz chargées de cendres, qui ont atteint jusqu'à 2.000 mètres au dessus du cratère », a indiqué le ministère. 

La colonne de cendres, retombées sur des localités proches du volcan, était visible de la capitale, à 45 km au nord du Cotopaxi, qui culmine à 5.897 mètres et est considéré comme l'un des volcans les plus dangereux du monde. 

Le ministère a averti sur son compte Twitter que des cendres pourraient également retomber sur le sud de Quito et a rappelé que l'alerte jaune - deuxième niveau sur une échelle de quatre - était maintenue. 

Le gouvernement a décrété l'état d'exception à la suite du réveil le 14 août du Cotopaxi, l'un des huit volcans actifs du pays. Cette mesure lui permet de mobiliser des fonds ainsi que l'armée, et d'exercer une censure sur les informations relatives à l'activité du volcan. 

Des exercices d'évacuation de la population sont organisés depuis plusieurs semaines et des voies prioritaires ont été tracées à la peinture verte sur les routes de ce secteur très urbanisé. 

Le Cotopaxi, qui n'avait pas connu de véritable éruption depuis 1877 même s'il restait actif, est considéré par les scientifiques comme l'un des volcans les plus dangereux au monde en raison de la grande quantité de neige présente à son sommet et de l'importante population vivant à proximité. 

Selon les autorités, quelque 325.000 personnes pourraient être affectées par des avalanches et des coulées de boue potentiellement dérivées de cette éruption, qui pourrait entraîner aussi des inondations avec la montée des eaux des nombreux cours environnants.

Source © 7/7






Parmi les nombreuses activités pratiquées dans la forêt de Fontainebleau, il en est une dont vous ne soupçonnez sans doute pas les ravages qu'elle provoque sur la faune : l'équitation !

En effet, certaines molécules antiparasitaires utilisées pour traiter les chevaux ont des propriétés pesticides susceptible d'affecter une faune dite "non-cible" et notamment les bousiers. Une toxicité mal connue et mal évaluée qui, en raison de la sensibilité de certaines espèces de coléoptères, a nécessité des dispositions spéciales liées au classement de la domaniale au titre de Natura 2000.

Le territoire de la Réserve Biosphère de Fontainebleau, dans le sud de la région Ile-de-France, est le lieu d’accueil de plus de 3 000 chevaux chez plusieurs dizaines d’entreprises (éleveurs, hippodromes, écuries…). C'est aussi un territoire très important pour les insectes. En effet,  312 des espèces qui y sont présentes sont protégées ou figurent sur une liste rouge. Parmi elles, on trouve notamment une trentaine d’espèces de lépidoptères (papillons) et de nombreux coléoptères (3500 espèces) ont également été recensés dont 88 sont des espèces menacées en Ile-de-France et figurent sur la
liste rouge de l’UICN (ARBFG, 2009).

Vous ne le savez peut être pas mais les chevaux d'élevage sont sujets au parasitisme et ce, d'autant plus que leur confinement et un mode de vie si différent de leur milieu d'origine conduisent à une infestation quasi constante. On en distingue deux types :  les parasites externes (mouches, taons, moustiques et tiques) qui, comme pour nous, peuvent provoquer  outre l'agacement, des démangeaisons et maladies (notamment maladie de Lyme) et, les parasites internes sont des vers dont il existe des dizaines d'espèces (strongles, ascaris, anguillules...) Contre ces parasites internes, les chevaux sont traités avec des vermifuges puissants (il s'agit en fait de "vermicides" qui tuent les adultes mais pas les œufs) car l'infestation peut être fatale en cas de non traitement.

Du coup, les traitements préventifs des chevaux contre les vers sont quasiment devenus systématiques. En France, un cheval sur deux reçoit un traitement sans avis vétérinaire (Micoud, 2012). L'usage de ces médicaments est tellement répandu que l'on observe un développement préoccupant de résistances : les  molécules perdent de leur efficacité. 

Les médicaments strictement "vermifuges", qui tuent les parasites internes (donc des vers), ont peu de propriétés insecticides. 

En revanche, les molécules "endectocides" (littéralement "qui tuent à l'intérieur et à l'extérieur", c'est-à-dire les parasites internes et externes), beaucoup plus utilisées, ont des propriétés insecticides. Ils sont neurotoxiques pour les parasites externes, mais aussi pour les mouches, les papillons, les coléoptères, etc. car les insectes ont tous le même système nerveux. Ces molécules appartiennent aux familles des Avermectines et des Milbemycines, et leurs représentants les plus connus sont l'Ivermectine et la Moxidectine. Sur notre territoire, ces molécules représentent 72% des traitements administrés aux chevaux.

Vous voyez où l'on veut en venir ?! Ces molécules toxiques peuvent se retrouver dans l'environnement.

Les processus par lesquels ces molécules endectocides sont métabolisées et stockées dans l'organisme de l'animal sont complexes mais on sait maintenant qu'elles sont rejetées dans l'environnement en continu, pendant un certains temps, par les urines, des crottins et les poils de l'animal. Les études montrent par ailleurs que c'est bien la molécule-mère entière qui est rejetée, et qu'elle n'a pas été dégradée lors de la métabolisation.

Les crottins des chevaux, facilement minéralisables, attirent les insectes coprophages (bousiers, mais aussi mouches...) qui s'en nourrissent, vivent dedans, etc. Ils les dilacèrent et les enfouissent dans le sol. Ce faisant, ils enrichissent le sol et accroissent sa capacité à être végétalisé. Ils transportent également sur eux des bactéries et des champignons du sol, participant ainsi de la vie du sol et de la surface. 

La molécule se retrouve dans le crottin pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines après l'administration du médicament au cheval, et une fois au sol, le crottin reste toxique également pendant plusieurs jours (l'Ivermectine est sensible aux UV à condition d'y être directement exposée). Les insectes coprophages, mais aussi indirectement l'ensemble des insectes du milieu fréquenté par les chevaux et leurs prédateurs peuvent donc être exposés à ces molécules toxiques.

Si des études en laboratoire, mettant directement l'insecte en présence de la molécule, ont montré que cette toxicité agit surtout sur les insectes à l'état larvaire (avec un effet létal) et au stade jeune adulte  qui voit sa croissance ralentie (condamnant sa capacité à se reproduire), qu'en est-il des effets de ces molécules telles qu'elles sont utilisées, après avoir été métabolisées par l'organisme du cheval, et qui se retrouvent dans l'environnement naturel ?

Si les DOCOB (Documents d'objectifs) de la forêt de Fontainebleau (mis à jour en 2013) en préconisent l'interdiction, on peut s'interroger sur comment organiser un traitement antiparasitaire des chevaux garantissant à la fois leur santé et la préservation des milieux naturels et des espèces de l'écosystème ? Une question à laquelle s'est attaquée Marion Micou en 2012 (voir plus bas) dont les travaux ont été suivis par la Réserve MAB. En attendant, plusieurs propriétaires privés rencontrés dans le Pays de Fontainebleau ne semblaient pas informés du sujet...

Source © La Tribune libre de Bleau
Le tribunal correctionnel de Brive (Limousin) vient de donner raison à l'ONG Générations Futures et des riverains qui avaient porté plainte en octobre 2011 pour des manquements à la réglementation lors des épandages aériens d'insecticides réalisés sur des châtaigneraies, à la fin de l'été dans le Limousin.

Cette plainte a abouti le 25 juin 2015 au procès devant ce tribunal. Les plaignants dont un apiculteur, dénonçaient des traitements réalisés sur certaines communes "ne bénéficiant d'aucune autorisation". Les épandages utilisés contre le carpocapse, ravageur de châtaigniers, avaient obtenu une dérogation du préfet de Corrèze (19), sur douze communes pour une période comprise entre le 15 août et le 5 septembre 2011. Les pulvérisations n'auraient pas non plus respecté l'obligation de distance minimale des habitations (50 m), "tout comme l'information obligatoire ou le balisage de la zone et des accès à la zone traitée", selon les plaignants.

"Une première en France"

Selon Générations Futures, le tribunal correctionnel de Brive, "après moult péripéties judiciaires", vient de condamner le donneur d'ordre à 5.000 € d'amende assorti de sursis. Le tribunal a déclaré recevable la constitution de partie civile de l'ensemble des plaignants, "reconnaissant ainsi leur préjudice lié à leur qualité de victime".

"C'est la première fois que des riverains sont reconnus par la justice pénale comme victimes", s'est félicité Stéphane Cottineau, l'avocat des plaignants. "La justice veille aujourd'hui au respect de la réglementation en matière d'épandage de pesticides agricoles. Dorénavant la législation doit être respectée, sous peine de sanctions pénales", a-t-il poursuivi.

L'avocat des mis en accusation a indiqué aux plaignants qu'ils ne comptaient pas faire appel du jugement, selon Générations Futures.

Source © Actu-Environnement / Rachida Boughriet: 


Avec l'inauguration de la réserve biologique intégrale d'Assan, les Hautes-Alpes développent leur contribution au réseau des espaces protégés du département et de la région.

Le 3 octobre 2015, sur invitation de Christian Grossan, maire de Ceillac, et de Bernard Leterrier, maire de Guillestre, a eu lieu l'inauguration de la réserve biologique intégrale (RBI) d'Assan.

Cette réserve de 1.032 ha repose sur les forêts communales de Ceillac (680 ha) et Guillestre (350 ha). Elle s'étale de 1050 m à 2600 m d'altitude et abrite un riche complexe d'habitats et d'espèces typiques des Alpes internes, avec en particulier des peuplements matures de pineraie de Pin sylvestre qui en font un site unique au sein du réseau national des RBI. La réserve d'Assan est entièrement incluse dans le Parc naturel régional du Queyras.

Un peu plus de trente personnes représentant les élus locaux, le PNR, le monde scientifique et associatif ont participé à une visite commentée par les personnels de l'unité territoriale ONF en charge de la RBI. Les médias locaux ont largement couvert l'événement, avec à la clé de nombreux reportages dans la presse et les journaux télévisés.

MM. les maires et Christian Massa (responsable de l'unité territoriale ONF de Guillestre) ont rappelé combien la naissance de cette réserve fut longue et parfois difficile, pour passer au-delà de certaines réticences face à ce projet sans précédent pour les municipalités. Dorénavant, les deux maires souhaitent que la RBI devienne un outil pédagogique à destination des habitants locaux, des enfants et des vacanciers, et qu'elle soit le catalyseur d'une coopération renforcée entre le Parc naturel régional du Queyras et l'ONF.

Avec les réserves d'Assan, du Chapitre Petit Buëch, des gorges de la Méouge, du bois des Ayes, des Deslioures et du Revuaire, les forêts des Hautes-Alpes comptent pas moins de six réserves biologiques, part importante du réseau d'espaces protégés du département et de la région.

Source © ONF - Office National des Forêts 
Le réchauffement climatique des dernières décennies s’est accompagné d’une augmentation de la biodiversité taxonomique du plancton végétal et animal de l’océan Atlantique Nord et d’une diminution de la taille moyenne de ces organismes. 

Ces résultats ont été obtenus par un chercheur du Laboratoire d’océanologie et de géosciences (CNRS/Université Lille 1/Université du Littoral-Cote d’Opale, Wimereux) en association avec la Sir Alister Hardy Foundation for Ocean Science (Plymouth) et le Laboratoire d’Océanologie de Villefranche (CNRS/Université Pierre et Marie Curie). 

Les chercheurs montrent que cette modification structurelle des systèmes biologiques pourrait entraîner une altération du puits de carbone en Atlantique Nord et une diminution de la présence des poissons subarctiques tels que la morue. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue des comptes rendus de l’académie nationale des sciences des Etats-Unis (PNAS).

Aujourd’hui, les observations indiquent que 84% du réchauffement du système planétaire a eu lieu dans les océans. 

De nombreux résultats attestent déjà d’une réponse des organismes marins vis-à-vis de cette augmentation de température. Cependant, peu d’études ont été conduites sur les conséquences du changement climatique global sur l’évolution de la biodiversité marine à grandes échelles spatiales.

Le programme Continuous Plankton Recorder basé à Plymouth en Angleterre suit tous les mois, depuis 1946, la présence et l’abondance de près de 450 espèces planctoniques dans l’océan Atlantique Nord. 

L’équipe dirigée par Grégory Beaugrand du Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences (CNRS/Université Lille 1/Université du Littoral-Côte d’Opale, Wimereux) a analysé les 97 millions de données issues de ce programme. Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à la diversité taxonomique (1) de certains groupes clés de phytoplancton, les dinoflagellés et les diatomées, et de zooplancton, les copépodes qui assurent le transfert entre les producteurs primaires (le plancton végétal) et les niveaux trophiques supérieurs. 

Leurs analyses révèlent pour la première fois que le réchauffement des températures s’est accompagné d’une augmentation de la biodiversité de ces groupes planctoniques dans l’océan Atlantique Nord et d’une diminution de 25 à 33% de la taille moyenne des copépodes, dont une centaine d’espèces peuple cette partie de l’océan. La taille de ces organismes est en effet passée d’une moyenne de 3-4 mm à 2-3 mm dans certaines régions situées à la limite entre les systèmes tempérés et polaires.

Les chercheurs se sont alors intéressés aux conséquences de cette évolution surprenante. Ils ont ainsi montré que la diminution de la taille moyenne des copépodes, qui assure le transfert du dioxyde de carbone atmosphérique depuis la surface jusqu’au fond des océans à travers la chaîne alimentaire, pourrait induire une diminution, non encore quantifiable, du piégeage du carbone atmosphérique par l’océan Atlantique Nord, lequel contribue pour un quart au prélèvement total du carbone atmosphérique par l’océan mondial. 

Cet affaiblissement du puits de carbone dans l’océan Atlantique Nord viendrait alors s’ajouter à celui prévu par les modèles biogéochimiques, à savoir que l’augmentation de la température accroîtra la stratification thermique de la colonne d’eau (2), ce qui rendra plus difficile l’arrivée des sels nutritifs depuis les couches profondes jusqu’à la surface et finalement provoquera une diminution de la productivité marine. 

Ils ont également mis en évidence une circulation plus rapide du carbone biogénique, d’organismes à organismes à l’intérieur du réseau trophique, traduisant une augmentation du métabolisme de l’écosystème, ce qui est tout à fait cohérent avec le fait que plus un organisme est petit, plus il se développe et meurt rapidement.

Enfin, en utilisant les données issues de modèles permettant d’évaluer la probabilité de présence des morues en fonction des caractéristiques de leur environnement, ils ont trouvé une relation inverse entre la diversité taxonomique du zooplancton et la probabilité de présence des morues. Ainsi, l’augmentation de la diversité du zooplancton et la diminution de sa taille se traduirait par une diminution de la présence des morues en Atlantique Nord, un phénomène qui amplifierait l’effet de la surexploitation par la pêche de ce poisson subarctique.

Cette étude révèle ainsi qu’une augmentation de la biodiversité taxonomique, souvent vue comme avantageuse au sens large du fonctionnement écosystémique, pourrait, si elle est généralisable à l’ensemble de l’océan mondial, altérer temporairement certaines fonctions importantes pour l’homme, telles que la régulation du dioxyde de carbone et l’exploitation des ressources marines. 

Cette augmentation, jamais constatée à une aussi grande échelle spatiale, constitue l’empreinte d’un bouleversement structurel profond des systèmes biologiques en Atlantique Nord en réponse à l’augmentation des températures.


Notes :
(1) Les chercheurs ont mesuré cette diversité en utilisant des indicateurs basés pour les uns sur le nombre d’espèces et pour les autres sur leur abondance relative.
(2) L’océan est stratifié en couches thermiques qui sont de plus en plus froides quand on va de la surface en profondeur. Suite au réchauffement climatique la température augmente en surface et accentue la différence de température entre couches profondes et de surface.
Références :
Beaugrand G, Edwards M, Legendre L (2010) Marine biodiversity, ecosystem functioning and carbon cycles. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, doi/10.1073/pnas.0913855107.


Source: communiqué de presse du CNRS


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Quelque 3 300 décès supplémentaires ont été enregistrés lors des « trois épisodes caniculaires » observés en France durant l’été 2015, a annoncé, vendredi 9 octobre, l’Institut de veille sanitaire (InVS), soit une hausse de la mortalité de 6,5 % sur la période allant du 29 juin au 9 août.

L’InVS a relevé une hausse de la mortalité pour les pathologies en lien avec la chaleur – hyperthermie ou coup de chaleur, déshydratation et hyponatrémie (trop faible concentration de sel de sodium dans le sang) – « dans toutes les régions » touchées par les fortes chaleurs.

Impact « important » sur le système de soin

L’Institut ajoute toutefois que durant « ces trois épisodes caniculaires, les excès de mortalité estimés ne peuvent être imputés entièrement à la chaleur ». Et « il n’est pas possible à ce jour » d’évaluer précisément la part imputable aux grandes chaleurs dans les morts supplémentaires.

La canicule a eu un impact « important » sur le système de soin, note par ailleurs l’organisme, qui a enregistré « une augmentation des recours aux soins d’urgence pour pathologies liées à la chaleur ».

La grande canicule d’août 2003 avait entraîné 15 000 décès supplémentaires, soit une augmentation de 55 % par rapport à la moyenne des décès à cette période, hors canicule.

A quelles températures peut-on parler de « canicule » ?

Par définition, on parle de canicule lorsque les températures observées sont élevées jour et nuit pendant trois jours d’affilée. « Plus il fait chaud le jour, plus on fatigue. Plus il fait chaud la nuit, moins on récupère », explique Météo France.

L’organisme météorologique a déterminé des seuils d’alerte à partir de trente années de données quotidiennes de mortalité et de différents indicateurs météorologiques. Il les compare à des indicateurs biométéorologiques calculés à partir des températures minimales et maximales quotidiennes, en fonction de ses prévisions.

Les diverses régions de France étant plus ou moins habituées et donc adaptées à la chaleur, les seuils d’alertes ne sont pas les mêmes partout. 

Ainsi, Météo France estime que la canicule sera avérée dans les Deux-Sèvres lorsque des températures minimales de 35 °C le jour et 20 °C la nuit seront observées. La Haute-Loire, elle, sera considérée en canicule lorsque les températures dépasseront 32 °C le jour et 18 °C la nuit. A Paris, ces seuils sont de 31 °C le jour et 21 °C la nuit, ou encore à Marseille de 35 °C le jour et 24 °C la nuit.






Le Rapport sur les catastrophes dans le monde est une publication annuelle indépendante produite pour le compte de la FICR qui offre des informations et des analyses factuelles sur les défis, tendances et innovations en matière de réduction des risques et de gestion des crises. 

Il apporte une contribution majeure à la recherche en relation avec les discussions tenues en 2015 à Sendai dans le cadre de la Conférence mondiale des Nations unies sur la réduction des risques liés aux catastrophes ainsi qu'avec les Objectifs du développement durable.

Principales statistiques sur les catastrophes naturelles dans le monde en 2014

317 catastrophes naturelles ont été recensées en 2014 dans 94 pays, selon le Centre de recherche sur l'épidémiologie des catastrophes (CRED). C'est le chiffre le plus bas de la décennie (17% sous la moyenne).

Près de 107 millions de personnes ont été affectées par des catastrophes en 2014, un chiffre en augmentation par rapport à l'année précédente. Il ne fait guère de doute que le changement climatique entraînera une augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes et du nombre de personnes affectées.

En 2014, les catastrophes ont fait 8 186 morts à travers le monde, ce qui représente une mortalité inférieure de près de 90% à la moyenne de la décennie. 2014 a aussi été l'année affichant la plus faible mortalité depuis 1986 (7 303). Toutefois, le bilan en vies humaines de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest (8 600) est nettement supérieur à celui de l'ensemble des catastrophes naturelles pour 2014.

En 2014, 48% des catastrophes se sont produites en Asie, où on a également enregistré plus de 85% du total des morts et 86% du total des personnes affectées. Cette hausse de la mortalité en Asie coïncide avec une baisse de la mortalité dans les Amériques (8% du total contre 25% en moyenne).

La Chine a été le pays le plus durement touché, sécheresse, tempêtes et inondations ayant affecté plus de 58 millions d'habitants au total. En août 2014, un tremblement de terre a fait 731 morts, le bilan le plus dramatique de l'année pour une seule catastrophe naturelle.

En 2014, 87% des catastrophes ont été liées au climat. Cela confirme une tendance sur deux décennies qui voit le nombre des catastrophes liées au climat excéder celui des catastrophes géophysiques dans les dix pays du monde les plus touchés.

Inondations et glissements de terrain ont représenté 49% des catastrophes en 2014 et compté pour 63% du total des morts et 34% des personnes affectées, les inondations en Inde, au Pakistan et dans les Balkans figurant parmi les plus dramatiques. La sécheresse a compté pour 39% du nombre total des personnes affectées par des catastrophes.

En 2014, les pertes économiques ont été estimées à 99,2 milliards de dollars des Etats-Unis, un bilan nettement inférieur à la moyenne de 147 milliards sur les dix dernières années. Les inondations dans le Jammu-et-Cachemire et le cyclone Hududh en Inde ont été les catastrophes les plus coûteuses, à hauteur de 16 milliards de dollars des Etats-Unis chacune. Pour la première fois depuis 1980, on a toutefois enregistré une baisse consécutive sur trois ans des pertes économiques liées aux catastrophes.

Source © FICR

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