...
jeudi 26 mars 2015
17:32
Nous n'avons plus d'eau et la poussière est partout, se désole Nazar Sarani, dont le village était autrefois une île au coeur d'une biosphère exceptionnelle aujourd'hui asséchée dans le sud-est de l'Iran.
La sécheresse dure depuis sept ans, témoigne le berger de 54 ans, l'un des derniers habitants de Sikhsar, où de vieilles barques en bois rappellent que ce village avait autrefois les pieds dans l'eau.
Avant, il y avait des lacs, des barques et on pêchait, se rappelle Nazar Sarani. Aujourd'hui, nous avons des tempêtes de sable et nous vivons dans la poussière. Il y a 15 ans, Hamoun était la septième zone humide au monde. Elle couvrait jusqu'à 4.000 km2 à cheval entre l'Iran et l'Afghanistan, alimentée par la rivière Helmand qui prend sa source de l'autre côté de la frontière.
Hamoun abritait une faune et une flore diverses, comme les biosphères de Shadegan dans l'ouest de l'Iran et d'Anzali dans le nord. Mais ces zones sont désormais des déserts. La faute au changement climatique, aux pluies moins régulières chaque année, mais aussi à l'action de l'homme et à la mauvaise gestion des ressources par l'administration iranienne.
Selon des chiffres officiels, les barrages iraniens ne sont remplis qu'à 40% de leur capacité et neuf grandes villes dont Téhéran sont menacées par les restrictions d'eau.
La situation est encore plus critique au Sistan-Balouchistan, l'une des régions les plus pauvres et les plus dangereuses du pays. La province, où réside une importante minorité sunnite dans un pays à majorité chiite, est frontalière du Pakistan et de l'Afghanistan.
Mais les barrages construits en Afghanistan ont asséché la région qui reçoit de moins en moins d'eau de pluie. L'économie locale s'est effondrée avec la reconversion forcée des fermiers et pêcheurs, une émigration massive des jeunes hommes vers Zabol, la grande ville la plus proche de Sikhsar, ou d'autres provinces. La pauvreté et la consommation de drogue ont augmenté, comme les problèmes de santé à cause des vents de sable.
- Rouvrir les vannes -
Pour son approvisionnement en eau, Sikhsar dépend désormais des camions-citernes.
La plupart de nos enfants ont quitté le village, pour travailler comme manoeuvre à Yazd, Semnan ou Téhéran. Ceux qui restent vont partir bientôt, témoigne Nazar Sarani.
Comme les autres paysans, il a vu son troupeau de vaches fondre de 100 bêtes à 10 actuellement, et la vente du lait ne suffit plus à nourrir sa famille et payer les études de ses quatre enfants.
Egalement berger, Mohammad Bazi dénonce l'inaction du gouvernement pour forcer l'Afghanistan à rouvrir les vannes. Il doit parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour faire paître ses bêtes. J'ai commencé à tuer mes vaches, puisque le lait ne rapporte plus assez, explique-t-il.
Côté afghan, on estime injuste de rejeter entièrement la faute sur un pays en guerre depuis 1979, et dont la reconstruction prendra du temps. La situation est encore pire de notre côté de la frontière, affirme l'ambassadeur afghan en Iran, Nassir Ahmad-Nour.
Les habitants pointent également la mauvaise gestion des ressources, notamment la part énorme qui revient aux agriculteurs.
Nous avons besoin d'une coopération locale, régionale, et internationale, dit Massoumeh Ebtekar, la vice-présidente iranienne chargée de l'Environnement. Nous travaillons avec le gouvernement afghan afin de protéger nos droits sur l'eau et assurer son transfert vers l'Iran.
Le gouvernement iranien travaille avec les agences de l'ONU présentes en Iran mais la tâche paraît herculéenne.
Toute la région devient plus chaude et plus sèche. Il y a bien sûr le facteur du changement climatique mais le principal problème est la façon de gérer l'eau, explique à l'AFP Gary Lewis, coordinateur des agences des Nations unies en Iran.
De l'autre côté de la frontière, sur 9 milliards de m3 dans les bassins, 8 sont utilisés. Il reste un milliard qui devrait arriver en Iran. Mais une grande partie est utilisée pour l'agriculture et il y a aussi des problèmes de distribution, dit-il.
La responsabilité de l'Afghanistan est réelle et la question doit être examinée par les deux parties au plus haut niveau, estime M. Lewis, alarmé par une situation qui n'est plus durable.
Source ©AFP
La sécheresse dure depuis sept ans, témoigne le berger de 54 ans, l'un des derniers habitants de Sikhsar, où de vieilles barques en bois rappellent que ce village avait autrefois les pieds dans l'eau.
Avant, il y avait des lacs, des barques et on pêchait, se rappelle Nazar Sarani. Aujourd'hui, nous avons des tempêtes de sable et nous vivons dans la poussière. Il y a 15 ans, Hamoun était la septième zone humide au monde. Elle couvrait jusqu'à 4.000 km2 à cheval entre l'Iran et l'Afghanistan, alimentée par la rivière Helmand qui prend sa source de l'autre côté de la frontière.
Hamoun abritait une faune et une flore diverses, comme les biosphères de Shadegan dans l'ouest de l'Iran et d'Anzali dans le nord. Mais ces zones sont désormais des déserts. La faute au changement climatique, aux pluies moins régulières chaque année, mais aussi à l'action de l'homme et à la mauvaise gestion des ressources par l'administration iranienne.
Selon des chiffres officiels, les barrages iraniens ne sont remplis qu'à 40% de leur capacité et neuf grandes villes dont Téhéran sont menacées par les restrictions d'eau.
La situation est encore plus critique au Sistan-Balouchistan, l'une des régions les plus pauvres et les plus dangereuses du pays. La province, où réside une importante minorité sunnite dans un pays à majorité chiite, est frontalière du Pakistan et de l'Afghanistan.
Mais les barrages construits en Afghanistan ont asséché la région qui reçoit de moins en moins d'eau de pluie. L'économie locale s'est effondrée avec la reconversion forcée des fermiers et pêcheurs, une émigration massive des jeunes hommes vers Zabol, la grande ville la plus proche de Sikhsar, ou d'autres provinces. La pauvreté et la consommation de drogue ont augmenté, comme les problèmes de santé à cause des vents de sable.
- Rouvrir les vannes -
Pour son approvisionnement en eau, Sikhsar dépend désormais des camions-citernes.
La plupart de nos enfants ont quitté le village, pour travailler comme manoeuvre à Yazd, Semnan ou Téhéran. Ceux qui restent vont partir bientôt, témoigne Nazar Sarani.
Comme les autres paysans, il a vu son troupeau de vaches fondre de 100 bêtes à 10 actuellement, et la vente du lait ne suffit plus à nourrir sa famille et payer les études de ses quatre enfants.
Egalement berger, Mohammad Bazi dénonce l'inaction du gouvernement pour forcer l'Afghanistan à rouvrir les vannes. Il doit parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour faire paître ses bêtes. J'ai commencé à tuer mes vaches, puisque le lait ne rapporte plus assez, explique-t-il.
Côté afghan, on estime injuste de rejeter entièrement la faute sur un pays en guerre depuis 1979, et dont la reconstruction prendra du temps. La situation est encore pire de notre côté de la frontière, affirme l'ambassadeur afghan en Iran, Nassir Ahmad-Nour.
Les habitants pointent également la mauvaise gestion des ressources, notamment la part énorme qui revient aux agriculteurs.
Nous avons besoin d'une coopération locale, régionale, et internationale, dit Massoumeh Ebtekar, la vice-présidente iranienne chargée de l'Environnement. Nous travaillons avec le gouvernement afghan afin de protéger nos droits sur l'eau et assurer son transfert vers l'Iran.
Le gouvernement iranien travaille avec les agences de l'ONU présentes en Iran mais la tâche paraît herculéenne.
Toute la région devient plus chaude et plus sèche. Il y a bien sûr le facteur du changement climatique mais le principal problème est la façon de gérer l'eau, explique à l'AFP Gary Lewis, coordinateur des agences des Nations unies en Iran.
De l'autre côté de la frontière, sur 9 milliards de m3 dans les bassins, 8 sont utilisés. Il reste un milliard qui devrait arriver en Iran. Mais une grande partie est utilisée pour l'agriculture et il y a aussi des problèmes de distribution, dit-il.
La responsabilité de l'Afghanistan est réelle et la question doit être examinée par les deux parties au plus haut niveau, estime M. Lewis, alarmé par une situation qui n'est plus durable.
Source ©AFP
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