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vendredi 7 février 2014
13:06
La France a détruit, jeudi 6 février, ses stocks d'ivoire illicite jusqu'alors précieusement gardés dans les entrepôts des douanes, les tribunaux de province ou dans les sous-sols des musées.
Elle entend ainsi démontrer sa volonté de lutter contre un trafic international dont l'ampleur menace l'avenir des éléphants d'Afrique centrale et porte atteinte à la sécurité régionale, en fournissant une lucrative source de financement à plusieurs mouvements rebelles.
Les trois tonnes d'ivoire, acheminées au petit matin dans un camion banalisé, ont été concassées en public sur le Champ-de-Mars, à proximité de la tour Eiffel, à Paris en présence du ministre de l'écologie, Philippe Martin et de l'envoyé spécial du chef de l'Etat pour la protection de la planète, Nicolas Hulot. « Nous disons par ce geste que l'ivoire n'a plus de valeur », a déclaré ce dernier.
Les 698 défenses brutes ou travaillées et les 15 357 pièces d'ivoire (statuettes, bijoux…) inventoriées par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont été réduites en granulats qui seront dispersés prochainement dans la fabrication de matériaux de construction. Elles proviennent des saisies réalisées par les douanes depuis l'instauration du moratoire sur le commerce international de l'ivoire en 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).
80 % de la marchandise a été interceptée à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle dans des cargaisons de fret et lors de contrôles de passagers venant d'Afrique et souvent en transit vers l'Asie. Le Cameroun, le Gabon, le Congo et le Nigeria apparaissent parmi les principaux pays de provenance. Parmi les opérations les plus récentes, les douanes citent l'interception en décembre d'un lot de quatre statuettes, d'un poids total de 58 kg, à destination du Vietnam.
Philippe Martin a confirmé que toute nouvelle saisie d'ivoire illégal serait à l'avenir systématiquement détruite. Seuls des échantillons à vocation scientifique ou éducative pourront être conservés et confiés, comme c'est déjà le cas aujourd'hui, à des musées ou à des instituts de recherche. De même, certaines confiscations seront sauvegardées si elles peuvent permettre de faire progresser les enquêtes menées pour identifier les réseaux de trafiquants.
La France est le premier pays européen à détruire son stock d'ivoire. Mais d'autres pays avaient eu recours à cet acte spectaculaire. Le Kenya avait donné l'exemple, quelques mois avant l'instauration du moratoire de 1989, en brûlant 12 tonnes d'ivoire. Plus récemment, en novembre 2013, les Etats-Unis ont broyé 6 tonnes. Puis en décembre, la Chine, qui possède le plus important marché légal d'ivoire et constitue la principale destination pour les trafiquants, a détruit à son tour plus de 6 tonnes entrées clandestinement. Les autorités de Hongkong ont également annoncé qu'elles feraient disparaître 28 tonnes d'ivoire au cours des deux prochaines années.
L'opération française, qui avait été annoncée en marge du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique organisé à Paris début décembre, s'accompagne d'un durcissement des sanctions financières et pénales contre les trafiquants et les acheteurs. Elle intervient à quelques jours de la conférence de Londres sur le commerce des espèces menacées, les 12 et 13 février. Convoquée par le prince Charles et le premier ministre David Cameron, cette nouvelle rencontre internationale doit permettre de conforter les initiatives prises depuis deux ans pour donner un coup d'arrêt au développement de cette criminalité organisée entre l'Afrique et l'Asie.
En février 2012, le massacre de plusieurs centaines d'éléphants dans la région de Bouba N'Djida au nord du Cameroun par des braconniers soudanais avait, par son ampleur, révélé les enjeux de sécurité régionale de la lutte contre le braconnage. Depuis les liens entre les réseaux de contrebande et des groupes rebelles et/ou islamistes se sont confirmés.
41 TONNES SAISIES DANS LE MONDE EN 2013
Le cas de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) en Ouganda, des chebabs somaliens et de plusieurs groupes agissant dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) sont régulièrement cités. Le 30 janvier, dans une résolution portant sur ce dernier pays, le Conseil de sécurité des Nations unies a explicitement condamné la prolifération des armés liée au commerce illégal de faune sauvage et voté la possibilité de sanctions – gel d'avoirs financiers et interdiction de voyager – pour les individus impliqués dans ce trafic.
Dans une résolution adoptée deux jours auparavant sur la République centrafricaine, le Conseil de sécurité demandait aux membres des Nations unies de refuser l'entrée sur leur territoire de toute personne impliquée dans le pillage des ressources naturelles et le braconnage. Des membres de la Séléka sont soupçonnés d'avoir participé à des opérations de braconnage dans le sud-ouest du pays.
Les chiffres les plus récents indiquent que 2013 sera une nouvelle année record dans le commerce illégal de l'ivoire : plus de 41 tonnes ont été saisies à travers le monde. En juin, huit pays ont été désignés par la Cites comme des rouages majeurs de ce trafic : le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie, les Philippines, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam et la Chine.
Source © Laurence Caramel / Le Monde
Elle entend ainsi démontrer sa volonté de lutter contre un trafic international dont l'ampleur menace l'avenir des éléphants d'Afrique centrale et porte atteinte à la sécurité régionale, en fournissant une lucrative source de financement à plusieurs mouvements rebelles.
Les trois tonnes d'ivoire, acheminées au petit matin dans un camion banalisé, ont été concassées en public sur le Champ-de-Mars, à proximité de la tour Eiffel, à Paris en présence du ministre de l'écologie, Philippe Martin et de l'envoyé spécial du chef de l'Etat pour la protection de la planète, Nicolas Hulot. « Nous disons par ce geste que l'ivoire n'a plus de valeur », a déclaré ce dernier.
Les 698 défenses brutes ou travaillées et les 15 357 pièces d'ivoire (statuettes, bijoux…) inventoriées par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont été réduites en granulats qui seront dispersés prochainement dans la fabrication de matériaux de construction. Elles proviennent des saisies réalisées par les douanes depuis l'instauration du moratoire sur le commerce international de l'ivoire en 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).
80 % de la marchandise a été interceptée à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle dans des cargaisons de fret et lors de contrôles de passagers venant d'Afrique et souvent en transit vers l'Asie. Le Cameroun, le Gabon, le Congo et le Nigeria apparaissent parmi les principaux pays de provenance. Parmi les opérations les plus récentes, les douanes citent l'interception en décembre d'un lot de quatre statuettes, d'un poids total de 58 kg, à destination du Vietnam.
Philippe Martin a confirmé que toute nouvelle saisie d'ivoire illégal serait à l'avenir systématiquement détruite. Seuls des échantillons à vocation scientifique ou éducative pourront être conservés et confiés, comme c'est déjà le cas aujourd'hui, à des musées ou à des instituts de recherche. De même, certaines confiscations seront sauvegardées si elles peuvent permettre de faire progresser les enquêtes menées pour identifier les réseaux de trafiquants.
La France est le premier pays européen à détruire son stock d'ivoire. Mais d'autres pays avaient eu recours à cet acte spectaculaire. Le Kenya avait donné l'exemple, quelques mois avant l'instauration du moratoire de 1989, en brûlant 12 tonnes d'ivoire. Plus récemment, en novembre 2013, les Etats-Unis ont broyé 6 tonnes. Puis en décembre, la Chine, qui possède le plus important marché légal d'ivoire et constitue la principale destination pour les trafiquants, a détruit à son tour plus de 6 tonnes entrées clandestinement. Les autorités de Hongkong ont également annoncé qu'elles feraient disparaître 28 tonnes d'ivoire au cours des deux prochaines années.
L'opération française, qui avait été annoncée en marge du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique organisé à Paris début décembre, s'accompagne d'un durcissement des sanctions financières et pénales contre les trafiquants et les acheteurs. Elle intervient à quelques jours de la conférence de Londres sur le commerce des espèces menacées, les 12 et 13 février. Convoquée par le prince Charles et le premier ministre David Cameron, cette nouvelle rencontre internationale doit permettre de conforter les initiatives prises depuis deux ans pour donner un coup d'arrêt au développement de cette criminalité organisée entre l'Afrique et l'Asie.
En février 2012, le massacre de plusieurs centaines d'éléphants dans la région de Bouba N'Djida au nord du Cameroun par des braconniers soudanais avait, par son ampleur, révélé les enjeux de sécurité régionale de la lutte contre le braconnage. Depuis les liens entre les réseaux de contrebande et des groupes rebelles et/ou islamistes se sont confirmés.
41 TONNES SAISIES DANS LE MONDE EN 2013
Le cas de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) en Ouganda, des chebabs somaliens et de plusieurs groupes agissant dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) sont régulièrement cités. Le 30 janvier, dans une résolution portant sur ce dernier pays, le Conseil de sécurité des Nations unies a explicitement condamné la prolifération des armés liée au commerce illégal de faune sauvage et voté la possibilité de sanctions – gel d'avoirs financiers et interdiction de voyager – pour les individus impliqués dans ce trafic.
Dans une résolution adoptée deux jours auparavant sur la République centrafricaine, le Conseil de sécurité demandait aux membres des Nations unies de refuser l'entrée sur leur territoire de toute personne impliquée dans le pillage des ressources naturelles et le braconnage. Des membres de la Séléka sont soupçonnés d'avoir participé à des opérations de braconnage dans le sud-ouest du pays.
Les chiffres les plus récents indiquent que 2013 sera une nouvelle année record dans le commerce illégal de l'ivoire : plus de 41 tonnes ont été saisies à travers le monde. En juin, huit pays ont été désignés par la Cites comme des rouages majeurs de ce trafic : le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie, les Philippines, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam et la Chine.
Source © Laurence Caramel / Le Monde
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