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vendredi 14 octobre 2011
PESTICIDES, BPA, PHTALATES: Nos fleuves européens en regorgent

La liste des produits chimiques présents dans les eaux européennes doit être immédiatement remise à jour, alertent les scientifiques qui constatent, après analyse des niveaux de 500 substances chimiques présentes dans les bassins des quatre principaux fleuves européens, une pollution par les pesticides bien plus importante qu’on ne le supposait. Un état des lieux alarmant publié dans la revue "Science of The Total Environment."

Ces scientifiques ont analysé les niveaux de 500 substances organiques dans les bassins des 4 principaux fleuves européens. Ils révèlent que 38% de ces produits chimiques sont présents à des concentrations qui pourraient avoir un effet sur les organismes. La contamination par des produits chimiques organiques est un problème maintenant présent partout en Europe. La plupart des substances classées comme à risque étaient des pesticides, dont la majorité ne figure pas sur la liste européenne des substances prioritaires qui doivent être contrôlées régulièrement, expliquent ces chercheurs. Ils appellent donc à une révision urgente de la liste des produits chimiques sous surveillance visés par la directive européenne.

L'objectif de la directive européenne sur l'eau (EU Water Framework Directive) est que l'eau de surface et souterraine atteigne un niveau correct de qualité « écologique et chimique » en 2015, l'état chimique étant évalué en fonction d'une liste de 33 polluants dits prioritaires.

Les auteurs estiment que plus de 14 millions de produits chimiques sont sur le marché et plus de 100.000 d'entre eux sont produits à l’échelle industrielle, en conséquence, les autorités ont du réduire leur surveillance à un nombre beaucoup plus limité de polluants.

La première étude à classer les polluants organiques sur le critère de nécessité d'une action. Les scientifiques du Centre Helmholtz de recherche environnementale (UFZ) en collaboration avec des collègues en France, en Slovaquie, en Belgique et en Espagne ont analysé une base de données compilées comportant 5 millions d'enregistrements sur les données physico-chimiques. Leur étude a porté sur les polluants organiques identifiés dans plus de 750.000 analyses de l'eau des bassins de l'Elbe (République Tchèque / Allemagne), du Danube (qui traverse 10 pays européens voisins), de l'Escaut (Belgique) et des rivières de Llobregat (Espagne). Selon la Commission européenne, cette étude est la première à développer un classement des polluants organiques sur le critère de nécessité d'une action.

Les substances les plus couramment identifiées: L'un des composés les plus fréquemment rencontré est le diéthylhexyl phtalate (DEHP), un phtalate très toxique, perturbateur endocrinien, utilisé comme adoucisseur, qui sera interdit dans l'UE à partir de 2015. Vient ensuite le bisphénol A (BPA), un autre fameux perturbateur endocrinien puis le diclofénac et l'ibuprofène, deux substances pharmaceutiques utilisées couramment dans les analgésiques. Au total, ce sont 73 composés identifiés par ces scientifiques comme polluants à surveiller en priorité. Deux tiers d'entre eux sont des pesticides, provenant de l’agriculture. Parmi les pesticides identifiés les plus problématiques, le diazinon, déjà interdit en Allemagne et en Autriche, l'azoxystrobine et la terbuthylazine, toujours autorisés en Europe centrale.

"Aucun de ces pesticides n’est sur la liste des 33 polluants prioritaires, qui doivent être surveillés par les autorités dans toute l'UE», explique le Dr Peter von der Ohe, chercheur à l’UFZ. "La terbuthylazine est un composé structurellement lié aux polluants simazine et atrazine, dont l’usage est interdit. C'est un exemple de la manière dont de petites modifications structurelles peuvent apparemment améliorer l'état chimique, sans atténuer pour autant les risques pour les écosystèmes aquatiques". Aujourd'hui, la majorité des substances présentes n’est pas répertoriée, alors que de produits chimiques ont été interdits et ne sont plus utilisés. «La Directive Cadre européenne sur l'Eau devrait s'assurer à l'avenir, non seulement de répertorier les substances chimiques présentes, mais aussi de surveiller leurs effets».

Les autorités européennes portent trop peu d'attention aux pesticides et la liste des polluants prioritaires doit être révisée, concluent ces scientifiques.

Source: Sci. Total Environ.



QUALITE DE L’EAU EN FRANCE : UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE

Le WWF France a réalisé depuis trois ans une enquête approfondie du dispositif français d’analyse de la qualité des eaux souterraines et de surface ainsi que de l’exploitation qui en est faite dans les rapports officiels.

Le bilan de ces investigations est accablant : les protocoles de mesure de la qualité de l’eau ont, à plusieurs reprises, été profondément édulcorés depuis une dizaine d’années. Ils sont entachés de nombreux biais qui conduisent à sous estimer très gravement l’ampleur de la pollution des rivières et des nappes phréatiques.


Pour Hélène Roche, présidente du Comité Scientifique du WWF France, spécialiste au CNRS de l’évaluation des effets des substances chimiques dans les écosystèmes aquatiques, « on va ainsi pouvoir officiellement déclarer que certaines rivières sont « en bon état chimique » alors qu’elles sont contaminées par des substances dont les protocoles de mesures sont mal codifiés ou par des molécules qui ne sont tout simplement pas prises en compte – les PCB par exemple. Les rivières seraient donc officiellement en bon état alors qu’une contamination importante menace les espèces aquatiques et la biodiversité. Avec une telle sous-évaluation de la situation, on ne s’étonnera pas qu’un certain nombre d’espèces très sensibles aux polluants chimiques, comme les batraciens, figurent parmi les espèces aquatiques les plus menacées ».

Une surveillance biaisée

Le WWF France soulève trois problèmes majeurs à l’origine d’une surveillance biaisée des eaux superficielles et souterraines :

  • la dramatique insuffisance du nombre de substances toxiques recherchées dans l’eau
  • des protocoles de mesure inadaptés, en particulier pour les micropolluants chimiques ;
  • des méthodes d’analyse des données impropres à décrire l’état réel des eaux superficielles et souterraines.

La France a fait le choix d’une approche minimaliste de ses obligations réglementaires et non d’une approche « patrimoniale », c’est-à-dire permettant de connaître l’état réel de la ressource. Par exemple, la Directive Cadre sur l’Eau laisse la liberté aux Etats membres de choisir la liste des substances dangereuses surveillées. Sur ce point, la France a constamment minoré le nombre des substances recherchées – tels les pesticides.


Or la pertinence d’une évaluation de la qualité des eaux se mesure à sa capacité à refléter la réalité. « Quand on évacue la prise en compte de la majorité des substances toxiques, en particulier les micropolluants émergents, quand on néglige l’impact des faibles doses de substances dangereuses sur le long terme, quand on évacue la prise en compte des cocktails de substances, quand on se contente de moyennes avec de surcroît trop peu de mesures, quand on mesure avec des limites de quantification trop élevées, etc., on biaise systématiquement les évaluations » explique Cyrille Deshayes, responsable du pôle eaux douces du WWF France.

Le WWF France rend publique la réalité de la situation

Dans l’esprit de la Convention d’Aarhus, le WWF France ouvre, sur le modèle de l’open data, le dossier de l’accès aux données publiques environnementales dans le domaine de l’eau.

Grâce à une étude procédant à une exploitation rigoureuse des données publiques de 2007 et établissant des cartes de contamination, le WWF France fait apparaitre un état fortement dégradé et généralisé des cours d’eau et des nappes phréatiques. Ce qui est d’autant plus inquiétant puisque les données analysées sont elles-mêmes en deçà de la réalité. Le WWF rend ces données publiques en soutenant un site internet rassemblant données, analyses et cartes.

Le coût astronomique de la pollution de l’eau

Le ministère de l’Ecologie vient de chiffrer dans un rapport le coût des pollutions agricoles. Rien que pour les pesticides et les nitrates, le montant s’élève pour les ménages à un minimum compris entre 1 et 1,5 milliards d’euros par an. Si l’on voulait décontaminer les eaux souterraines, il nous en coûterait entre 522 et 847 milliards d’euros. Lorsqu’on sait que ce rapport ne prend en compte que les seules pollutions agricoles, qu’il n’a pas intégré les amendes que la France devra payer pour le non respect des directives européennes et qu’il a été fait à partir d’une évaluation de la qualité de l’eau qui est largement en deçà de la réalité, on ne peut qu’alerter nos concitoyens sur le fait que les pouvoirs publics ne pourront pas faire face à des coûts qui sont véritablement astronomiques.

Il est urgent de disposer de données fiables, indépendantes et transparentes sur l’état réel des eaux.

Ce rapport est téléchargeable ici http://wwf.fr/media/documents/l-etat-des-eaux-derriere-une-information-officielle-deficiente-des-evaluations-et-des-donnees-inquietantes



Sinon "Un nouveau site internet citoyen, "Eau Evolution"
,

Il est dédié à l’analyse de la qualité de l’eau, et révèle une vérité qui dérange. La réglementation et les protocoles de mesure de la qualité de l’eau, profondément modifiés depuis une dizaine d’années, sont entachés de biais innombrables, qui conduisent à minorer très gravement l’ampleur de la pollution des rivières et des nappes phréatiques françaises."


"Trois problèmes majeurs sont à l’origine d’une surveillance biaisée des eaux superficielles et souterraines :
  • La dramatique insuffisance du nombre de substances toxiques recherchées dans l’eau.
  • La faiblesse des protocoles de mesure, en particulier pour les micropolluants chimiques.
  • Des méthodes d’évaluation impropres à décrire l’état réel des eaux superficielles et souterraines."

"La France a donc mis en place une surveillance biaisée de la qualité des eaux souterraines et superficielles, dont la qualité est donc beaucoup plus dégradée que ne l’affirment les pouvoirs publics. La pertinence d’une évaluation de la qualité se mesure à sa capacité à refléter la réalité.

Or, quand on évacue la prise en compte de la majorité des substances toxiques, en particulier les micropolluants émergents, quand on néglige l’impact des faibles doses de substances dangereuses sur le long terme, quand on évacue la prise en compte des cocktails de substances, quand on se contente de moyennes avec de surcroît trop peu de mesures, quand on mesure avec des limites de détection trop élevées, etc., on biaise donc systématiquement la pertinence des évaluations."

Eau évolution : Site internet : http://eau-evolution.fr/

  • un objectif : la connaissance de l’état réel des eaux et la mise à disposition les données sur l’eau
  • un outil inédit : des cartes interactives permettant à chacun d’apprécier la qualité des eaux








1 commentaires:

Anonyme a dit…

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