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samedi 16 mai 2015
16:00
Dans un climat marqué par de retentissantes affaires de corruption, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a procédé jeudi 14 mai à un remaniement partiel du gouvernement.
Cinq ministres dont ceux de l’intérieur, des finances et de l’énergie en font les frais.
Le départ qui retient le plus l’attention est celui du ministre de l’énergie et des mines, Youcef Yousfi, remplacé par Salah Khebri, PDG de l’Institut algérien du pétrole (IAP) qui a également travaillé pour Sonatrach, la compagnie nationale d’hydrocarbures. Youcef Yousfi, surnommé « l’homme de schiste », s’est retrouvé au cœur d’une crise sans précédent en Algérie opposant les populations du sud au pouvoir central au sujet de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste.
Dans le contexte de déclin de la production d’hydrocarbures conventionnels et d’explosion de la consommation domestique, Youcef Yousfi s’est fait le défenseur de cette énergie dont le potentiel est important en Algérie. Son principal souci a été de convaincre les entreprises étrangères de venir investir : il a pour cela fait changer la loi sur les hydrocarbures afin de pouvoir octroyer des avantages fiscaux aux compagnies. Il a cependant négligé de communiquer sur le sujet à l’intérieur du pays et n’a pas vu venir la montée d’un large mouvement de protestation inquiet par les risques de pollution et les prélèvements sur la ressource en eau nécessaires à l’exploitation des gaz de schiste.
La contestation qui s’exprimait surtout sur les réseaux sociaux a gagné la rue à partir du 31 décembre 2014, lorsque le ministre est venu assister à la fin des travaux de forage du premier puits pilote du gaz de schiste dans l’Ahnet, à In Salah. Les manifestations ont ensuite essaimé dans d’autres villes où le rejet du gaz de schiste exprime également une rancœur à l’égard du pouvoir central. Cette contestation, sans précédent, a poussé le chef de l’Etat à adopter un ton menaçant à l’égard des contestataires ainsi que de l’opposition qui soutenait le mouvement en l’accusant de pratiquer une « politique de la terre brûlée ».
Le nouveau ministre de l’énergie changera-t-il de politique sur cette question ? Une telle évolution semble improbable même si le départ de Youcef Yousfi, devenu la bête noire des contestataires, peut apparaître comme un signal d’apaisement. Le départ du ministre de l’intérieur, Tayeb Belaiz, paraît lui dicté par des impératifs de santé, mais M. Belaiz reste au gouvernement avec le statut de ministre d’Etat et conseiller spécial du président. Il est remplacé par Nourredine Bedoui, qui était ministre de la formation professionnelle. Le ministère des finances change également de main avec le départ de Mohamed Djellab. Abderahmane Benkhelfa, ancien délégué général de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), lui succède.
Bataille de sérail
La ministre de la culture, Nadia Labidi, objet d’une virulente campagne menée par Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (trotskiste) l’accusant d’octroyer des marchés à une entreprise détenue par des proches, quitte aussi le gouvernement. Mme Labidi a déposé plainte pour diffamation contre Louisa Hanoune laquelle s’est dit prête à renoncer à son immunité parlementaire. A Alger, beaucoup expliquent la hargne avec laquelle Mme Hanoune a attaqué Mme Labidi par son amitié avec la précédente ministre de la culture, Khalida Toumi, dont la gestion a été décriée par la Cour des comptes. Une « bataille de sérail », souligne la presse algérienne, qui a défrayé la chronique alors que dans les tribunaux d’Alger et de Blida se déroulaient une série de procès pour corruption pour des affaires devenues emblématiques de l’ère Bouteflika : autoroute Est-Ouest, Khalifa Bank et Sonatrach.
Le ministre des ressources en eau, Hocine Necib, accusé par l’Association de lutte contre la corruption (AACC) d’avoir usé de son pouvoir pour faire attribuer des terres agricoles à des proches quitte également le gouvernement. « L’élagage » ne convainc pas beaucoup en raison du maintien dans le gouvernement du très controversé Amar Ghoul qui ne fait que changer de ministère alors que son nom a été abondamment cité au procès de l’autoroute Est-Ouest. Au cours des audiences, il a été accusé d’avoir empoché un quart des pots-de-vin autour de ce gigantesque chantier, évalué par la presse à 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros). M. Ghoul continue ainsi de bénéficier de la « protection » du président Bouteflika.
Source © Le Monde
Cinq ministres dont ceux de l’intérieur, des finances et de l’énergie en font les frais.
Le départ qui retient le plus l’attention est celui du ministre de l’énergie et des mines, Youcef Yousfi, remplacé par Salah Khebri, PDG de l’Institut algérien du pétrole (IAP) qui a également travaillé pour Sonatrach, la compagnie nationale d’hydrocarbures. Youcef Yousfi, surnommé « l’homme de schiste », s’est retrouvé au cœur d’une crise sans précédent en Algérie opposant les populations du sud au pouvoir central au sujet de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste.
Dans le contexte de déclin de la production d’hydrocarbures conventionnels et d’explosion de la consommation domestique, Youcef Yousfi s’est fait le défenseur de cette énergie dont le potentiel est important en Algérie. Son principal souci a été de convaincre les entreprises étrangères de venir investir : il a pour cela fait changer la loi sur les hydrocarbures afin de pouvoir octroyer des avantages fiscaux aux compagnies. Il a cependant négligé de communiquer sur le sujet à l’intérieur du pays et n’a pas vu venir la montée d’un large mouvement de protestation inquiet par les risques de pollution et les prélèvements sur la ressource en eau nécessaires à l’exploitation des gaz de schiste.
La contestation qui s’exprimait surtout sur les réseaux sociaux a gagné la rue à partir du 31 décembre 2014, lorsque le ministre est venu assister à la fin des travaux de forage du premier puits pilote du gaz de schiste dans l’Ahnet, à In Salah. Les manifestations ont ensuite essaimé dans d’autres villes où le rejet du gaz de schiste exprime également une rancœur à l’égard du pouvoir central. Cette contestation, sans précédent, a poussé le chef de l’Etat à adopter un ton menaçant à l’égard des contestataires ainsi que de l’opposition qui soutenait le mouvement en l’accusant de pratiquer une « politique de la terre brûlée ».
Le nouveau ministre de l’énergie changera-t-il de politique sur cette question ? Une telle évolution semble improbable même si le départ de Youcef Yousfi, devenu la bête noire des contestataires, peut apparaître comme un signal d’apaisement. Le départ du ministre de l’intérieur, Tayeb Belaiz, paraît lui dicté par des impératifs de santé, mais M. Belaiz reste au gouvernement avec le statut de ministre d’Etat et conseiller spécial du président. Il est remplacé par Nourredine Bedoui, qui était ministre de la formation professionnelle. Le ministère des finances change également de main avec le départ de Mohamed Djellab. Abderahmane Benkhelfa, ancien délégué général de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), lui succède.
Bataille de sérail
La ministre de la culture, Nadia Labidi, objet d’une virulente campagne menée par Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (trotskiste) l’accusant d’octroyer des marchés à une entreprise détenue par des proches, quitte aussi le gouvernement. Mme Labidi a déposé plainte pour diffamation contre Louisa Hanoune laquelle s’est dit prête à renoncer à son immunité parlementaire. A Alger, beaucoup expliquent la hargne avec laquelle Mme Hanoune a attaqué Mme Labidi par son amitié avec la précédente ministre de la culture, Khalida Toumi, dont la gestion a été décriée par la Cour des comptes. Une « bataille de sérail », souligne la presse algérienne, qui a défrayé la chronique alors que dans les tribunaux d’Alger et de Blida se déroulaient une série de procès pour corruption pour des affaires devenues emblématiques de l’ère Bouteflika : autoroute Est-Ouest, Khalifa Bank et Sonatrach.
Le ministre des ressources en eau, Hocine Necib, accusé par l’Association de lutte contre la corruption (AACC) d’avoir usé de son pouvoir pour faire attribuer des terres agricoles à des proches quitte également le gouvernement. « L’élagage » ne convainc pas beaucoup en raison du maintien dans le gouvernement du très controversé Amar Ghoul qui ne fait que changer de ministère alors que son nom a été abondamment cité au procès de l’autoroute Est-Ouest. Au cours des audiences, il a été accusé d’avoir empoché un quart des pots-de-vin autour de ce gigantesque chantier, évalué par la presse à 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros). M. Ghoul continue ainsi de bénéficier de la « protection » du président Bouteflika.
Source © Le Monde
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