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lundi 20 avril 2015
15:50
Dès 1999, avant même de devenir premier ministre de la Chine, Wen Jiabao avait prévenu que la pénurie d'eau représentait l'une des plus grandes menaces pour la «survie de la nation».
Seize ans plus tard, Wen Jiabao n'est plus chef du gouvernement, mais la menace s'est faite plus pressante. La sécurité énergétique et alimentaire de la Chine est en jeu, et ses choix auront des conséquences sur la région, voire sur le monde entier.
Le problème des ressources hydriques de la Chine, inégalement distribuées, souvent polluées, a été mis en exergue cette semaine à Daegu, en Corée du Sud, à l'occasion du 7e Forum mondial de l'eau.
Une ONG de Hong Kong, China Water Risk, souligne dans un rapport la complexité de l'équation à résoudre par Pékin face à des impératifs contradictoires: gestion des ressources en eau, production énergétique et changement climatique.
«Il n'y a pas de solution unique au noeud eau/énergie/climat», dit ce rapport. «Les choix énergétiques de la Chine ont des conséquences non seulement sur le changement climatique dans le monde, mais aussi sur la disponibilité de l'eau en Asie», ajoute l'ONG.
Compte tenu du contrôle exercé par la Chine sur l'amont de la plus grande partie des fleuves asiatiques, les risques d'assister à des «guerres de l'eau» ne sont pas à prendre à la légère, dit le rapport.
Le vaste plateau tibétain contient peu ou prou les plus grandes réserves d'eau mondiales. C'est de là que partent les 10 plus grands systèmes fluviaux d'Asie, dont l'Indus, le Brahmapoutre et le Mékong.
«Les responsables chinois commencent à dire que la sécurité de l'approvisionnement en eau est prioritaire», dit à l'AFP l'auteure du rapport Debra Tan. «Sans eau, pas de sécurité énergétique et bien sûr, pas de sécurité alimentaire».
En Chine, 93 % de la production énergétique est dépendante de l'eau.
L'agriculture représente entre 65 et 70 % de l'eau utilisée en Chine et l'irrigation est une source de gâchis considérable, en particulier dans les régions septentrionales. En dépit du fait qu'elles figurent parmi les plus arides, on y produit des cultures très gourmandes en eau comme le blé et le maïs.
Pomme de terre Kung Pao
«Il y a même du maïs en Mongolie intérieure, zone incroyablement aride», dit Li Lifeng, directeur du Programme international pour l'eau douce de WWF. «J'ai récemment parlé à un paysan de la région qui a commencé à produire du maïs il y a tout juste trois ans. «Au début, il puisait à trois mètres de profondeur, mais aujourd'hui il en est à 50 mètres».
Les autorités tentent d'inciter les producteurs à la diversification dans ce pays traditionnellement porté sur le riz et le blé. La télévision publique CCTV a ainsi tenté de faire avancer les choses en publiant des recettes pour les pommes de terre Kung Pao.
La soif inextinguible du Nord, aggravée par l'industrie du charbon, a débouché sur un projet pharaonique visant à puiser dans les ressources du Sud pour détourner chaque année quelque 45 milliards de m3 d'eau vers les alentours de Pékin et le nord. La première phase de cet immense programme estimé à 81 milliards de dollars a débuté fin 2014.
Mais pour nombre d'experts, l'ingénierie chinoise, pour monumentale qu'elle soit, ne pourra pas suivre une demande sans cesse croissante. Le remède sera pire que le mal, prévenait récemment une étude récente du journal américain Proceedings of the National Academy of Sciences.
«La Chine doit se concentrer sur la gestion plutôt que sur l'offre de ressources», dit le coauteur de l'étude, Dabo Guan, professeur à l'Université d'East Anglia (Royaume-Uni). «Ce programme n'est rien moins qu'un gaspillage: les problèmes des régions qui manquent d'argent ne sont pas réglés et les régions qui partagent leur eau souffrent», ajoute-t-il.
Depuis plusieurs années, la pluviométrie baisse en Chine méridionale, qui connaît elle aussi des problèmes de sécheresse.
Les autorités tentent de faire face. En 2011, la politique dite des «trois lignes rouges» visait à limiter les quantités consommées et à améliorer la qualité de la distribution et de l'eau elle-même. Une nouvelle loi punit depuis peu les pollueurs alors que d'après les médias officiels, 60 % des nappes phréatiques et plus de la moitié des plus grands lacs d'eau douce sont pollués.
«Avant, les gaspilleurs et les pollueurs ne risquaient pas grand chose. Aujourd'hui, les normes sont plus strictes et le bâton est plus gros», conclut Debra Tan.
Source © AFP
Seize ans plus tard, Wen Jiabao n'est plus chef du gouvernement, mais la menace s'est faite plus pressante. La sécurité énergétique et alimentaire de la Chine est en jeu, et ses choix auront des conséquences sur la région, voire sur le monde entier.
Le problème des ressources hydriques de la Chine, inégalement distribuées, souvent polluées, a été mis en exergue cette semaine à Daegu, en Corée du Sud, à l'occasion du 7e Forum mondial de l'eau.
Une ONG de Hong Kong, China Water Risk, souligne dans un rapport la complexité de l'équation à résoudre par Pékin face à des impératifs contradictoires: gestion des ressources en eau, production énergétique et changement climatique.
«Il n'y a pas de solution unique au noeud eau/énergie/climat», dit ce rapport. «Les choix énergétiques de la Chine ont des conséquences non seulement sur le changement climatique dans le monde, mais aussi sur la disponibilité de l'eau en Asie», ajoute l'ONG.
Compte tenu du contrôle exercé par la Chine sur l'amont de la plus grande partie des fleuves asiatiques, les risques d'assister à des «guerres de l'eau» ne sont pas à prendre à la légère, dit le rapport.
Le vaste plateau tibétain contient peu ou prou les plus grandes réserves d'eau mondiales. C'est de là que partent les 10 plus grands systèmes fluviaux d'Asie, dont l'Indus, le Brahmapoutre et le Mékong.
«Les responsables chinois commencent à dire que la sécurité de l'approvisionnement en eau est prioritaire», dit à l'AFP l'auteure du rapport Debra Tan. «Sans eau, pas de sécurité énergétique et bien sûr, pas de sécurité alimentaire».
En Chine, 93 % de la production énergétique est dépendante de l'eau.
L'agriculture représente entre 65 et 70 % de l'eau utilisée en Chine et l'irrigation est une source de gâchis considérable, en particulier dans les régions septentrionales. En dépit du fait qu'elles figurent parmi les plus arides, on y produit des cultures très gourmandes en eau comme le blé et le maïs.
Pomme de terre Kung Pao
«Il y a même du maïs en Mongolie intérieure, zone incroyablement aride», dit Li Lifeng, directeur du Programme international pour l'eau douce de WWF. «J'ai récemment parlé à un paysan de la région qui a commencé à produire du maïs il y a tout juste trois ans. «Au début, il puisait à trois mètres de profondeur, mais aujourd'hui il en est à 50 mètres».
Les autorités tentent d'inciter les producteurs à la diversification dans ce pays traditionnellement porté sur le riz et le blé. La télévision publique CCTV a ainsi tenté de faire avancer les choses en publiant des recettes pour les pommes de terre Kung Pao.
La soif inextinguible du Nord, aggravée par l'industrie du charbon, a débouché sur un projet pharaonique visant à puiser dans les ressources du Sud pour détourner chaque année quelque 45 milliards de m3 d'eau vers les alentours de Pékin et le nord. La première phase de cet immense programme estimé à 81 milliards de dollars a débuté fin 2014.
Mais pour nombre d'experts, l'ingénierie chinoise, pour monumentale qu'elle soit, ne pourra pas suivre une demande sans cesse croissante. Le remède sera pire que le mal, prévenait récemment une étude récente du journal américain Proceedings of the National Academy of Sciences.
«La Chine doit se concentrer sur la gestion plutôt que sur l'offre de ressources», dit le coauteur de l'étude, Dabo Guan, professeur à l'Université d'East Anglia (Royaume-Uni). «Ce programme n'est rien moins qu'un gaspillage: les problèmes des régions qui manquent d'argent ne sont pas réglés et les régions qui partagent leur eau souffrent», ajoute-t-il.
Depuis plusieurs années, la pluviométrie baisse en Chine méridionale, qui connaît elle aussi des problèmes de sécheresse.
Les autorités tentent de faire face. En 2011, la politique dite des «trois lignes rouges» visait à limiter les quantités consommées et à améliorer la qualité de la distribution et de l'eau elle-même. Une nouvelle loi punit depuis peu les pollueurs alors que d'après les médias officiels, 60 % des nappes phréatiques et plus de la moitié des plus grands lacs d'eau douce sont pollués.
«Avant, les gaspilleurs et les pollueurs ne risquaient pas grand chose. Aujourd'hui, les normes sont plus strictes et le bâton est plus gros», conclut Debra Tan.
Source © AFP
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